L'Union européenne (UE) a averti lundi que le Royaume-Uni était prié d'honorer l'accord de retrait signé avec Bruxelles. Malgré la mise en garde, Londres a confirmé son intention de légiférer pour modifier les compromis trouvés avec l'UE sur l'Irlande du Nord.
«Je fais confiance au gouvernement britannique pour mettre en oeuvre l'accord de retrait, une obligation en vertu du droit international et une condition préalable à tout futur partenariat», a tweeté lundi Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
Cette réaction intervient après un article du quotidien britannique «Financial Times». Cet article indiquait que le gouvernement du Premier Ministre britannique Boris Johnson envisageait une nouvelle législation qui menacerait les compromis trouvés en janvier dernier sur le statut de l'Irlande du Nord dans les relations commerciales avec l'UE.
«Essentiel pour protéger la paix et la stabilité sur l'île et l'intégrité du marché unique» selon Ursula von der Leyen, le protocole irlandais vise à éviter le retour d'une frontière physique sur l'île d'Irlande à la fin en décembre de la période transitoire post-Brexit, durant laquelle le Royaume-Uni reste soumis aux règles européennes.
Critiques à Bruxelles
L'article du «Financial Times» a suscité d'autres critiques à Bruxelles. «Tout ce qui a été signé dans le passé doit être respecté», a averti le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit Michel Barnier.
«Si le Royaume-Uni choisissait de ne pas respecter ses obligations internationales, cela saperait sa position internationale», a pour sa part estimé un officiel européen. Un autre diplomate a regretté qu'il n'y ait «eu absolument aucun mouvement côté britannique dans les négociations».
Malgré ces mises en garde du côté de l'UE, un porte-parole de Downing Street a confirmé lundi que le gouvernement britannique prenait «des mesures limitées et raisonnables pour clarifier des éléments spécifiques du protocole d'Irlande du Nord dans le droit interne».
Accord avant le 15 octobre
Autre actualité: les deux parties entament leur huitième séance de pourparlers mardi, afin de conclure un accord de libre-échange. Alors que les négociations entrent dans leur «phase finale», un accord avec l'UE devra être trouvé avant le 15 octobre pour entrer en vigueur avant la fin de l'année, a averti Boris Johnson.
Le chef du gouvernement conservateur, qui répète que le Royaume-Uni ne transigera pas sur son indépendance, fait monter la pression. «L'UE a été très claire au sujet du calendrier. Moi aussi», a-t-il souligné.
Boris Johnson a encore déclaré qu'il trouvait que cela n'avait pas de sens de penser à des échéances qui iraient au-delà. «Si nous n'arrivons pas à nous accorder d'ici là, je ne vois pas d'accord de libre-échange entre nous», a-t-il estimé.
Différends concernant notamment la pêche
Les pourparlers butent notamment sur la pêche et les conditions de concurrence équitable. Le négociateur britannique David Frost avait prévenu dans une interview que le Royaume-Uni ne deviendrait pas «un Etat-vassal» de l'UE, quel que soit l'accord commercial conclu avec les 27.
Son homologue européen Michel Barnier a pour sa part prévenu qu'«il n'y aura pas d'accord commercial (...) sans un accord durable et équilibré sur la pêche». Il a par ailleurs indiqué qu'un accord doit être trouvé d'ici la fin octobre pour permettre une ratification européenne dans les temps.
Sans accord, les règles de l'OMC priment
Faute d'accord avant le 31 décembre, les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec leurs droits de douane élevés et leurs contrôles douaniers poussés, s'appliqueraient. Cela affaiblirait encore des économies déjà frappées de plein fouet par la pandémie.
Boris Johnson a affirmé que, sans accord, la Grande-Bretagne aurait «un accord commercial avec l'UE comme celui de l'Australie», largement moins vaste, mais cela représenterait néanmoins «une bonne issue pour le Royaume-Uni», qui prépare ses infrastructures douanières et portuaires à un tel scénario.
Le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier, près de quatre ans après un référendum historique marquant la fin de presque 50 ans d'appartenance à l'Union européenne.