Les Ougandais votaient jeudi lors d'une élection présidentielle tendue. Le jeune député et chanteur de ragga Bobi Wine défie le président sortant Yoweri Museveni, deux fois plus âgé, qui brigue un sixième mandat après 35 ans de pouvoir.
Les Ougandais attendaient pour voter à Kampala.
Le président Yoweri Museveni occupe largement l'espace public.
L'opposant Bobi Wine est très populaire auprès des jeunes urbains (archives).
La campagne électorale a été émaillée de violences: arrestations d'opposants, tirs de gaz lacrymogènes et parfois de balles réelles sur leurs partisans (archives).
Les Ougandais aux urnes pour un duel présidentiel tendu - Gallery
Les Ougandais attendaient pour voter à Kampala.
Le président Yoweri Museveni occupe largement l'espace public.
L'opposant Bobi Wine est très populaire auprès des jeunes urbains (archives).
La campagne électorale a été émaillée de violences: arrestations d'opposants, tirs de gaz lacrymogènes et parfois de balles réelles sur leurs partisans (archives).
Depuis mercredi soir, l'accès à l'internet est largement perturbé dans le pays. Les autorités ont officiellement suspendu réseaux sociaux et services de messagerie mardi, au terme d'une campagne particulièrement violente, émaillée d'arrestations et d'émeutes et endeuillée par plusieurs dizaines de morts.
«Je continue à encourager tous les Ougandais à se déplacer pour voter», a déclaré M. Wine en fin de matinée, après avoir lui-même voté dans un bureau en périphérie de la capitale, Kampala.
Les quelque 18 millions d'électeurs avaient jusqu'à 16h00 (14h00 suisses) pour se rendre dans un des 34'600 bureaux de vote du pays afin de choisir leur président et leurs députés. Les résultats de l'élection seront connus «dans les 48 heures après la fermeture des bureaux de vote», a assuré sur Twitter la commission électorale.
Choc des générations
Le chanteur a affirmé que plusieurs observateurs électoraux de son parti ont été arrêtés dans la matinée. Selon lui, «nos équipes ont fui dans 22 districts, car elles étaient encerclées et pourchassées comme des criminels par la police et par l'armée.»
Le duel fait figure de choc des générations, dans un Ouganda où trois quarts des 44 millions d'habitants ont moins de 30 ans. D'un côté M. Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986, semble largement favori. L'ex-guérillero s'est mué en dirigeant autoritaire et compte ouvertement les jours qui le séparent de la «victoire».
En face, M. Wine, 38 ans, a capitalisé sur sa popularité auprès des jeunes urbains. Il s'est imposé comme son principal rival, au sein d'une opposition divisée qui présente dix candidats contre le Mouvement de résistance nationale (NRM), l'hégémonique parti au pouvoir.
«Je suis ici pour changer les dirigeants de ce pays car pendant des années, ils ont dit qu'ils allaient garantir mon avenir. Mais ils ne l'ont pas fait. J'ai besoin de voir du changement pour mes enfants», explique Joseph Nsuduga, un chauffeur de 30 ans, dans le bidonville de Kamwokya, place forte de M. Wine.
Violences
Des craintes ont émergé quant à l'équité et la transparence du scrutin au cours de cette campagne plus violente que les précédentes, où des journalistes, des critiques du régime et des observateurs, américains notamment, ont été empêchés de travailler.
Mettant en avant les mesures de prévention contre le Covid-19, le régime a interdit de nombreux meetings de l'opposition, tandis que M. Museveni bénéficiait d'une large visibilité médiatique grâce à son statut de président.
Débat public mis à mal
Mardi soir, M. Museveni, un des poids lourds politiques d'Afrique de l'Est, a confirmé dans une intervention télévisée la suspension des réseaux sociaux et des services de messagerie, tels Facebook, Twitter, WhatsApp, Signal et Viber. Selon lui, cette mesure vient sanctionner la fermeture par Facebook de plusieurs comptes liés au pouvoir et accusés d'influer de manière artificielle sur le débat public.
«Qu'elle constitue un acte de censure délibéré ou une mesure de représailles puérile, cette décision va continuer à détériorer un peu plus les conditions d'un débat public ouvert, pluraliste et transparent», a réagi mercredi l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
Les violences ont émaillé la campagne: arrestations d'opposants, tirs de gaz lacrymogènes et parfois de balles réelles sur leurs partisans. En novembre, au moins 54 personnes ont été tuées par la police au cours d'émeutes déclenchées par une énième arrestation de Bobi Wine.
Le secrétariat général de l'ONU «s'inquiète des violences et des tensions qui ont précédé le scrutin et appelle tous les acteurs politiques et leurs soutiens à ne pas recourir aux discours haineux, aux intimidations et à la violence», a fait savoir mercredi soir son porte-parole, Stéphane Dujarric.
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