Livraison de chars à l'UkraineLa Pologne prête à se passer de l'aval de l'Allemagne
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23.1.2023 - 13:03
La Pologne a prévenu lundi qu'elle était prête à se passer de l'aval de Berlin, qui n'a «pas encore» pris de décision sur la livraison de chars Leopard à l'Ukraine. Les forces russes continuent de revendiquer de petites avancées sur le terrain.
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23.01.2023, 13:03
23.01.2023, 18:24
ATS
Dans ce contexte, l'Union européenne a annoncé qu'elle accordait 500 millions d'euros supplémentaires pour fournir des armements à Kiev et qu'elle allouait 45 millions d'euros pour la formation des militaires ukrainiens sur le territoire de l'UE.
Le gouvernement allemand apparaît pour sa part divisé sur la question de la livraison de chars lourds. Jusqu'ici évasif, le chancelier Olaf Scholz, auquel il appartient au final de trancher, se retrouve lundi sous une pression toujours plus forte, après que la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock a jugé la veille que l'Allemagne était disposée à autoriser Varsovie à fournir ces blindés à Kiev.
En vertu de la législation allemande, un pays possédant des armements allemands doit demander l'autorisation de Berlin pour les transférer à un pays tiers.
«Nous allons demander un tel accord mais c'est une question secondaire», a réagi lundi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki devant des journalistes. «Même si nous n'obtenons pas leur accord (des Allemands), nous donnerons nos chars à l'Ukraine dans le cadre d'une petite coalition, même si l'Allemagne n'en fait pas partie».
La Pologne, prête à envoyer 14 Leopard à Kiev, est en discussions avec une quinzaine d'Etats à ce sujet, de nombreuses armées européennes possédant de tels blindés, susceptibles d'avoir un impact significatif pour les Ukrainiens face au rouleau-compresseur des troupes russes.
Indécision
«Nous avons besoin (...) de plusieurs centaines» de chars, a martelé le chef de cabinet de la présidence ukrainienne Andriï Iermak, à un moment où les Russes sont à l'offensive, dans l'est de l'Ukraine notamment.
Dimanche soir, Annalena Baerbock a dit que l'Allemagne était prête à permettre à la Pologne de fournir des Leopard. «Si on nous posait la question, nous ne nous opposerions pas», a lâché la ministre écologiste, qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les libéraux. Mais, «pour l'instant, la question n'a pas été posée» par Varsovie.
Le lendemain, Steffen Hebestreit, le porte-parole du chancelier allemand, a reprécisé sa position: «Le gouvernement fédéral n'exclut pas que des chars Leopard soient livrés, il n'a pas encore décidé s'il allait le faire maintenant».
La crainte d'une escalade militaire avec Moscou et les réticences de Berlin à assumer un leadership dans le camp occidental conduisent, selon des analystes, l'Allemagne à hésiter sur l'envoi de ces armes.
Tirs d'artillerie russes
Sur le terrain, des tirs de l'artillerie russe ont fait lundi un mort, un civil, à Antonivka, un village de la région méridionale de Kherson, a déploré son gouverneur, Iaroslav Ianouchevitch.
La veille, un dirigeant de l'autorité locale d'occupation installée par Moscou avait affirmé que l'armée russe progressait en direction de deux localités de la région de Zaporijjia, également dans le sud, où les affrontements avec les troupes de Kiev se sont intensifiés cette semaine.
Un des principaux chefs des séparatistes de l'est de l'Ukraine, Denis Pouchiline, s'est quant à lui affiché à Soledar, une petite ville dont Moscou a revendiqué la prise il y a plus d'une semaine, confirmant lundi à la télévision russe qu'elle avait été «détruite» par les combats.
Pour l'armée russe, la conquête de cette cité est une étape en vue d'encercler Bakhmout, que Moscou cherche à conquérir depuis l'été et où les deux camps sont engagés dans une féroce bataille. Selon M. Pouchiline, les combats s'y «intensifient» et les soldats russes «avancent».
L'Ukraine n'a jusqu'à présent pas reconnu officiellement la perte de Soledar, affirmant continuer de combattre dans sa partie occidentale. Lundi encore, l'administration régionale relevait des «hostilités actives près de Bakhmout et de Soledar», sans autres détails.
L'Afrique du Sud «amie» de la Russie
Sur le front diplomatique, l'Afrique du Sud, critiquée pour sa position «neutre» refusant de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, a franchi un nouveau cap lundi en se proclamant «amie» de la Russie.
L'Estonie va de son côté expulser l'ambassadeur de Russie, une mesure de réciprocité après une décision similaire prise quelques heures auparavant par Moscou à l'égard de l'ambassadeur estonien. Quelques heures après l'annonce de l'Estonie, la Lettonie a, elle aussi, indiqué qu'elle avait demandé à l'ambassadeur russe de partir. Le ministère des Affaires étrangères a motivé sa décision par la poursuite du conflit en Ukraine et «par la solidarité avec l'Estonie et la Lituanie».
Russes et Occidentaux ont multiplié les expulsions de diplomates ces dernières années et plus encore depuis que les Russes ont lancé leur offensive contre l'Ukraine le 24 février 2022. Mais c'est la première fois que des ambassadeurs sont renvoyés dans leur pays depuis le début de la guerre.