Trêve pascale Macron et Le Pen reprennent leur souffle avant le sprint final

ATS

17.4.2022 - 16:11

À une semaine du second tour de l'élection présidentielle, rien n'est joué entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ils se sont accordé un court repos en ce dimanche de Pâques, dans une campagne électrique où chacun tente de rassembler au-delà de son camp.

Marine Le Pen s'est défendue d'être "climatosceptique", après des accusations de son rival Emmanuel Macron.
Marine Le Pen s'est défendue d'être "climatosceptique", après des accusations de son rival Emmanuel Macron.
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Dans ce duel à couteaux tirés, qu'ont continué à entretenir leurs soutiens respectifs au travers des médias, le président sortant a un léger avantage sur sa rivale d'extrême droite, si l'on en croit les sondages d'opinion.

Il l'emporterait dimanche prochain dans une fourchette de 53 à 55,5% contre 44,5 à 47% pour Marine Le Pen, en légère progression mais dans la marge d'erreur et, donc, pas à l'abri d'un faux pas ou d'une forte mobilisation de l'électorat anti-Macron.

L'enjeu de ce second tour est de convaincre les indécis et les abstentionnistes, qui étaient au premier tour plus de 26% de la population en âge de voter.

Le Pen «sereine»

Le débat télévisé mercredi soir entre les deux rivaux jouera un rôle décisif. En 2017, la candidate du Rassemblement national avait sombré face à Emmanuel Macron. Elle estime être mieux préparée cette fois et se dit «extrêmement sereine».

En attendant, elle a passé un dimanche de Pâques sans rendez-vous et avec un seul média enregistré la veille: l'émission «Dimanche en politique» sur France 3.

Elle s'est défendue d'être «climatosceptique», après des accusations samedi à Marseille de son rival, et a répondu avoir «un projet qui précisément tient compte de l'environnement».

Ses lieutenants sont de leur côté revenus sur son projet d'interdiction du voile dans l'espace public: il n'est plus la priorité dans la lutte contre l'islamisme.

L'interdiction est un «objectif à terme», selon le président du RN Jordan Bardella, qui distingue «le voile pour les Françaises (...) issues de l'immigration dans les années 60-70» et «le voile devenu aujourd'hui un instrument de pression des fondamentalistes islamiques».

«Boule puante»

Le camp Le Pen est monté dimanche au créneau sur un autre sujet, celui des accusations de détournement d'argent public européen visant leur candidate, en dénonçant «une boule puante».

Marine Le Pen et ses proches sont accusés par l'office européen de lutte antifraude d'avoir détourné environ 600'000 euros (611'000 francs) d'argent public européen au cours de leurs mandats d'eurodéputés, selon un nouveau rapport remis en mars à la justice française et révélé samedi par Mediapart.

Depuis le premier tour, la stratégie de Mme Le Pen vise à asseoir sa crédibilité, et continuer à lisser son image.

Elle maintient la thématique du pouvoir d'achat, plutôt que l'immigration, et oppose deux France, celle des «élites» favorables selon elle à Emmanuel Macron et l'autre, populaire, qu'elle prétend incarner.

Son programme économique ne convainc pas le prix Nobel Jean Tirole, qui a jugé, dans une tribune parue dans La Dépêche du Midi, qu'il est «dissimulateur et non financé» et «appauvrira durablement notre pays».

Côté syndicats, Laurent Berger et Philippe Martinez, secrétaires généraux respectivement de la CFDT et de la CGT, ont appelé à «ne pas confier les clés de la démocratie» à la candidate RN, dans un texte commun paru dans le Journal du dimanche, sans toutefois mentionner le nom d'Emmanuel Macron.

Macron veut convaincre

Entré tardivement en campagne, le président sortant se démultiplie en cherchant à mobiliser, convaincre et être «à l'écoute» des Français.

A Marseille samedi, il a fait un long plaidoyer en faveur de l'écologie – thématique cruciale à gauche et notamment chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon -, tout en appelant au rassemblement derrière lui face à la montée de l'extrême droite.

Mais selon la consultation lancée par M. Mélenchon auprès de ses 310.000 soutiens en ligne en vue du second tour, le vote blanc ou nul (37,65%) est en tête. Additionnés, le vote blanc ou nul et l'abstention (près de 29%) sont nettement majoritaires, tandis que le vote Macron ne représente qu'un tiers.

Pour le leader LFI, 3e homme du premier tour, ce résultat «n'est pas une consigne donnée à qui que ce soit». Seul message martelé par M. Mélenchon dès le 10 avril au soir: «pas une seule voix» à Mme Le Pen. Il sera mardi l'invité de BFMTV pour ses premières déclarations publiques depuis le premier tour.

Les écologistes – qui ont eux appelé à voter Macron – accueillent avec scepticisme le verdissement du discours du président sortant. «Il n'y a aucune raison de croire véritablement ses promesses», a déclaré dimanche le patron d'EELV Julien Bayou.

Emmanuel Macron peut toutefois se prévaloir d'un nombre croissant de soutiens, de gauche comme de droite, caressant l'espoir d'une recomposition politique majeure.

Après les sportifs, nombre de personnalités du monde de la culture, puis dimanche un millier d'acteurs du secteur de la santé, ont appelé à voter pour lui au second tour pour faire barrage à l'extrême droite.

ATS