DiplomatieLes Etats-Unis et leurs alliés lancent une offensive anti-Chine
ATS
12.3.2021 - 19:55
Joe Biden a lancé vendredi avec les Premiers ministres australien, indien et japonais, une initiative commune pour produire un milliard de vaccins en Inde d'ici 2022. Il s'agit de la première étape de l'offensive diplomatique du président américain contre la Chine.
Keystone-SDA
12.03.2021, 19:55
ATS
C'est la première fois que le «Quad», cette alliance informelle née dans les années 2000 pour contrebalancer la montée en puissance de la Chine et relancée par Donald Trump, se réunit au plus haut niveau.
«C'est aussi le premier sommet multilatéral que j'ai la chance d'organiser en tant que président», a dit Joe Biden vendredi à l'ouverture de la visioconférence avec le Japonais Yoshihide Suga, l'Indien Narendra Modi et l'Australien Scott Morrison. «Les Etats-Unis sont déterminés à travailler avec tous nos alliés régionaux pour garantir la stabilité», a-t-il assuré.
Changement climatique
Autre signe de la priorité donnée à l'Asie, le Premier ministre japonais sera, en avril, le premier dirigeant étranger à être reçu en personne aux Etats-Unis par le nouveau président, ont annoncé vendredi les deux pays. A l'ordre du jour du «Quad»: le changement climatique et la pandémie de Covid-19.
«Nous lançons un nouveau partenariat ambitieux pour doper la production de vaccins, au bénéfice du monde entier et notamment des vaccinations dans toute la région indo-pacifique», a déclaré Joe Biden.
Il s'agit de répondre «aux graves pénuries en Asie du Sud-Est», a expliqué à des journalistes un haut responsable américain, évoquant des «véhicules financiers complexes qui permettront une augmentation très importante, franchement drastique, des capacités de production de vaccins, jusqu'à un milliard en 2022». Cet effort s'appuiera en premier lieu sur la production en Inde, et sur le vaccin unidose américain Johnson & Johnson.
«Diplomatie du vaccin»
Avec cette initiative, le président américain s'engage à son tour dans la «diplomatie du vaccin». S'il a jusqu'ici assuré qu'il entendait réserver d'abord les vaccins achetés par Washington aux Américains, il veut montrer qu'il ne reste pas les bras croisés face à la Chine, qui multiplie les livraisons de doses à travers le monde et notamment en Asie du Sud-Est.
Car l'autre objet de ce sommet, et une des raisons d'être du «Quad», c'est de contenir l'activisme chinois dans la région. Aucun des quatre dirigeants n'a ouvertement cité la Chine, mais en jargon diplomatique, cela se traduit par des discussions sur la «sécurité maritime» et le maintien d'une région indo-pacifique «libre et ouverte».
«Nous renouvelons notre engagement à faire en sorte que notre région soit gouvernée par la loi internationale, fasse régner les valeurs universelles et soit libre de toute coercition», a martelé Joe Biden dans une allusion claire aux intimidations reprochées à Pékin notamment en mer de Chine méridionale.
Scott Morrison a estimé que cette réunion de quatre «démocraties» symbolisait «l'aube d'une nouvelle ère» pour la région, quand Narendra Modi a assuré que le Quad demeurerait «un pilier important pour la stabilité».
Continuité Trump-Biden
L'ex-président Trump a laissé les relations sino-américaines au plus bas depuis leur instauration dans les années 1970, au bord d'une nouvelle Guerre froide. Son successeur assure vouloir continuer le bras de fer.
Il y a donc une continuité Trump-Biden sur la «compétition stratégique» avec le géant asiatique, qualifié de «plus grande menace pour la démocratie» par l'ex-gouvernement républicain et de «plus grand défi géopolitique du XXIe siècle» par l'actuelle équipe démocrate.
Mais cette dernière affirme vouloir se distinguer en s'appuyant sur les alliances des Etats-Unis, délaissées ou malmenées par Donald Trump, pour afficher un front uni face à Pékin.