Parlement Les Iraniens aux urnes, victoire attendue des conservateurs

clsi

1.3.2024 - 11:35

Deux Iraniennes votent dans le sud de Téhéran.
Deux Iraniennes votent dans le sud de Téhéran.
ATS

Les électeurs iraniens ont commencé à voter vendredi matin pour les législatives. Le principal enjeu de ce scrutin est le taux de participation car les conservateurs au pouvoir sont assurés de conserver une large majorité au Parlement.

Comme le veut la tradition, la journée électorale a été lancée à 08h00 (05h30 suisses) par l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême, qui a appelé à «des élections fortes et ferventes».

Devant des dizaines de caméras, il a déposé un bulletin dans une urne rouge pour renouveler le Parlement et un autre dans une urne bleue pour élire l'Assemblée des experts, chargée de désigner le guide suprême, plus haute autorité de la République islamique.

Quelque 61 millions d'électeurs d'habitants sont appelés à participer aux deux scrutins. Les 59'000 bureaux de vote, souvent installés dans des écoles et des mosquées, devaient fermer à 18h00 (15h30 suisses), mais les horaires d'ouverture pourraient être prolongés dans la soirée, comme lors des précédentes élections.

Faible participation attendue

Les résultats des législatives, auxquelles participent un nombre record de 15'200 candidats, sont attendus dimanche et la nouvelle assemblée se réunira en mai.

La télévision d'Etat a montré des images de bureaux de vote où femmes et hommes faisaient calmement la queue, séparément, pour s'approcher des urnes avant de ressortir, un doigt encré de bleu pour preuve de leur vote.

Mais des experts s'attendent à un taux de participation historiquement faible. Un dernier sondage publié par la télévision d'Etat a indiqué que 41% des personnes interrogées allaient «sans doute» voter.

Lors des dernières législatives, en 2020, seuls 42,57% des électeurs s'étaient déplacés, soit le taux le plus faible depuis la proclamation de la République islamique en 1979, selon les statistiques officielles.

«Mécontents»

Dans un bureau de vote du sud de Téhéran, Mme Moradiani, une institutrice de 35 ans, a expliqué à l'AFP avoir voté car «le guide suprême a dit que participer était une obligation pour tout le monde. Comme celle de prier».

Mais pour Hashem, un artiste de 32 ans du Kouzestan (sud-ouest), «beaucoup de gens ne votent pas car ils sont mécontents de la situation politique et économique», avec «des prix qui augmentent tous les jours» en raison d'un taux d'inflation proche de 50%.

«Imaginons que je vote, à quoi cela servirait-il? Les élus ne respectent pas leurs promesses», a dénoncé Hanna, une étudiante de 21 ans, qui boycotte le scrutin au Kurdistan (ouest).

Légitimité

L'enjeu de la participation est d'autant plus crucial pour le pouvoir qu'il le présente comme une preuve de sa légitimité sur la scène internationale sur fond de fortes tensions géopolitiques.

«Les ennemis de l'Iran veulent voir si le peuple est présent» car, dans le cas contraire, «ils menaceront votre sécurité d'une façon ou d'une autre», a prévenu Ali Khamenei. Selon lui, «les Etats-Unis, une majorité de pays européens, les sionistes malveillants, les capitalistes et les grandes entreprises» ont «peur de la puissance du peuple iranien». Washington a déclaré jeudi «ne pas s'attendre» à ce que les élections iraniennes soient «libres et équitables».

Le Corps des Gardiens de la Révolution, la puissante armée idéologique du pouvoir, a également estimé qu'une «forte participation» permettrait de décourager d'éventuelles «interventions étrangères» dans le contexte de la guerre à Gaza opposant Israël au Hamas palestinien soutenu par l'Iran.

Les conservateurs en force

Aucun bouleversement des équilibres politiques au sein de la seule chambre du Parlement (Majlis) n'est attendu, selon des experts. Le camp majoritaire, composé de groupes conservateurs et ultraconservateurs parfois rivaux, va continuer à la dominer très largement, comme il le fait dans le Parlement sortant dont il contrôle plus de 230 des 290 sièges.

Les formations centristes, réformatrices et modérées ont été marginalisées depuis le scrutin de 2020 et ne peuvent espérer qu'une poignée d'élus après la disqualification d'un nombre important de leurs candidats.

Les conservateurs vont également renforcer leur contrôle de l'Assemblée des experts, un collège de 88 religieux chargé de nommer et éventuellement de démettre le guide suprême.

Un total de 144 candidats sont en lice mais des personnalités notables ont été disqualifiées, au premier rang desquelles l'ancien président modéré, Hassan Rohani (2013-2021).

Ce scrutin est le premier depuis le vaste mouvement de contestation qui a secoué le pays après la mort en septembre 2022 de la jeune Mahsa Amini, quelques jours après son arrestation par la police pour non-respect du strict code vestimentaire du pays.

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