Après l'attentat Les dernières évacuations reprennent à l'aéroport de Kaboul

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27.8.2021 - 15:54

Les évacuations d'étrangers et d'Afghans fuyant le nouveau régime taliban ont repris vendredi à l'aéroport de Kaboul au lendemain d'un attentat du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Cette double attaque suicide a fait au moins 85 morts, dont 13 soldats américains.

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L'attentat, commis jeudi à la tombée de la nuit, été condamné par le pouvoir taliban et de nombreux pays dont les Etats-Unis et leurs alliés, la Russie et la Chine. Il a fait monter la tension d'un cran supplémentaire, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains du pays après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations.

L'attaque a visé les Etats-Unis qui organisent les évacuations et des Afghans parmi les milliers de ceux qui campent depuis des jours devant l'aéroport, dans l'espoir d'y entrer et de prendre un des innombrables vols prévus pour les étrangers et les Afghans potentiellement menacés par le nouveau régime.

Hôpitaux assaillis

«Il y a beaucoup de femmes et d'enfants parmi les victimes. La plupart des gens sont choqués, traumatisés», a déclaré vendredi à l'AFP un responsable de l'ancien gouvernement renversé à la mi-août, en annonçant le nouveau bilan d'au moins 72 morts et 150 blessés à partir des informations recueillies dans les hôpitaux locaux.

Mais nombre de sources craignaient que le bilan ne s'alourdisse encore. Les hôpitaux locaux étaient en effet assaillis vendredi de personnes cherchant leurs proches disparus depuis la veille à l'aéroport.

La double explosion a également tué au moins treize soldats américains et en a blessé 18 autres, selon le Pentagone, ce qui en fait l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011.

Biden veut «faire payer» l'EI

Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et visiblement secoué, le président américain Joe Biden a réagi en promettant de «pourchasser» et de «faire payer» les auteurs de l'attaque. «Nous ne pardonnerons pas. L'Amérique ne se laissera pas intimider», a-t-il lancé d'un ton martial.

M. Biden n'en reste pas moins déterminé à mettre fin à deux décennies d'une guerre longue, lointaine et sanglante pour son pays. Il a fait savoir que les Etats-Unis allaient poursuivre les évacuations en cours jusqu'à leur départ prévu le 31 août.

Le nouveau régime taliban, via son porte-parole Zabihullah Mujahid, a «fermement condamné» ces attentats, tout en soulignant qu'ils étaient survenus dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine.

Après l'attentat, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a convoqué les membres permanents du Conseil de sécurité pour une réunion lundi sur la situation en Afghanistan.

Reprise des évacuations

Vendredi, la situation semblait calme à Kaboul, notamment autour de l'aéroport où les vols affrétés par les Occidentaux ont repris sur le tarmac de l'aéroport, dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan. L'Otan et l'Union européenne avaient appelé après l'attentat à poursuivre les évacuations malgré tout.

La France, via le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune, a indiqué qu'elle pourrait les poursuivre «au-delà» de vendredi soir, tout en se voulant prudent au vu du contexte sécuritaire incertain.

L'Espagne et la Suède ont annoncé vendredi avoir terminé leurs vols d'évacuation, comme notamment l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada et l'Australie avant elles. Celles des Britanniques et des Italiens s'achèveront «dans quelques heures», ont précisé Londres et Rome vendredi.

Le gigantesque pont aérien mis en place par les Occidentaux après la soudaine prise du pouvoir par les talibans à la mi-août a jusqu'ici permis l'évacuation de plus de 100'000 étrangers et Afghans.

Premières discussions

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté annoncé vendredi que son pays avait tenu de premières discussions avec les talibans à Kaboul. Il étudie une proposition des nouveaux maîtres de l'Afghanistan pour gérer l'aéroport de la capitale après le retrait américain.

Les talibans ont également annoncé sur Twitter avoir rencontré une délégation française à Doha. La rencontre a permis de «discuter en détail» de la situation à l'aéroport de Kaboul, a tweeté un porte-parole de la milice islamiste.

«La paix est établie dans tout le pays, filles et garçons ont retourné à l'école et les médias fonctionnent», a-t-il ajouté. Le Quai d'Orsay n'a pas réagi dans l'immédiat.