Marine Le PenElle dénonce la diplomatie «bornée» de Macron
ATS
13.4.2022 - 22:05
La bataille de la présidentielle s'est transposée mercredi sur le terrain de la diplomatie et de l'Europe: Marine Le Pen s'est placée en rupture avec la politique étrangère menée par Emmanuel Macron dont elle dénonce la «vision bornée des relations internationales».
13.04.2022, 22:05
ATS
«Il faut restaurer la place singulière de la France dans le monde», a déclaré la candidate d'extrême droite lors d'une conférence de presse, brièvement interrompue par un collectif de gauche lui reprochant sa «complaisance» avec Vladimir Poutine.
Mme Le Pen a réitéré sa volonté de sortir la France du commandement militaire intégré de l'Otan et plaidé un «rapprochement stratégique» entre l'Alliance et la Russie après la guerre en Ukraine. Elle ne souhaite ni «soumission à Moscou», ni «suivisme à l'égard de l'administration Biden», particulièrement dans la région Asie et Océanie.
Elle a également assuré qu'elle ne «sortirait pas de l'accord de Paris sur le climat». Pour la candidate Rassemblement national (RN), l'objectif était d'asseoir sa stature présidentielle face à M. Macron, fort de l'expérience d'un quinquennat et qui dénonce pour sa part la volonté de Mme Le Pen de sortir de l'UE, sans le dire.
Tensions sur l'UE
Emmanuel Macron a fait de l'Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans. Il a souligné mardi soir à Strasbourg que le second tour le 24 avril sera aussi «un référendum sur l'Europe». Le nationalisme mène à «une alliance de nations qui veulent se faire la guerre» en Europe, a-t-il dit visant sa rivale.
«Le Frexit n'est nullement notre projet. Nous voulons réformer l'Union européenne de l'intérieur», a répliqué Mme Le Pen. Elle a prôné la transformation de l'UE «en une alliance des nations européennes», «une organisation respectueuse des nations libres et souveraines», et non «une Europe qui menace et qui fait du chantage».
Elle a également jugé «inutilement insultants» des propos récents de M. Macron à l'égard de la Pologne, avec laquelle elle a noué des liens.
A l'égard de l'Allemagne, dont elle a fustigé la politique anti-nucléaire, Mme Le Pen dit prendre acte de «divergences stratégiques irréconciliables» et veut donc arrêter «l'ensemble des coopérations avec Berlin» sur le plan militaire. Elle a aussi dénoncé «l'aveuglement français à l'égard de Berlin».
«Fébrilité» et «autoritaire»
Les passes d'armes entre les candidats se multiplient depuis le démarrage lundi de la campagne du second tour. Dès l'aube, les deux adversaires ont eu des échanges acerbes. En visite dans une entreprise de construction en région parisienne, la candidate du RN a jugé que le gouvernement et Emmanuel Macron étaient dans le «déni» face au «mur de l'inflation» auquel la France allait être confrontée.
Interrogé plus tôt sur France 2 sur les mesures à prendre face à l'inflation, Emmanuel Macron lui avait déjà répondu que «ce que nous avons décidé avec le gouvernement sur l'électricité, le gaz et l'essence est plus efficace qu'une baisse de TVA», comme proposé par Mme Le Pen.
Dans le JT de 20 heures de TF1, le président-candidat a une nouvelle fois indiqué vouloir «enrichir» son projet avec des mesures proposées par les concurrents du premier tour qui ont appelé à le soutentir au second.
Sondages favorables à Macron
Selon trois enquêtes publiées mercredi, le président sortant creuse l'écart avec sa rivale au second tour. Il est désormais crédité de 53 à 55% des voix contre 45 à 47% pour Mme Le Pen. Les projections effectuées après le premier tour prévoyaient des résultats plus serrés.
En vue du 24 avril, les deux finalistes lorgnent les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position dimanche soir avec 21,95% des voix. Le candidat de la gauche radicale avait estimé dimanche au soir du premier tour que «pas une voix» ne devait aller à Mme Le Pen, sans pour autant appeler à voter M. Macron.
Il a lancé mercredi une consultation des quelque 310'000 soutiens de son mouvement, pour décider s'il fallait appeler à l'abstention, au vote blanc ou au vote Macron. La consultation, dont le résultat sera public, s'achève samedi à 20h00.