Chili Appel à la grève générale au Chili

ATS

23.10.2019 - 19:28

Les principaux syndicats et mouvements sociaux au Chili appellent pour mercredi et jeudi, malgré les mesures proposées par le président Sebastian Piñera, à une grève générale. Elle menace d'attiser la violente crise sociale qui a fait 18 morts depuis six jours.

Parmi les victimes figure un enfant de quatre ans qui a été tué, ainsi qu'un jeune homme, quand un automobiliste ivre a foncé mardi sur un groupe de manifestants dans la région de Concepcion (sud-ouest), a annoncé le gouvernement.

Le Chili connaît depuis le 18 octobre ses pires violences en une trentaine d'années. Celles-ci sont liées à une explosion de colère dans la population qui se traduit par des actions de protestation et des pillages, malgré les gestes que vient de faire le président conservateur Sebastian Piñera en vue de tenter d'apaiser la situation.

Outre les 18 morts, les troubles ont fait jusqu'à présent 269 blessés et abouti à environ 1900 arrestations, selon l'Institut national des droits humains (INDH).

Etat d'urgence

A Santiago, qui, à l'instar de dizaines d'autres villes, a passé sa quatrième nuit sous état d'urgence, les contestataires devaient se retrouver mercredi sur la Plaza Italia, au coeur de la capitale. Des centaines de milliers de Chiliens y manifestent depuis vendredi.

«Vive la grève! Nous le disons fort et clair : assez des hausses de prix et des abus !«, a tweeté mardi soir la Centrale unitaire des travailleurs (CUT). La principale confédération syndicale du Chili a appelé à un arrêt de travail de deux jours, tout comme une vingtaine d'autres organisations de travailleurs et d'étudiants.

Toutes ont condamné la décision d'imposer l'état d'urgence dans neuf des seize régions, de recourir au couvre-feu et de faire intervenir les forces armées. Elles réclament l'abandon des mesures d'exception entrées en vigueur, insistant sur «le retour des militaires dans leurs casernes».

Soldats déployés

Quelque 20'000 soldats et policiers ont en effet été déployés. C'est la première fois que des membres des forces armées patrouillent dans les rues depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).

En outre, les puissants syndicats des mines de cuivre -dont le Chili est premier producteur mondial- ainsi que les employés du secteur de la santé et ceux des ports ont rejoint le mouvement.

L'annonce d'une hausse de 3,75% du prix du ticket de métro -suspendue depuis- a provoqué vendredi les premières manifestations, devenues ensuite un mouvement social majeur nourri par le ressentiment face à la situation socio-économique et aux inégalités dans ce pays de 18 millions d'habitants.

Pour sortir de la crise, le chef de l'Etat a pris mardi un virage social, à l'issue d'une réunion avec les forces politiques à laquelle le Parti socialiste, le principal parti de l'opposition, et d'autres formations de gauche ont toutefois refusé de participer. M. Piñera s'est ainsi prononcé en faveur de l'augmentation de 20% du minimum retraite, du gel des tarifs de l'électricité et d'une hausse du salaire minimum.

Il a également évoqué la réduction des rémunérations des parlementaires et des hauts fonctionnaires, de pair avec la baisse du nombre des sièges au Parlement et une limitation du nombre de leurs mandats successifs. Reconnaissant n'avoir pas anticipé ce qui se passe actuellement, il a demandé «pardon» à ses compatriotes.

Un changement de ton spectaculaire de la part de celui qui considérait dimanche le Chili comme «en guerre contre un ennemi puissant». Les syndicalistes exigent cependant pour leur part du gouvernement un programme social préparé en commun.

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ATS