CompétitivitéLes Etats-Unis veulent revoir la fiscalité des entreprises
ATS
5.4.2021 - 19:28
Les Etats-Unis plaident pour un taux d'imposition minimal des entreprises, quel que soit le pays dans lequel elles sont installées. Cette proposition intervient alors qu'eux-mêmes veulent financer un plan d'investissements en augmentant les impôts de leurs sociétés.
Keystone-SDA
05.04.2021, 19:28
05.04.2021, 20:19
ATS
«Nous travaillons avec les pays du G20 pour s'entendre sur un taux minimal d'imposition sur les entreprises, qui pourrait mettre fin à la course vers le bas», a déclaré la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, Janet Yellen, lors d'un discours à Chicago.
Pour attirer les entreprises sur leur territoire, et leur garantir un environnement compétitif, les pays se concurrencent pour proposer aux sociétés des taux d'imposition plus faibles que leurs voisins Janet Yellen a déploré cette «course de 30 ans vers des taux d'imposition toujours plus bas sur les entreprises».
Plan à 2000 mia de dollars
Le président Joe Biden a présenté le 31 mars un plan d'investissement de 2000 milliards de dollars sur huit ans dans les transports, l'industrie ou encore les réseaux internet. Pour le financer, il veut augmenter l'impôt sur les sociétés, de 21% à 28%.
Et les Etats-Unis se posent désormais en étendard pour plus de justice fiscale auprès des organisations économiques mondiales. Le G20 espère ainsi aboutir à un accord sur ce sujet d'ici le mois de juillet, a rappelé un responsable du Trésor, lors d'une conférence téléphonique.
Règles plus équitables
«Ensemble, nous pouvons utiliser une taxation mondiale minimale sur les entreprises pour nous assurer que l'économie mondiale prospère sur la base de règles du jeu plus équitables en matière d'imposition des multinationales», a ainsi assuré Janet Yellen.
Battant en brèche les critiques sur les conséquences négatives pour les entreprises d'une telle législation, elle a estimé que cela pourra au contraire «(stimuler) l'innovation, la croissance et la prospérité».
«La compétitivité ne se résume pas à la façon dont les entreprises qui ont leur siège aux Etats-Unis se comparent aux autres entreprises dans le cadre d'appels d'offres mondiaux de fusions et d'acquisitions», a encore indiqué la secrétaire au Trésor.
«Systèmes fiscaux stables»
En effet, a-t-elle continué, «il s'agit de s'assurer que les gouvernements disposent de systèmes fiscaux stables qui génèrent des revenus suffisants pour les investissements publics essentiels et pour répondre aux crises, et que le financement du gouvernement soit partagé équitablement entre les citoyens».
Janet Yellen, lors d'une audition au Sénat quelques jours plus tôt, s'était déjà dite favorable à une hausse des impôts sur les sociétés américaines dans le cadre d'un accord mondial négocié à l'OCDE.
Elle avait estimé que des négociations «productives» au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques pourraient «créer un régime dans lequel il y a un taux minimum d'imposition des sociétés» dans le monde.
Sociétés numériques dans le viseur
Le projet d'accord discuté au G20 concerne tous les secteurs d'activité, mais il se pose avec une acuité particulière pour les multinationales du numérique, qui paient des impôts souvent sans rapport avec le montant de leurs bénéfices et ont été les grandes gagnantes en 2020 de la pandémie de Covid-19.
Joe Biden s'est ainsi récemment offusqué qu'un enseignant soit assujetti à un taux d'impôt de 22% quand «Amazon et d'autres ne paient aucun impôt fédéral».
Lors de ce discours, Janet Yellen a également insisté sur la nécessité de voir l'ensemble des pays se redresser de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19: «Pour que les Etats-Unis prospèrent, nos voisins aussi doivent prospérer», a-t-elle souligné.
Elle a également mentionné l'engagement des Etats-Unis en matière de combat contre le changement climatique, «après avoir été sur le bas côté pendant quatre ans».