Afghanistan Les évacuations «jusqu'au dernier moment» malgré les menaces

ATS

27.8.2021 - 20:18

L'évacuation des milliers de personnes faisait toujours face à des «menaces précises et crédibles» au lendemain de l'attentat-suicide meurtrier à l'aéroport de Kaboul, a averti Washington vendredi. Les opérations se poursuivront cependant «jusqu'au dernier moment».

«Nous avons la capacité d'inclure des évacués dans des avions militaires américains qui quittent l'Afghanistan jusqu'au dernier moment», a déclaré le général Hank Taylor.
«Nous avons la capacité d'inclure des évacués dans des avions militaires américains qui quittent l'Afghanistan jusqu'au dernier moment», a déclaré le général Hank Taylor.
KEYSTONE

Au moins 85 personnes, dont treize soldats américains, ont péri dans l'attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI). De nombreux pays, dont les Etats-Unis et leurs alliés, ainsi que la Russie et la Chine, ont condamné cette attaque.

«Nous estimons qu'il y a toujours des menaces crédibles (...), des menaces précises et crédibles», a affirmé le porte-parole de l'armée américaine, John Kirby. La tension est à son comble, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d'Afghanistan après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations.

Quelque 5400 personnes étaient actuellement réfugiées dans l'enceinte de l'aéroport, attendant de monter dans un avion, a dit le général Hank Taylor. «Nous avons la capacité d'inclure des évacués dans des avions militaires américains qui quittent l'Afghanistan jusqu'au dernier moment», a-t-il tenté de rassurer.

Un seul kamikaze

L'attaque, un attentat-suicide vraisemblablement perpétré par un seul kamikaze, selon le général Taylor, a visé les Etats-Unis, qui organisent les évacuations, et les Afghans parmi les milliers de ceux qui campent depuis des jours devant l'aéroport, dans l'espoir de fuir les talibans.

«Il y a beaucoup de femmes et d'enfants parmi les victimes. La plupart des gens sont choqués, traumatisés», a déclaré vendredi un responsable de l'ancien gouvernement renversé mi-août par les talibans.

Nombre de sources craignaient que le bilan ne s'alourdisse encore et les hôpitaux locaux étaient assaillis de personnes cherchant leurs proches disparus depuis la veille à l'aéroport. La double explosion a en outre provoqué la mort d'au moins treize soldats américains et en a blessé dix-huit autres, selon le Pentagone, ce qui en fait l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011.

Confronté à la plus grave crise depuis le début de son mandat et manifestement secoué, le président américain Joe Biden a réagi en promettant de «pourchasser» et de «faire payer» les auteurs de l'attaque. «Nous ne pardonnerons pas. L'Amérique ne se laissera pas intimider», a-t-il lancé d'un ton martial. M. Biden n'en reste pas moins déterminé à mettre fin à deux décennies d'une guerre longue, lointaine et sanglante pour son pays.

Calme à Kaboul

Vendredi, la situation est demeurée calme à Kaboul, notamment autour de l'aéroport où les vols affrétés par les Occidentaux ont repris sur le tarmac de l'aéroport, dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan.

L'OTAN et l'Union européenne avaient appelé après l'attentat à poursuivre les évacuations malgré tout. Le gigantesque pont aérien a jusqu'ici permis l'évacuation de plus de 100'000 étrangers et Afghans.

La Suisse, l'Italie, l'Espagne et la Suède ont annoncé vendredi avoir terminé leurs vols d'évacuation. Au total, 387 personnes, dont 34 ressortissants suisses, ont été transportées de Kaboul vers la Suisse. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a connaissance de onze ressortissants helvétiques et 16 étrangers résidant en Suisse qui se trouvent toujours en Afghanistan.

Gouvernement attendu

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté annoncé vendredi que son pays avait eu de premières discussions avec les talibans à Kaboul et qu'il étudiait une proposition qu'ils ont faite pour gérer l'aéroport de la capitale après le retrait américain.

Les talibans, qui ont permis aux Etats-Unis de finir de gérer les évacuations, travaillent à la formation du gouvernement qu'ils comptent mettre en place après le départ des Américains. Mais leurs rivaux djihadistes de l'EI, responsables eux aussi de sanglantes attaques en Afghanistan ces dernières années, semblaient vouloir capitaliser sur l'atmosphère de fébrilité et de chaos à Kaboul, en particulier autour de l'aéroport.