Emmanuel Macron va rompre son silence mardi pour préciser ses intentions après les législatives et définir la «trêve olympique et politique» qu'il invoque. La gauche réclame elle toujours de gouverner malgré ses divisions. La droite propose une entente a minima.
Accusé par ses opposants de ne pas avoir reconnu sa défaite aux élections des 30 juin et 7 juillet, le chef de l'Etat sera interviewé à 20h10 sur France 2, France Inter et franceinfo. A J-3 de la cérémonie d'ouverture, ce sont les Jeux olympiques, qui occupent désormais tout son agenda.
Mais il reviendra aussi sur la situation créée par la dissolution controversée de l'Assemblée nationale: le président est resté quasiment muet sur ce sujet depuis le premier tour, s'exprimant seulement dans une lettre aux Français après le second tour dans laquelle il avait appelé les «forces républicaines» à «bâtir une majorité solide».
Lundi, en marge de ses nombreux engagements olympiques, il a évoqué une «trêve politique» le temps des JO, qui dureront jusqu'au 11 août, avant les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre.
«Président qui préside»
«Les Français ont envie maintenant d'un peu de repos» pour «rentrer dans les Jeux», a-t-il plaidé, renvoyant les tractations pour dégager une majorité aux coulisses partisanes. «C'est aux responsables politiques de travailler», a-t-il lancé, tout à son nouveau motto de «président qui préside», en prenant de la hauteur, après avoir gouverné dans les moindres détails sept ans durant.
Jusqu'ici, Emmanuel Macron n'a pas fixé de date-butoir pour nommer un Premier ministre en replacement du démissionnaire Gabriel Attal, chargé des affaires courantes. Son entourage a précisé lundi qu'une nomination était peu probable avant les JO «sauf accélération formidable» des tractations.
Mais une trêve, «c'est tout simplement une interruption de la démocratie et pour nous, c'est inacceptable», a protesté mardi la cheffe de file des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, sur France inter. Elle reproche au président, comme ses alliés de gauche, son «refus de nommer à Matignon» un représentant du Nouveau Front populaire.
«Trop tard»
Sauf que le NFP use les noms les uns après les autres sans parvenir à s'entendre sur un candidat commun. «On avance pas à pas», «j'ose espérer que nous arriverons extrêmement vite à nous mettre d'accord», a assuré l'Insoumise.
«C'est trop tard», s'est désolé au contraire le député François Ruffin, ex-LFI, accusant ses camarades de gauche d'avoir privilégié «calculs cyniques» et «intérêts particuliers» à une entente rapide. Du coup, la trêve «a lieu de fait, parce qu'il n'y a pas de combattants». Rendez-vous donc à la rentrée, suggère-t-il.
Le patron des sénateurs de droite Bruno Retailleau est aussi d'accord pour laisser le gouvernement démissionnaire «tenir le temps d'une trêve olympique, mais certainement pas au-delà». «Septembre c'est trop long» pour avoir un vrai exécutif, «à mon avis en août», a-t-il affirmé sur BFMTV et RMC.
«Pacte législatif»
Il a proposé lundi, avec La Droite Républicaine de Laurent Wauquiez, groupe charnière à l'Assemblée, un «pacte législatif» pour faire adopter des textes «d'urgence» sans participer directement à une coalition gouvernementale.
Les stratèges de l'Elysée voient d'un bon oeil cette main tendue, et considèrent que l'alliance qui s'est nouée entre le camp présidentiel et La Droite Républicaine pour faire réélire la macroniste Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée peut constituer un «embryon» de coalition. La preuve en tout cas que «le barycentre» politique est plutôt «au centre», voire «au centre-droit», et que la gauche n'est pas en mesure de former une majorité, explique l'un d'eux.
Mais plusieurs ténors centristes continuent de plaider pour que la future coalition aille «de la gauche modérée à la droite modérée», comme l'a exprimé le MoDem Jean-Noël Barrot sur Europe 1.
Désormais à la tête des députés macronistes, Gabriel Attal a demandé à deux élus de consolider des propositions pour avancer son propre «pacte de coalition» susceptible d'attirer «la gauche et/ou la droite républicaines».