Climat Les SUV, une source majeure de réchauffement

ATS

16.10.2019 - 19:33

Toujours plus nombreux, les SUV, des voitures au look de 4x4, mais sans leurs capacités de franchissement, ont été la deuxième source d'augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans le monde entre 2010 et 2018 (photo d'illustration).
Toujours plus nombreux, les SUV, des voitures au look de 4x4, mais sans leurs capacités de franchissement, ont été la deuxième source d'augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans le monde entre 2010 et 2018 (photo d'illustration).
Source: KEYSTONE/AP/DAVID ZALUBOWSKI

A la mode, mais polluants: les SUV sont en plein boom dans les villes. Ils menacent de réduire à néant les tentatives du secteur automobile de réduire ses émissions de CO2, a prévenu mercredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Toujours plus nombreuses, ces voitures au look de 4x4, mais sans leurs capacités de franchissement, ont été la deuxième source d'augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans le monde entre 2010 et 2018, selon le directeur de l'AIE.

«Certes, des constructeurs automobiles mettent beaucoup d'argent dans les voitures électriques, mais les mêmes mettent aussi sur le marché de plus en plus de modèles de SUV», a souligné Fatih Birol à Paris, lors d'une conférence internationale sur l'électrification de l'énergie. «Oui, les voitures électriques marchent fort, il y en a environ 6 millions dans le monde (...) Mais est-ce synonyme de décarbonation? Absolument pas», a-t-il insisté.

La moitié de ces véhicules roulent «dans un pays, en Asie», la Chine, où les deux tiers de l'électricité sont produits par des centrales à charbon. «Les voitures électriques ne sont pas la panacée, le prérequis doit être une décarbonation du système énergétique», a-t-il plaidé.

«Star de l'industrie automobile»

En outre, «dans les faits, la star de l'industrie automobile, ce n'est pas la voiture électrique, c'est le SUV: en 2010, 18% des ventes de voitures dans le monde concernaient des SUV; en 2018, c'était plus de 40%!» «En conséquence, ces dix dernières années, les SUV ont été la deuxième source de croissance des émissions de CO2», après le secteur de l'énergie, mais avant l'industrie lourde (acier, ciment...), les poids lourds ou l'aviation.

Plus de 200 millions de SUV circulent aujourd'hui dans le monde, contre 35 millions en 2010, une tendance que l'on retrouve partout, relève l'AIE dans une note parue mardi. Souvent plus lourds et moins aérodynamiques, ces véhicules omniprésents dans les gammes des constructeurs consomment un quart d'énergie de plus qu'une voiture de taille moyenne, souligne le rapport.

Plus difficiles à électrifier

De ce fait, ils sont seuls à l'origine de la demande accrue en pétrole venue de l'industrie automobile entre 2010 et 2018, qui a dépassé largement les progrès en termes d'efficacité réalisés sur les voitures plus petites et les économies de carburant permises par les électriques.

«Si l'appétit des consommateurs pour les SUV continuait de croître au rythme de cette dernière décennie, ces voitures ajouteraient près de 2 millions de barils par jour à la demande mondiale de pétrole d'ici 2040, annulant les économies permises par 150 millions de voitures électriques», prévient le rapport. Il souligne aussi que «des voitures plus grosses et plus lourdes comme les SUV sont plus difficiles à électrifier».

Dans l'UE, après des années de déclin, les émissions de CO2 des voitures neuves ont ainsi crû en 2018 pour la deuxième année de suite. L'Agence européenne de l'environnement désigne la montée des SUV comme un des «principaux facteurs».

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