Santé Le patron de l'OMS défend l'organisation face aux Etats-Unis

sn, ats

3.2.2025 - 11:54

Le directeur général de l'OMS défend son institution contre les accusations des Etats-Unis qui ont mené au retrait annoncé par Donald Trump. Tedros Adhanom Ghebreyesus a démonté lundi à Genève les arguments avancés par le président américain.

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus est revenu sur les quatre arguments avancés par Donald Trump pour justifier un retrait des Etats-Unis dans un an de l'institution à Genève (archives).
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus est revenu sur les quatre arguments avancés par Donald Trump pour justifier un retrait des Etats-Unis dans un an de l'institution à Genève (archives).
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Keystone-SDA, sn, ats

«Nous regrettons la décision et nous espérons qu'elle sera reconsidérée», a répété le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au début du Conseil exécutif de l'institution. Il souhaite un «dialogue constructif» avec ce partenaire important pour la santé mondiale.

Les Etats-Unis alimentent environ 18% du financement de l'organisation. Le Conseil exécutif, qui rassemble 34 des 194 Etats membres et dans lequel la Suisse est actuellement vice-présidente, doit se pencher cette semaine sur le budget de l'OMS pour 2026 et 2027.

Le projet prévoit une enveloppe de plus de 7,4 milliards de dollars, soit près de 640 millions en plus par rapport à 2024 et 2025. Mais la décision américaine de retrait, qui entrera en vigueur en janvier 2026, pourrait pousser les Etats membres à ajuster vers le bas ce montant.

Le Conseil doit aussi approuver une nouvelle augmentation de 20% des contributions obligatoires, calculées sur le poids économique de chaque pays. Objectif, ce volet doit peser 50% du financement de l'OMS d'ici 2030.

Large réforme

De quoi diminuer la dépendance à quelques donateurs, a répété lundi M. Tedros qui a appelé les Etats membres à valider l'extension des contributions obligatoires. Un moyen de répondre aussi au président américain qui estime que son pays paie trop par rapport à d'autres.

Parmi ses autres reproches, Washington accuse l'organisation de ne pas se réformer assez rapidement. Ces dernières années ont vu «la plus importante et plus large» vague de changements, rétorque M. Tedros.

Et 85 de 97 recommandations ont été appliquées au niveau du secrétariat. Pour autant, le directeur général dit «croire en des améliorations permanentes» et reste ouvert aux suggestions des Etats-Unis et des autres Etats membres.

Depuis la pandémie liée au coronavirus, le président américain accuse aussi l'organisation de mauvaise gestion. Face aux problèmes et aux «défis» observés, M. Tedros a rappelé les nombreux instruments lancés depuis, du Fonds contre les pandémies aux centres pour accélérer la fabrication de vaccins ou autres technologies en Afrique.

Mesures établies récemment

Washington reproche surtout à l'OMS de dépendre de la Chine. Mais le directeur général nie tout lien politique avec certains pays par rapport à d'autres Etats membres. «Nous existons pour aider tous les pays et tous les citoyens» dans le monde, a insisté le directeur général.

Il répond que l'OMS essaie d'assister ses membres à chaque fois qu'elle le peut. Mais l'institution «dit non» lorsque les demandes ne s'appuient pas sur la science, a-t-il affirmé.

Quelques jours après l'annonce américaine, le directeur général avait déjà annoncé de premières mesures pour réduire les coûts dans un e-mail aux collaborateurs. Un gel des embauches, sauf exceptions pour les urgences sanitaires, a été décrété, tout comme l'abandon de changements de matériels ou des voyages internationaux non indispensables.

D'autres mesures devront être prises, selon lui. «Notre objectif principal est de protéger notre atout le plus important, nos collaborateurs», a insisté lundi le directeur général devant des dizaines d'Etats membres.