Pas assez de placesLes hôpitaux texans sont débordés par le variant Delta
ATS
7.9.2021 - 07:55
Daniel Wilkinson, 46 ans, a survécu à deux missions de 12 et 15 mois en Afghanistan, mais il est mort au Texas le 22 août d'un simple calcul biliaire, après une lente détérioration de son état sous les yeux des médecins. Il vivait pourtant à une heure et demie en voiture de Houston, une des capitales mondiales de la médecine.
07.09.2021, 07:55
07.09.2021, 08:04
ATS
Le système de santé texan est tout simplement débordé par les contaminations du variant Delta du Covid-19. Dans cet Etat, l'un des plus riches des Etats-Unis d'Amérique, la première puissance mondiale, 14'700 personnes étaient hospitalisées le 1er septembre, soit presque autant que lors du record de janvier dernier (14'900 personnes).
«Nos hôpitaux sont quasiment pleins», confirme Roberta Schwartz, vice-présidente exécutive du Houston Methodist Hospital, un groupe hospitalier local. «Lors des vagues précédentes, nous avions un peu plus de 750 patients. A présent, nous en avons entre 820 et 850».
Plus de place
Faute de place, une salle de réunion a été transformée en unité de soins. Les cliniques rurales doivent donc garder des malades, pour lesquelles elles ne sont pas équipées.
Le 21 août, Daniel Wilkinson a été admis dans le seul hôpital de son comté, à un pâté de maisons de chez lui, dans la bourgade de Bellville, 4000 habitants. N'ayant pas les moyens de réaliser l'intervention nécessaire pour le sauver, l'établissement a tout de suite cherché à organiser son transfert en hélicoptère, une procédure de routine qui prend généralement une trentaine de minutes.
«Notre équipe et notre médecin ont travaillé sans pause pendant plus de six heures pour essayer d'obtenir ce transfert», se désole Daniel Bonk Fache, le directeur du Bellville Medical Center. Désespéré, le médecin urgentiste est même «allé sur Facebook pour essayer de lui obtenir son transfert».
Un médecin a proposé de prendre le patient dans son hôpital près d'Austin, la capitale, avant de se raviser cinq minutes plus tard: plus de place.
Quête désespérée de lits
«Tous les jours, nous recevons des appels de responsables d'hôpitaux ruraux qui essaient désespérément de trouver où envoyer leurs patients», explique à l'AFP John Henderson, président de l'association Torch, qui regroupe ces établissements. Immense, le Texas en compte 158, soit plus que tout autre Etat.
Selon lui, malheureusement, le cas de Daniel Wilkinson n'est pas isolé: «Pas un jour n'est passé cette semaine sans que nous ayons eu une situation qui se termine mal, avec la mort d'un patient», poursuit John Henderson.
Le personnel hospitalier se sent à la fois impuissant et débordé par cette quête désespérée. «Cela prend des heures, si ce n'est la journée entière, d'appeler tous les hôpitaux de tout l'Etat du Texas pour trouver quelqu'un qui accepte notre patient», explique Renee Poulter, qui gère l'équipe d'infirmiers de Bellville.
L'hôpital n'est pas supposé avoir d'unité de soins intensifs. Pourtant, comme tant d'autres, il doit faire comme si.
«Nous avons un patient dans un état critique dans notre hôpital de campagne. Positif au Covid-19, il a besoin de soins intensifs et on s'occupe de lui depuis 11 jours, parce que nous n'avons pas pu lui trouver un centre avec un niveau de soin supérieur!», poursuit Renee Poulter.
Infirmières venant d'autres Etats
Pour pallier l'urgence, le Texas fournit à ces hôpitaux ruraux des respirateurs, de l'oxygène et des anticorps monoclonaux qui aident à stabiliser les patients. Le gouvernement aide aussi à faire venir des infirmières d'autres Etats.
Deux ont posé leurs valises dans un hôtel de la région et ont commencé à travailler à Bellville mercredi, au grand soulagement de l'équipe. L'une vient de Pennsylvanie, l'autre d'Alabama. Elles assurent chacune six gardes par semaine.
Depuis sa chambre, Carmella termine son repas en présence de son mari. Habitante de Bellville, elle a été victime d'un infarctus la veille. «Je suis venue ici. Ils ont fait ce qu'ils pouvaient, mais ils sont débordés. Ils ont essayé de me transférer ailleurs, mais personne ne voulait me prendre. De ce que j'ai compris, personne ne part d'ici!», explique la dame à l'oeil malicieux.
Son état s'est finalement amélioré et son transfert n'est plus nécessaire. Bientôt, elle pourra rentrer chez elle.
La mère de Daniel Wilkinson, elle, a lancé un appel aux dons sur le site GoFundMe pour couvrir les frais liés à son décès.