France Macron face aux maires d'Outre-mer

ATS

1.2.2019 - 21:50

Emmanuel Macron a demandé aux maires ultramarins d'apporter leur «part de vérité» pour contribuer au grand débat.
Emmanuel Macron a demandé aux maires ultramarins d'apporter leur «part de vérité» pour contribuer au grand débat.
Source: KEYSTONE/EPA AP POOL POOL/MICHEL EULER / POOL

Emmanuel Macron a été interpellé vendredi sur les nombreux problèmes des territoires d'Outre-mer, à l'occasion du grand débat avec des maires ultramarins. Un débat très différent des trois premiers auxquels a participé le chef de l'Etat depuis la mi-janvier.

Venus des Antilles, de Réunion, Mayotte ou de Guyane, la centaine d'élus ont mis sur la table les mêmes problèmes que ceux soulevés par les «gilets jaunes»: pouvoir d'achat, accès aux services publics, éloignement des centres de décision... Mais souvent avec une gravité bien supérieure en raison d'un coût de la vie supérieur ou de l'isolement des territoires ultramarins.

«On ne peut pas dire qu'on n'a rien fait au fil des années», mais «à chaque fois on fait le même constat et ce sont les mêmes problèmes qui reviennent: pouvoir d'achat, logement, santé, sécurité, immigration», a résumé Marie-Luce Penchard, maire de Basse-Terre en Guadeloupe.

Faible mobilisation

La crise liée au mouvement des «gilets jaunes» est «très grave et très profonde», a souligné Emmanuel Macron en introduisant le débat. Mais, a-t-il précisé, les territoires ultramarins n'ont pas «tous été touchés de la même façon par ce mécontentement».

Les «gilets jaunes» ont en effet peu mobilisé Outre-mer, même si plusieurs mouvements sociaux ot déjà reflété l'exaspération de la population - comme aux Antilles en 2009, en Guyane en 2017 ou à Mayotte en 2018. Seule La Réunion a connu son mouvement de «gilets jaunes», qui ont bloqué l'île pendant quinze jours en décembre, pour dénoncer la vie chère et les inégalités sociales.

«Votre part de vérité»

«Dites les choses de manière directe, et apportez votre part de vérité», a demandé M. Macron aux maires, dont certains avaient fait près de 10'000 km à leurs frais pour venir débattre avec lui. Il a été pris au mot par plusieurs d'entre eux, qui l'ont longuement interpellé sur les spécificités, très diverses, de leur territoire.

Ainsi, des maires antillais ont réclamé le classement en catastrophe naturelle pour se faire indemniser par les assurances les dégâts causés par les sargasses, ces algues brunes aux émanations toxiques qui s'échouent sur les plages. Mais le chef de l'Etat a rappelé une nouvelle fois «qu'on ne parle plus de risque quand ça devient annuel. Il faut collectivement s'organiser».

De vifs échanges ont également porté sur le chlordécone, insecticide longtemps utilisé dans les bananeraies aux Antilles. Le président a estimé qu'on ne pouvait pas actuellement parler de produit «cancérigène».

Concernant la vie chère, Emmanuel Macron a mis en cause les sur-rémunérations de fonctionnaires et les situations de monopoles. «La vie chère est entretenue par le fait qu'il y a une dualité des rémunérations en Outre-mer», a-t-il souligné. Il a aussi ciblé «les filières monopolistiques ou oligopolistique» qui rendent par exemple une même voiture beaucoup plus chère à la vente qu'en métropole.

Déjà beaucoup de débats

Le président a rappelé que, dans les territoires ultramarins, il y avait déjà eu «beaucoup de débats» avec les assises des Outre-mer, une grande consultation de huit mois qui a aboutit en juin 2018 au «Livre bleu Outre-mer».

Dans cette «feuille de route», le gouvernement a pris des engagements pour ces territoires qui cumulent difficultés sociales et économiques. «L'action commence», a assuré Emmanuel Macron.

Mais certains maires soulignent que sur le terrain, les besoins sont toujours là, malgré ces assises et les nombreuses consultations précédentes.

Rencontre avec les chefs de partis

Dans le cadre du grand débat, Emmanuel Macron recevra la semaine prochaine les chefs des groupes et de partis politiques représentés à l'Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen, a par ailleurs indiqué l'Elysée, sans préciser de date exacte pour ces rendez-vous.

Le président de la République est par ailleurs attendu lundi à Evry-Courcouronnes, en banlieue parisienne pour rencontrer élus et associations franciliens, puis jeudi pour rencontrer des jeunes en Saône-et-Loire.

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