Guerre des généraux Le Soudan s'enfonce dans la crise, après deux mois de guerre

ATS

15.6.2023 - 02:18

La guerre entre généraux rivaux au Soudan entre jeudi dans son troisième mois sans aucune issue en vue. Dernière escalade dans les tensions, l'armée régulière a accusé les paramilitaires d'avoir «enlevé et assassiné» un gouverneur au Darfour.

Les combats au Soudan se concentrent essentiellement dans la capitale Khartoum (image) et au Darfour, région où milices locales, combattants tribaux et civils armés ont rejoint les affrontements (archives).
Les combats au Soudan se concentrent essentiellement dans la capitale Khartoum (image) et au Darfour, région où milices locales, combattants tribaux et civils armés ont rejoint les affrontements (archives).
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Après avoir mené des frappes aériennes pour la première fois à El-Obeid, une ville située à 350 kilomètres au sud de Khartoum et «encerclée par les forces paramilitaires depuis le début des combats», l'armée soudanaise a accusé mercredi les forces de soutien rapide (FSR) d'avoir «enlevé et assassiné» le gouverneur de l'Etat du Darfour-Ouest.

Cet assassinat présumé signifie que les FSR ont ajouté une «nouvelle ligne à leur liste de crimes barbares commis contre l'ensemble du peuple soudanais», a déclaré l'armée sur Facebook. La mort du gouverneur n'a pu être confirmée de source indépendante par l'AFP.

Les combats ont commencé le 15 avril. Ils se sont, jusqu'à présent, essentiellement concentrés à Khartoum, la capitale de cinq millions d'habitants, et dans la vaste région du Darfour, dans l'ouest.

1800 morts et 2,2 millions de déplacés

Cette guerre entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 1800 morts, selon l'ONG ACLED. Plus de 2,2 millions de personnes ont fui leurs domiciles, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Les civils n'ayant pas fui n'ont «ni nourriture, ni eau, ni médicaments», a raconté à l'AFP un habitant de Khartoum, Ahmed Taha. «Nous n'avons plus rien. Le pays est dévasté. Où que vous regardiez, vous voyez les impacts des bombes et des balles», selon ce témoin.

Pendant plusieurs semaines, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis ont servi de médiateurs à des négociations entre les deux camps dans la ville saoudienne de Jeddah, en vue d'obtenir un cessez-le-feu. Mais les nombreuses trêves annoncées n'ont été quasiment jamais respectées et l'aide humanitaire est restée bloquée ou est parvenue aux civils en quantité très insuffisante.

Vingt-cinq millions des 45 millions d'habitants du Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, dépendent désormais de l'aide humanitaire pour survivre, selon l'ONU.

ATS