Guerre en Syrie"L’une des plus grandes catastrophes humanitaires"
kigo, ats
10.3.2021 - 12:39
kigo, ats
10.03.2021, 12:39
10.03.2021, 13:35
ATS
Le 15 mars, cela fera dix ans que la guerre en Syrie a commencé. Selon Caritas Suisse, les besoins dans ce pays et alentour restent «immenses» et l'aide humanitaire y est toujours «essentielle» pour soutenir les personnes déplacées et celles touchées par la pauvreté.
La guerre en Syrie est l’une des plus grandes catastrophes humanitaires depuis la Deuxième Guerre mondiale, a avancé Caritas Suisse mercredi en conférence de presse. Sur une population de 21 millions d'habitants, plus de 6,5 millions ont fui leur pays, pour se réfugier principalement dans les Etats voisins.
La Turquie reste le principal pays d'accueil, avec 3,6 millions de réfugiés syriens. Le Liban suit avec 1,5 million de réfugiés; ce pays en accueille le plus grand nombre, proportionnellement à sa population. Un peu plus de six millions de personnes ont également été déplacées à l’intérieur de la Syrie.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), plus de 13 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire en Syrie. Les violences ont fait au total près de 390'000 victimes, selon l'ONU.
Outre les réfugiés syriens, la crise touche aussi la population des pays voisins comme la Jordanie ou le Liban. Ces pays sont structurellement faibles et craignent donc un effondrement des systèmes d’aide sociale, indique Caritas Suisse.
Jeunes particulièrement touchés
En Syrie, plus de la moitié de la population active est au chômage et environ 80% des habitants vivent dans la pauvreté, selon Caritas Suisse. Les enfants et adolescents n'ont pas de perspective de formation car le système scolaire public fonctionne à peine.
Soixante pour cent ont été déscolarisés, selon une étude mandatée par le CICR et publiée mercredi à Genève. Plus de 60% des jeunes ont été déplacés ou réfugiés. Près de la moitié ont perdu leurs revenus et environ 80%, ou même 85% en Syrie, ont été en insécurité alimentaire.
Parmi leurs besoins, les jeunes Syriens mentionnent leur situation économique, devant les soins, l'éducation et le soutien psychologique alors que beaucoup ont souffert de problèmes de santé mentale, d'après le CICR. Près de 30% des femmes affirment ne s'appuyer sur aucun revenu pour leurs proches.
Perte de proches
Par ailleurs, le CICR indique que près d'un jeune sur deux en Syrie dit avoir perdu un proche ou un ami en dix ans de conflit. Et 12% d'entre eux ont eux-mêmes été blessés, selon une étude .
Parmi près de 1500 Syriens sondés dans leur pays, au Liban et en Allemagne, tous ont été affectés dans les liens avec des proches, les difficultés économiques ou la santé.
Alors que plus de la moitié de la population syrienne est âgée de moins de 25 ans, 16% des jeunes ont perdu au moins un de leurs parents ou ont vu l'un des deux gravement blessé. Et 54% n'ont pas eu de contact à un moment donné avec un proche. Cette part atteint même plus de 60% au Liban.
En Suisse aussi
Un million de Syriens sont également arrivés en Europe. En Suisse, il y en a quelque 20'000, dont près de la moitié, 8500 personnes environ, n’ont pas le statut de réfugiées, mais seulement celui de personnes admises à titre provisoire, d'après Caritas Suisse.
«Cela malgré le fait qu’on a pu savoir assez vite que les Syriennes et les Syriens ne pourraient pas retourner rapidement dans leur pays d’origine, ou même qu’ils ne pourraient jamais y retourner», déplore l'association. Selon elle, l’admission provisoire n’ouvre que très peu de perspectives de logement et d’emploi aux personnes qui en bénéficient et rend leur intégration plus difficile.
Appel au Conseil fédéral
Face à cette situation, il est urgent d'agir, a alarmé Caritas Suisse. Elle appelle le Conseil fédéral à accroître les moyens en faveur de l’aide humanitaire et l’aide au développement à long terme.
«Il faut offrir des perspectives de vie et apporter une aide au développement à moyen et long terme aux populations déchirées par la guerre», déclare l'organisation. Et d'insister sur les investissements dans l’éducation et la formation. En outre, la Suisse doit s’engager davantage pour promouvoir des voies d’évacuation sûres.
Caritas demande aussi des actions en Suisse. Elle souhaite que le gouvernement octroie «le plus rapidement possible» le statut de réfugiées aux 8500 personnes provisoirement admises et que des visas humanitaires permettent à des familles séparées de bénéficier du regroupement familial. De plus, la Suisse doit étendre son accueil de réfugiés dans le cadre des programmes de réinstallation.
Aide d'urgence et soutien durable
Depuis le début de la crise, Caritas Suisse a mis en oeuvre des programmes d'aide pour un montant de 76 millions de francs en Syrie, au Liban et en Jordanie. Outre l'aide d'urgence et de survie, un soutien durable à long terme est mis en place, comme des mesures éducatives pour les enfants réfugiés.
Un accent est aussi placé sur des mesures visant à générer des revenus et à fournir des qualifications pour le marché du travail. Depuis 2012, les mesures d'aide de l'association ont bénéficié à quelque 670'000 personnes.