Nations uniesLe Pakistan brandit le risque nucléaire
ATS
27.9.2019 - 22:05
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a averti l'ONU vendredi du risque que la crise au Cachemire ne conduise à une guerre nucléaire avec l'Inde. Avec des conséquences pour le monde entier.
«Quand le couvre-feu sera levé, ce sera un bain de sang», a-t-il lancé devant l'Assemblée générale de l'ONU. L'Inde maintient la région himalayenne disputée sous une chape de plomb depuis qu'elle a révoqué début août l'autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire qu'elle contrôle.
Alors qu'il n'était autorisé à parler que 15 minutes, son discours enflammé s'est prolongé pendant près d'une heure. Aux abords de l'ONU, plusieurs milliers de manifestants s'étaient réunis, les uns soutenant la politique indienne, les autres la dénonçant.
«Liberté pour le Cachemire, fin du siège», pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants pro-Pakistan. Du côté des soutiens du Premier ministre indien Narendra Modi, elles soulignaient sa qualité de «visionnaire».
New Delhi a imposé un intense déploiement sécuritaire, coupé les communications et restreint les déplacements, tout en arrêtant ou en plaçant en résidence surveillée de nombreuses personnes.
900'000 soldats sur place
«Il y a 900'000 soldats sur place, ils ne sont pas venus, pour citer Narendra Modi, pour la prospérité du Cachemire. Ces 900'000 soldats, que vont-ils faire?«, a demandé Imran Khan. «Il y aura un bain de sang», a-t-il insisté.
L'Inde n'a pas dit combien de militaires se trouvaient au Cachemire. Le chiffre évoqué par Imran Khan, s'il est confirmé, équivaudrait à deux tiers de l'armée indienne.
«Tout peut arriver»
Le chef du gouvernement pakistanais a dit redouter de nouveaux affrontements entre les deux puissances nucléaires rivales si l'Inde mettait en cause le Pakistan pour d'éventuelles attaques de groupes locaux, en réponse à la répression dans ce territoire à majorité musulmane.
«Si une guerre conventionnelle commence entre nos deux pays, tout peut arriver», a-t-il prévenu, tout en soulignant que le Pakistan, «sept fois plus petit que son voisin», aurait un choix difficile: «soit la reddition, soit la lutte pour la liberté jusqu'à la mort».
«Nous nous battrons», «et quand un pays nucléaire se bat jusqu'au bout, cela peut avoir des conséquences bien au-delà de ses frontières», a-t-il mis en garde. «Cela peut avoir des conséquences pour le monde entier et c'est pour cela, je vous le répète, que je suis venu vous alerter, pas pour proférer des menaces».
«Message de paix»
Son homologue indien Narendra Modi avait pris la parole peu avant lui, sans évoquer la question explosive du Cachemire. Il a toutefois assuré que son pays, porteur d'un «message de paix», voulait «mettre en garde le monde contre des réseaux terroristes», dans une apparente allusion à Islamabad qu'il accuse régulièrement de soutenir des groupes extrémistes.
Vendredi, les forces de sécurité indiennes avaient durci les restrictions de circulation au Cachemire, craignant des manifestations à l'occasion des discours prononcés par l'Inde et le Pakistan à l'ONU.
Génération radicalisée
Des barrages de blocs de béton et fil de fer barbelé ont été mis en place un peu partout à Srinagar, principale ville de la région, ainsi que dans d'autres villes de la partie indienne du Cachemire. Selon le Premier ministre pakistanais, les conditions au Cachemire ont radicalisé une nouvelle génération au sein de la population.
Il a assuré qu'il aurait lui-même pris les armes dans leur situation, imaginant ce qu'il aurait pu dire dans ce cas: «Cela fait 55 jours que je suis enfermé, j'ai entendu parler de viols, de soldats indiens pénétrant dans des maisons.» «Vous forcez les gens à la radicalisation», a-t-il lancé à l'intention des autorités indiennes.
Jeudi, les Etats-Unis ont demandé à l'Inde de lever ses restrictions au Cachemire. L'Inde et le Pakistan se sont partagés ce territoire au moment de l'indépendance en 1947, et se sont notamment deux fois fait la guerre pour le contrôle de la région.
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