Les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar se sont emparées lundi de la ville de Syrte. Elles ont porté un coup dur à leurs rivales, dans un contexte régional tendu après l'annonce par la Turquie d'envoi de troupes en Libye.
La perte de Syrte représente un sérieux revers pour le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU, dont les forces contrôlaient la ville depuis 2016 quand elles en avaient chassé le groupe Etat islamique (EI), après plusieurs mois de combats. Ville côtière située à 450 km à l'est de la capitale libyenne, «Syrte a été totalement libérée», a annoncé Ahmed al-Mesmari, porte-parole des forces pro-Haftar, lors d'une conférence de presse à Benghazi.
Les forces pro-Haftar sont entrées dans Syrte quasiment sans combats. L'«opération militaire» annoncée plus tôt par les pro-Haftar n'a duré finalement que trois heures. Plusieurs combattants pro-GNA ont été faits prisonniers et leurs équipements saisis, alors que d'autres se sont enfuis, selon les forces pro-Haftar.
Le GNA n'a pas réagi jusqu'ici à ce revers. Mais un commandant militaire pro-GNA qui était dans Syrte a confirmé sous couvert d'anonymat la perte de la ville et le retrait de leurs forces hors de Syrte. Il a dénoncé une «trahison» d'un groupe armé salafiste, qui a changé de camp lors de l'entrée des forces de Haftar.
«Mobilisation générale»
Le maréchal Haftar tente depuis le 4 avril de s'emparer de Tripoli. Il a annoncé vendredi la «mobilisation générale» et le «djihad» contre une intervention militaire turque en Libye en soutien au GNA, reconnu par l'ONU.
Le maréchal Haftar lui est soutenu notamment par l'Egypte et les Emirats arabes unis qui lui fournissent un appui diplomatique et militaire. Ces deux pays sont des rivaux régionaux de la Turquie et d'un autre allié du GNA, le Qatar. La Russie est soupçonnée aussi d'avoir envoyé des mercenaires pour prêter main forte aux pro-Haftar. Mais Moscou avait démenti ces informations.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a affirmé lundi sa «colère» en réclamant une énième fois l'arrêt des interférences étrangères dans le conflit libyen, à l'issue d'une réunion de deux heures avec le Conseil de sécurité à New York. L'émissaire s'est aussi montré sévère à l'égard du Conseil de sécurité, incapable de s'entendre depuis le début de l'offensive de Haftar en avril sur une résolution réclamant un cessez-le-feu.
Ballet diplomatique
Selon une source diplomatique, une rencontre attendue samedi à Moscou entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine pourrait être décisive à ce sujet si ce dernier accepte de participer à cette réunion internationale à laquelle serait aussi convié son homologue turc.
Dans le cadre de ce ballet diplomatique, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, s'est rendu lundi à Alger. Il a discuté avec le nouveau chef de l'Etat algérien Abdelmadjid Tebboune de «l'aggravation de la situation en Libye», selon la présidence algérienne. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s'est lui aussi rendu lundi dans la capitale algérienne pour une visite officielle de deux jours.
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