Elections européennes Les souverainistes de l'UE réunis à Milan

ATS

18.5.2019 - 20:30

Le chef de la Ligue (extrême droite italienne) Matteo Salvini et sa principale alliée Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) en France, souhaitent réussir l'alliance de douze partis nationalistes et identitaires au Parlement européen (archives).
Le chef de la Ligue (extrême droite italienne) Matteo Salvini et sa principale alliée Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) en France, souhaitent réussir l'alliance de douze partis nationalistes et identitaires au Parlement européen (archives).
Source: Keystone/AP/ANTONIO CALANNI

Les partis nationalistes réunis derrière le chef de la Ligue italienne Matteo Salvini samedi à Milan, ont fustigé l'immigration, l'islam et l'oligarchie de Bruxelles. La grand-messe a toutefois été gâchée par un scandale touchant leur allié autrichien.

Avant même le début de ce rassemblement, Heinz-Christian Strache, le chef du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ, extrême-droite), a été contraint de démissionner de son poste de vice-chancelier samedi après avoir été mis en cause pour tentative de collusion avec la pseudo-nièce d'un oligarque russe, à qui il a demandé de financer son parti.

L'eurodéputé Harald Vilimsky, tête de liste du FPÖ pour les européennes, a du coup annulé sa venue, et a été remplacé par l'eurodéputé Georg Mayer, qui n'en a pas fait mention et a appelé à «stopper l'immigration de l'Afrique et du Moyen-Orient».

A une semaine du scrutin européen, ce scandale tombe mal pour M. Salvini et sa principale alliée Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN) en France.

Devant des dizaines de milliers de ses partisans rassemblés sur la grande place du Duomo, la cathédrale de la ville, le vice-Premier ministre Matteo Salvini, s'en est pris comme les orateurs précédents à «l'Europe des élites» et «du passé».

«Pas de racistes»

«Sur cette place, il n'y a pas d'extrémistes, il n'y a pas de racistes ou de fascistes», a-t-il lancé, devant une banderole où on pouvait lire «stop aux bureaucrates, banquiers, bien-pensants, embarcations».

«Les extrémistes sont ceux qui ont gouverné l'Europe pendant 20 ans au nom de la pauvreté et de la précarité», a-t-il ajouté face aux bannières bleues de son parti et quelques drapeaux français de militants du RN.

Vraie star de ce rassemblement d'une douzaine de partis de la droite nationaliste, Matteo Salvini a multiplié les références à la religion catholique et aux racines judéo-chrétiennes de l'Europe, brandissant un rosaire et invoquant la Vierge Marie.

Aucune photo de famille n'a été organisée après les discours sur le podium, que Matteo Salvini a arpenté seul sous les vivats de ses partisans.

Avant-dernière oratrice de ce grand rassemblement des souverainistes, Marine Le Pen a prêté symboliquement l'hymne français de la Marseillaise à ses alliés en affirmant que «le jour de gloire» des patries était «arrivé».

Elle a fustigé une «oligarchie sans repères», qui veut «la dilution des nations», redit «non» à l'immigration qui «submerge nos pays, met en danger la sécurité de nos peuples, de nos comptes sociaux et nos valeurs de civilisations», dans un discours lui aussi très identitaire.

«Basta islam»

«Basta islam», avait lancé plus tôt le patron du Parti de la liberté néerlandais Geert Wilders. «Les élites politiques à Bruxelles ne méritent plus notre confiance», a-t-il dit, estimant que «l'Europe a besoin de plus de Salvini».

«On doit faire le ménage après Merkel, Juncker et Macron», a lancé le représentant du Parti du peuple danois.

Les deux ténors Salvini et Le Pen entendent souder l'alliance de ces partis, qui restent cependant divisés sur la discipline budgétaire, la répartition des migrants entrés dans l'UE, ou encore la Russie, dont le RN et la Ligue sont proches, contrairement aux anciens pays communistes.

Leur objectif est de faire du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), où siègent déjà la Ligue, le RN, le FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang flamand, la troisième force du Parlement européen, une place que convoitent aussi les libéraux de l'ALDE, où pourraient siéger les élus français rangés derrière le président Emmanuel Macron.

Orban absent

Mais ont brillé à Milan par leur absence le Premier ministre national-conservateur hongrois Viktor Orban, qui a promis à M. Salvini d'engager une «coopération» après les élections mais refuse toute alliance avec Mme Le Pen, ainsi que le PiS polonais, en dépit d'un déplacement de M. Salvini à Varsovie en janvier.

Galvanisés en dépit d'une pluie battante, les militants de la Ligue ont fêté leur «capitaine» Matteo Salvini, rêvant déjà à «une nouvelle Europe» à l'instar de Cino Maddaloni, né à Parlerme en Sicile, et qui travaille pourtant pour une agence européenne en Allemagne.

Drapeau français au-dessus de sa tête, Dominique Verny, un militant du RN venu d'Antibes, s'est lui félicité que Salvini ait «fait baisser l'immigration» alors que Macron «n'a pas pris le bâton pour la France».

La Ligue est créditée, selon les projections du Parlement européen, de 26 eurodéputés, soit 20 de plus qu'actuellement, le RN passant à 20 élus (+5) et l'AfD à 11 (+10).

Retour à la page d'accueil