Allemagne Les deux favoris à la succession de Merkel pour une UE plus forte

ATS

23.9.2021 - 23:18

Les deux favoris à la succession d'Angela Merkel, au coude à coude dans les sondages, ont appelé jeudi à un renforcement de l'Union européenne face à la Chine et aux Etats-Unis. Cet appel a été fait lors de l'ultime débat d'une campagne électorale totalement indécise.

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KEYSTONE/DPA/Kay Nietfeld

Keystone-SDA

L'écart s'est encore resserré entre les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz, légèrement en tête avec 25%, et les chrétiens-démocrates d'Armin Laschet, crédités, avec 23%, d'un score historiquement bas, selon un sondage pour la chaîne publique ZDF publié jeudi soir.

Le vote est suivi de près, en Europe et dans le monde, par des partenaires inquiets d'une paralysie de l'Allemagne pendant des mois de tractations pour former une coalition et le premier gouvernement de l'après-Merkel. Un dernier débat jeudi soir entre les dirigeants des sept grands partis n'a pas permis d'y voir plus clair, notamment sur la formation du futur attelage de deux, voire trois partis, qui prendra dans les prochains mois les commandes de l'Allemagne.

«Irritation»

«Quand tout le monde parle, personne ne dit rien», a résumé l'hebdomadaire Der Spiegel au terme des 90 minutes d'échanges. Cette ultime rendez-vous télévisé a toutefois livré des enseignements sur les futures orientations diplomatiques de la première puissance économique européenne, un sujet jusqu'ici peu présent dans la campagne électorale.

Un consensus semble ainsi se former sur la nécessité de renforcer la «souveraineté européenne», des termes utilisés par les deux favoris. Dans un «monde qui comptera bientôt 10 milliards», il est important de façonner une «Union européenne forte, car sinon nous ne jouerons pas de rôle», a prévenu M. Scholz, actuel vice-chancelier et possible futur chef du gouvernement.

Le grand argentier du gouvernement Merkel a notamment dit «comprendre l'irritation» de la France après l'annulation par l'Australie d'un important contrat de sous-marins. M. Scholz a aussi réitéré son attachement à l'Otan, que rejette la gauche radicale Die Linke, partenaire potentiel de coalition.

«Nous avons besoin de plus d'Europe, nous devons parler d'une seule voix, nous devons lancer des projets communs et des projets d'armement afin d'être en mesure d'agir une fois que les Etats-Unis se seront retirés, et c'est une tâche que le prochain gouvernement devra accomplir», a renchéri son adversaire Armin Laschet, qui tente de rattraper son retard dans les sondages.

Cette élection pourrait en effet porter un coup dur aux conservateurs de Mme Merkel qui jusqu'à présent avaient toujours récolté plus de 30% des suffrages lors des législatives. Leur chef de file a les plus grandes difficultés à marcher dans les pas d'une chancelière à la popularité inentamée.

«Vrai successeur» de Merkel

Dirigeant de la plus peuplée des régions allemandes, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), cet homme affable mais gaffeur de 60 ans peine à convaincre jusque dans son propre camp. Il risque de faire subir à son camp une défaite historique, le privant de la chancellerie et, pire, l'éjectant du futur gouvernement.

En face, les sociaux-démocrates ont le vent en poupe: après avoir enchaîné plusieurs revers électoraux ces dernières années, le SPD a su inverser la tendance depuis le début de l'année et l'investiture de son candidat de 63 ans, Olaf Scholz, actuel vice-chancelier et ministre des Finances. Peu charismatique, ce tenant de l'aile centriste des sociaux-démocrates a jusqu'ici effectué une campagne sans faute, allant jusqu'à se présenter lui-même comme le vrai successeur de Mme Merkel.

Les écologistes menés par Annalena Baerbock, 40 ans, devraient jouer un rôle clé dans le futur gouvernement, même si leur troisième place dans les intentions de vote est une déception pour les militants. La co-dirigeante du parti n'a pas caché sa préférence pour une coalition avec les sociaux-démocrates mais son parti n'exclut pas de travailler avec les conservateurs, comme il le fait déjà dans certaines Länder allemands.

Des mois de négociations?

Tous les partis ont jusqu'ici exclu de s'associer avec l'extrême droite AfD mais une autre formation, les libéraux du FDP, crédités de 12% des intentions de vote, se profile en faiseur de roi.Ils pourraient être le pivot d'une alliance à trois avec écologistes et conservateurs ou sociaux-démocrates.

Les options de coalition pourraient être nombreuses et les négociations durer des mois, pendant lesquels Angela Merkel et ses ministres traiteront les affaires courantes. En 2017, il avait fallu pas moins de cinq mois pour que l'Allemagne se dote d'une coalition et que le nouvel exécutif puisse se mettre au travail.