Législatives en Arménie Le premier ministre revendique la victoire

ATS

21.6.2021 - 06:56

Le premier ministre arménien a revendiqué la victoire aux législatives anticipées de dimanche. Son parti a obtenu la majorité, après le dépouillement complet. Dénonçant des fraudes, le principal opposant a mis en doute les résultats, faisant craindre des émeutes.

Keystone-SDA

La popularité de Nikol Pachinian s'est effondrée après la déroute de l'Arménie lors d'une guerre contre l'Azerbaïdjan voisin en automne 2020.
La popularité de Nikol Pachinian s'est effondrée après la déroute de l'Arménie lors d'une guerre contre l'Azerbaïdjan voisin en automne 2020.
ATS

«Nous savons déjà que nous avons remporté une victoire convaincante lors des élections et nous aurons une majorité convaincante au Parlement», a affirmé le premier ministre Nikol Pachinian dans la nuit de dimanche à lundi. Il a invité ses partisans à se réunir lundi soir dans le centre de la capitale Erevan.

Selon des résultats portant sur 100% des bulletins de vote et publiés lundi par la commission électorale centrale, son parti Contrat civil a obtenu 53,9% des voix, loin devant son principal adversaire, le bloc de l'ex-président Robert Kotcharian, qui compte 21% des suffrages.

«Fraudes signalées»

Avant même l'annonce des résultats complets, l'alliance électorale de M. Kotcharian s'était insurgée contre des «falsifications planifiées à l'avance». Elle a exigé «d'étudier attentivement les fraudes supposées et signalées». «Tant que ces questions n'auront pas eu de réponses complètes, le bloc ne reconnaîtra pas les résultats du scrutin», a déclaré sa formation dans un communiqué.

L'ex-journaliste Pachinian, 46 ans, porté au pouvoir en 2018 par une révolution pacifique, a vu sa popularité record mise à mal par la déroute d'Erevan durant la guerre contre l'Azerbaïdjan, voisin et ennemi juré, à l'automne 2020. Après six semaines de combats ayant fait plus de 6500 morts, l'Arménie a dû céder d'importants territoires qu'elle contrôlait depuis une première guerre avec Bakou dans les années 1990.

Les deux pays se disputent le Nagorny Karabakh, une région séparatiste azerbaïdjanaise majoritairement peuplée d'Arméniens. Perçue comme une humiliation nationale, cette défaite a déclenché une crise en Arménie, forçant Nikol Pachinian à convoquer des législatives dans l'espoir de renforcer sa légitimité.

Nombre de ses anciens partisans l'accusant d'être un «traître» pour avoir accepté un cessez-le-feu se sont tournés vers ses adversaires.

«Dictature de la loi»

Après avoir obtenu plus de 70% de suffrages aux législatives de 2018, M. Pachinian visait un score de 60% dimanche. M. Pachinian a exhorté cette semaine ses compatriotes à lui donner un «mandat d'acier» et a mis en garde contre «une guerre civile».

«Le peuple nous a donné un mandat pour la dictature du droit et de la loi et nous devons l'utiliser immédiatement», a-t-il poursuivi dans la nuit de dimanche, en revendiquant la victoire.

«Nous sommes une équipe qui, contrairement au gouvernement actuel, a de l'expérience, des connaissances, de la force et de la volonté», a de son côté lancé M. Kotcharian qui se pose en dirigeant expérimenté.

Président de 1998 à 2008 de cette ex-république soviétique pauvre et montagneuse, il a cependant été accusé par le passé de fraudes électorales. Il est visé par une enquête sur des accusations de corruption.

Elections «conformes à la loi»

M. «Pachinian pourrait obtenir davantage de sièges» grâce au soutien des régions rurales et des indécis qui voteraient pour lui «non pour le soutenir, mais à cause de leur peur et leur haine de Kotcharian», a estimé auprès de l'AFP l'analyste arméno-américain Richard Giragosyan.

Malgré les accusations de l'opposition, la commission électorale centrale a assuré que «globalement, les élections s'étaient déroulées conformément à la loi». La participation a atteint 49,4%, contre 48,6% en 2018.

Les 2,6 millions d'électeurs arméniens étaient appelés aux urnes pour élire au moins 101 députés pour cinq ans.