GuerreL'UE appelle à maintenir durablement le déminage en Ukraine
sn, ats
18.10.2024 - 15:21
La ministérielle de Lausanne sur le déminage humanitaire en Ukraine a donné lieu à des engagements de plus de 40 pays à aider le pays en guerre. Mais cet effort devra être maintenu durablement, affirme le chef de la délégation de l'UE à la conférence.
sn, ats
18.10.2024, 15:21
18.10.2024, 15:44
ATS
«Les défis sont immenses», affirme dans un entretien à Keystone-ATS le directeur des Instruments de politique étrangère (FPI) à la Commission européenne, Peter Wagner. «C'est le moment de faire le bilan» et «d'éviter de faire ce qu'il ne faudrait pas dans les 18 prochains mois».
Il faudra surtout «garder l'attention sur le problème», alors que «les budgets sont sous pression» dans certains pays, explique le responsable européen. «On dit facilement que le pays est l'un des plus contaminés au monde par des mines» mais il faut garantir que cette situation change. Et continuer à discuter sur les chantiers à faire avancer en premier.
La ministérielle de Lausanne a montré que la communauté internationale a progressé en un an sur son expertise sur les nouveaux moyens de financement et les innovations technologiques, selon lui. Autre composante positive, l'Ukraine «a été capable, avec ses partenaires, dont le rôle clé de la Suisse, d'activer un soutien énorme», «davantage que d'habitude», ajoute M. Wagner.
Désormais, presque tous les pays sont présents dans le déminage humanitaire. De son côté, l'UE va poursuivre son assistance sur la gouvernance. Le cadre juridique et l'organisation en Ukraine «ne sont pas toujours entièrement adaptés à la situation», même si la situation s'améliore progressivement, glisse le directeur du FPI.
Sans parler de la menace de corruption toujours présente. Une préoccupation alors que l'UE et ses Etats membres ont alimenté environ d'un tiers du milliard d'euros de l'aide internationale à l'Ukraine dans le déminage. «C'est beaucoup d'argent», précise l'Allemand.
Il faut éviter de dupliquer les efforts et garantir que des structures ukrainiennes puissent oeuvrer. En deux ans, l'UE a dépensé près de 70 millions d'euros et ses 27 pays environ 250 millions.
Outre le soutien à la gouvernance, Bruxelles a livré du matériel, inhabituel pour elle, a soutenu des innovations technologiques et a aidé des ONG. «Notre cadre juridique est plus flexible que celui de pas mal d'Etats membres», estime le directeur du FPI.
L'UE a financé l'aide du Centre international de déminage humanitaire de Genève (GICHD) et d'autres acteurs pour établir la nouvelle politique ukrainienne sur cette question jusqu'en 2033. Comme la Suisse et la plupart des autres Etats, elle fait du déminage une précondition pour le rétablissement du pays après la guerre.
Aujourd'hui, jusqu'à un quart de l'Ukraine pourrait être contaminée, selon les estimations. Il était clair dès la reconquête de territoires après l'offensive russe qu'"il fallait aller au-delà du soutien traditionnel» des donateurs, affirme M. Wagner. «C'est tout simplement trop grand» et «les défis étaient insurmontables» pour les Ukrainiens, ajoute celui qui avait piloté jusqu'en 2020 le Groupe de soutien à l'Ukraine au sein de la Commission.
Et dans son mandat, M. Wagner dirige aussi le bras opérationnel de la Facilité européenne pour la paix, une approche extra-budgétaire qui permet d'apporter du soutien militaire. L'acheminement de matériel létal porte surtout sur l'Ukraine. «C'est une approche tout à fait différente qui change un peu la donne», selon lui.
Mais il ne veut pas pour autant y voir l'affirmation d'une véritable puissance européenne de défense, pas plus que dans la nomination d'un commissaire sur cette question dans le prochain exécutif européen. L'argent vient toujours des Etats membres et les instruments européens restent les mêmes, nuance-t-il.
Un mécanisme ciblé sur l'Ukraine a été lancé. «Il est important de soutenir les Ukrainiens dans leur défense», aux côtés de l'aide au déminage, précise encore le directeur.