La gauche dans le viseur Macron et Le Pen s'affrontent à distance

ATS

14.4.2022 - 20:47

Marine Le Pen s'en rendue à Avignon, une ville remportée par Jean-Luc Mélenchon au premier tour.
Marine Le Pen s'en rendue à Avignon, une ville remportée par Jean-Luc Mélenchon au premier tour.
ATS

Le président sortant Emmanuel Macron et la candidate d'extrême droite Marine Le Pen se sont affrontés à distance jeudi. Les deux candidats ont voulu séduire l'électorat de gauche de Jean-Luc Mélenchon, arbitre du second tour de la présidentielle française le 24 avril.

Pour leur déplacement de campagne du jour, les deux finalistes avaient choisi des villes ayant placé en tête le candidat d'extrême gauche au premier tour du scrutin dimanche. Au niveau national, il est arrivé troisième, avec 21,95% des suffrages, derrière la candidate du Rassemblement national (23,15%) et celui de La République en Marche (27,85%).

Le président sortant, donné gagnant au second tour dans les sondages avec 53 à 55% des suffrages, avait opté pour le port du Havre (nord-ouest). Il a défendu, dès son arrivée, les éoliennes, un message clair en direction de la gauche et des écologistes.

«Sortir du renouvelable est une aberration complète, nous serions le seul pays au monde à le faire», a déclaré Emmanuel Macron à la radio France Bleu. «Dans le projet de Madame Le Pen, avec stupeur, j'ai en effet découvert (...) qu'on dépenserait des centaines de millions d'euros à démonter des éoliennes existantes».

«Quinquennat de désolation sociale»

A plus de 800 kilomètres de là, sa rivale du Rassemblement national (RN) a riposté en début de soirée, en fustigeant un «quinquennat de désolation sociale et de déconstruction nationale» devant quelque 4000 militants à Avignon, dans le sud.

Mme Le Pen a appelé à faire barrage «à cette caste qui nous gouverne avec arrogance, ce pouvoir de quelques-uns au bénéfice de quelques-uns, ce pouvoir de l'entre-soi où règnent cooptation, népotisme qu'illustrent parfaitement les affaires».

Des clins d'oeil appuyés en direction de l'électorat de gauche et plus largement l'électorat populaire dont les suffrages devraient, comme lors de la présidentielle de 2017 qui avait déjà placé à l'affiche Marine Le Pen et Emmanuel Macron, faire la différence dans les urnes le 24 avril.

Ecologie et retraites

A dix jours du scrutin, le président sortant semble partir avec une petite longueur d'avance. Selon un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express publié mercredi, 35% des personnes interrogées ayant voté pour M. Mélenchon entendent voter pour M. Macron au second tour, contre 27% pour la candidate d'extrême droite.

Mais 38% des électeurs du leader de la France insoumise (LFI, gauche radicale) n'expriment pas d'intention de vote. Conscients de l'enjeu, les deux finalistes ont multiplié les sorties sur les sujets étiquetés à «gauche».

Au-delà des éoliennes, Emmanuel Macron a également cité M. Mélenchon sur la planification écologique ou Yannick Jadot, le candidat écologiste, sur l'économie circulaire et la «sobriété».

Lundi, le président-candidat avait aussi lancé un signal à l'électorat populaire, en entrouvrant la porte à un départ en retraite à 64 ans au lieu de 65 ans d'ici 2032 dans son programme (contre 62 ans actuellement). Une concession inattendue.

Choix cornélien

Marine Le Pen a pour sa part dès dimanche soir vanté un projet de «justice sociale» et de «protection» avant de dénoncer jeudi en Emmanuel Macron «l'homme de la répression brutale de toutes les manifestations, pas seulement des 'Gilets jaunes'», mouvement populaire ayant secoué la France fin 2018.

Très courtisé, Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé ses électeurs à ne «pas donner une seule voix» à Marine Le Pen, a lancé mercredi en vue du second tour une consultation de ses soutiens qui s'achèvera samedi.

De son côté, l'ancien président François Hollande a annoncé jeudi soir qu'il voterait pour M. Macron. «L'essentiel, c'est la France et sa cohésion» et «son avenir européen» alors que la candidate du RN Marine Le Pen «remettrait en cause nos principes» et «nos valeurs», a déclaré l'ancien dirigeant socialiste.

Sorbonne occupée

Sur le terrain, de premières manifestations ont vu le jour, notamment à Paris où une centaine d'étudiants se sont réunis jeudi devant la grande école Sciences Po Paris pour dire «non à l'extrême droite» et alerter sur les questions écologiques et sociales. L'emblématique université parisienne de la Sorbonne était occupée par des étudiants dénonçant le «faux choix» entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Des dizaines de manifestations sont prévues en France samedi pour dire «non» à l'extrême droite, à l'appel de nombreuses organisations et de syndicats, avec pour mot d'ordre: «Contre l'extrême droite et ses idées, pas de Marine Le Pen à l'Elysée».