Le gouvernement britannique a assuré jeudi que son projet de revenir sur certains engagements pris au moment du Brexit ne menaçait pas la paix en Irlande du Nord. Il réagissait notamment à un sec avertissement du candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden.
Londres a provoqué la colère des Européens en présentant un projet de loi, en cours d'examen au Parlement, qui revient sur l'accord signé en janvier avec les 27 pour encadrer sa sortie de l'Union européenne.
Le texte contredit en particulier des dispositions spéciales prises pour l'Irlande du Nord, afin d'éviter un retour à une frontière avec la République d'Irlande qui pourrait fragiliser l'accord de paix de 1998 qui avait mis fin à trois décennies de violences.
«Nous ne pouvons pas permettre que l'accord du Vendredi Saint, qui a apporté la paix en Irlande du Nord, deviennent une victime du Brexit», a tweeté mercredi Joe Biden, qui a souvent évoqué avec passion ses racines irlandaises.
«Tout accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni est subordonné au respect de l'Accord et à l'absence de retour à une frontière physique. Point», a ajouté le démocrate.
Dominic Raab à Washington
Cet avertissement est intervenu alors que le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab était à Washington pour tenter d'apaiser les inquiétudes de son partenaire américain liées au Brexit.
Interrogé jeudi sur ce tweet, un porte-parole du Premier ministre britannique Boris Johnson a réaffirmé que le projet de loi controversé actuellement débattu au Parlement avait pour but de «précisément s'assurer que l'accord du Vendredi Saint sera respecté en toutes circonstances».
«Nous restons absolument déterminés à ce qu'il n'y ait pas de retour à une frontière physique, ni d'infrastructures frontalières, entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord», a-t-il déclaré aux journalistes.
Le nouveau projet de loi controversé confie au Royaume-Uni seul le pouvoir, censé être partagé avec les Européens, de prendre certaines décisions concernant les procédures douanières et les aides publiques en Irlande du Nord.
Besoin de maintenir les échanges
Boris Johnson a invoqué le besoin de maintenir les échanges entre la province et la Grande-Bretagne après que l'Union européenne a menacé, selon lui, d'imposer un «blocus» alimentaire.
«Le but de tout ceci est de s'assurer que l'accord du Vendredi saint soit respecté», a réaffirmé le porte-parole de Downing Street, ajoutant «continuer à discuter» avec les États-Unis «pour s'assurer que nos positions sont comprises».
Le texte a franchi lundi soir un premier obstacle avec l'approbation initiale du texte par les députés. Pour calmer les velléités de fronde de certains élus de la majorité conservatrices pour la suite, le gouvernement a accepté d'introduire un amendement selon lequel le Parlement devrait donner son feu vert pour déclencher les dispositions litigieuses.
Précisions sur le déclenchement
Sur son site internet, le gouvernement a précisé qu'il ne demanderait au Parlement de les déclencher «que dans le cas où», de son point de vue, «l'UE s'engagerait dans une violation manifeste de son obligation d'être de bonne foi ou autres obligations qui saperaient l'objectif fondamental du protocole sur l'Irlande du Nord».
Il confirme par ailleurs que parallèlement au recours à ces dispositions, «il activerait toujours les mécanismes de résolution des conflits, dans le but de trouver une solution par ce biais».