Des dizaines de milliers de fonctionnaires, appelés à la grève, ont manifesté partout en France jeudi contre le projet de loi censé «moderniser» leur statut. Ce projet est au menu de l'Assemblée nationale à compter du 13 mai.
Entre 108'900 personnes, selon le ministère de l'Intérieur et 250'000 personnes, selon la CGT, ont manifesté dans toute la France, et à Paris entre 18'000 et 30'000. Lors de la dernière manifestation unitaire, le 22 mai 2018, le ministère avait compté 139'000 manifestants, la CGT «plusieurs centaines de milliers».
Tous les leaders des grandes centrales ont manifesté côte à côte dans la capitale: Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), Yves Veyrier (FO) et Laurent Escure (Unsa). «Un fait rare» qui «devrait alerter le gouvernement», selon M. Martinez.
Ils étaient 3000 à Marseille (syndicats), de 3300 (préfecture) à 5300 (intersyndicale) à Lyon, entre 3 et 4000 à Nantes (selon les sources), entre un et plusieurs milliers à Rennes, Montpellier, Bordeaux, Angers, Lille, Strasbourg, Perpignan, Albi...Entre 2800 (préfecture) et 8000 (CGT) à Toulouse.
Enseignants, employés des finances publiques, personnels de la fonction publique hospitalière soutenus par des «gilets jaunes» ont manifesté, personnel des urgences en tête.
Vols retardés
«Macron continue de faire comme si de rien n'était. On ne peut pas dire d'un côté, on ferme des services publics et de l'autre, on rapproche les gens des services publics. Ça n'a ni queue, ni tête», s'est indigné Jacky Wagner (CGT) dans la capitale alsacienne.
À Dunkerque, les douaniers étaient très majoritaires, en conflit depuis début mars avec Bercy pour obtenir des moyens et effectifs supplémentaires. Le trafic des ferries à Calais a été annulé dans la matinée, en raison d'une grève de la capitainerie levée à midi.
Chez les contrôleurs aériens, la grève a occasionné «des retards de 40 à 50 minutes» sur les vols intérieurs au départ des aéroports parisiens. L'aéroport de Toulouse était le plus affecté par le mouvement, selon la Direction générale de l'aviation civile, qui avait demandé aux compagnies de réduire de 30% le nombre de leurs vols court-courrier au départ de Paris-Charles de Gaulle, Orly, Lyon, Marseille et Toulouse.
Partout les slogans interpellaient sur la santé: «Plus de moyens humains Buzyn pour la santé publique», «aide-soignante, métier formidable, salaire fort minable»; l'école «Pour un service public égalitaire, non à Blanquer», ou les retraités «contre l'austérité».
A Valence, les manifestants ont déposé symboliquement 30 tentes et cartons devant l'hôpital pour dénoncer la fermeture de lits. A Grenoble (entre 1000 et 2000 personnes), comme à Clermont-Ferrand (1600, selon la préfecture), des pancartes invitaient à «chasser Macron» ou à le «licencier» et «sans indemnités».
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