Les Algériens ont manifesté pour un 12e vendredi consécutif, le premier depuis le début du ramadan. La fatigue accumulée et ce mois de jeûne étaient susceptibles d'entamer la mobilisation contre le régime et contre l'élection présidentielle prévue début juillet.
A Alger, la mobilisation restait importante, tout en paraissant légèrement en baisse. Le cortège s'est ébranlé peu après la fin de la grande prière hebdomadaire en début d'après-midi, sous un ciel ensoleillé et sans nuage et une température avoisinant les 30 degrés.
Il a grossi au fur et à mesure que les manifestants convergeaient vers la Grande Poste, bâtiment emblématique du centre d'Alger devenu le point de ralliement de plus de deux mois de manifestations dans la capitale, et plusieurs rues alentour sont noires de monde, a constaté une journaliste de l'AFP sur place.
«Dégage Gaïd! Dégage Bédoui! Dégage Bensalah!«, scandent les manifestants à l'adresse du général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et de facto homme fort du pays depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, et à l'adresse du Premier ministre Noureddine Bedoui et du chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah.
Aucun chiffre officiel ou indépendant n'est disponible en Algérie, mais la mobilisation est également forte et stable à Oran, Constantine et Annaba, 2e, 3e et 4e villes du pays, ainsi qu'à Tizi Ouzou dans la région de Kabylie (nord), ont rapporté à l'AFP des universitaires et journalistes sur place.
Pas d'images en direct
Pour la première fois depuis un mois, la télévision publique n'a pas diffusé d'images en direct des manifestations à travers le pays.
Un temps vu comme un allié du mouvement de contestation inédit, après avoir poussé M. Bouteflika à démissionner le 2 avril après 20 ans au pouvoir, le général Gaïd Salah est, comme la semaine précédente, particulièrement visé par les manifestants à travers le pays.
L'Algérie «est une République, pas une caserne», «l'armée est notre armée et Gaïd nous a trahis», martèlent-ils, reprochant au patron de l'armée de leur imposer le processus de transition actuel, mené par d'ex-proches de M. Bouteflika, et notamment une élection présidentielle le 4 juillet pour lui élire un successeur.
Le mouvement de contestation refuse que ce scrutin soit organisé par les structures et personnalités de l'appareil laissé derrière lui par M. Bouteflika, incarné notamment par MM. Bensalah, Bedoui et le général Gaïd Salah, durant des années fidèles du chef de l'Etat jusqu'à sa démission.
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