Législatives«Macron humilié», «ils sont fous, ces Français»: la percée du RN vue par la presse étrangère
AFP
1.7.2024
Au lendemain du succès de l'extrême droite au premier tour des élections législatives en France, la presse européenne pointe lundi «l'échec» cinglant du président français Emmanuel Macron jugé responsable.
AFP
01.07.2024, 15:23
01.07.2024, 16:40
Marc Schaller
Les médias allemands sont particulièrement à l'attaque, trois semaines après le séisme politique provoqué par Emmanuel Macron avec sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale au soir des élections européennes.
Dimanche, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés sont arrivés en tête des suffrages et ont obtenu leur meilleur score au premier tour d'un scrutin, avec 33,14% des suffrages et 10,6 millions de voix.
«Si les lepénistes arrivent au pouvoir, ce sera aussi son échec»
Le Süddeutsche Zeitung (journal libéral de gauche) dénonce «le coup de poker» de Macron qui «a ouvert en grand la porte à l'extrême droite».
«Si les lepénistes arrivent au pouvoir, ce sera aussi son échec, sa faute», analyse le journal, car «son optimisme et son autoglorification entrent tellement en conflit avec le pessimisme des Français que beaucoup veulent simplement le voir partir».
Pour Die Welt (conservateur-libéral), «cette élection enterre le macronisme» et un président qui «a fait le mauvais calcul» avec sa stratégie «moi ou le chaos».
Le Frankfurter Allegemeine Zeitung (également conservateur-libéral) fustige «la réaction inconsidérée aux élections européennes» du président français. «Le pays se dirige vers une cohabitation, peut-être vers un blocage de son système politique. La France pourrait être absente de l'UE et de l'OTAN pendant des années. Cela ferait plaisir à Moscou», assène le quotidien.
«Ils sont fous, ces Français», affirme en Une le journal espagnol Diari de Tarragona.
«La droite française humilie Macron»
«La droite française humilie Macron» écrit The Times en Une. Une vision partagée par le tabloïd Daily Mail, qui écrit que le chef de l'Etat français a «ouvert la porte à l'instabilité économique et politique».
«Ce n'est pas seulement une crise pour la France. C'est une crise pour l'Union européenne, avec un des ses principaux membres fondateurs qui aura un parlement, et peut-être un gouvernement rempli d'eurosceptiques», avance encore le journal, fervent défenseur du Brexit en 2016.
En Italie - pays de la dirigeante d'extrême droite Giorgia Meloni- le premier tirage du pays Il Corriere della Sera est cinglant : «la droite française est passée hier des héritiers de de Gaulle à ceux de Vichy et de l'Algérie française, une France provinciale et rancunière qui se croyait battue par l'Histoire».
«L'Histoire dira si Macron a été l'homme qui a retardé cette inquiétante métamorphose ou celui qui a offert la France à la nouvelle droite», résume le journal.
Le quotidien de centre-gauche La Repubblica ou encore le journal turinois la Stampa relèvent néanmoins que «rien n'est encore fait», en saluant les accords de désistement annoncés pour contrer le RN.
«La vague Le Pen efface l'aura de pouvoir de Macron»
En Suisse, le grand quotidien germanophone TagesAnzeiger, titre : «La vague Le Pen efface l'aura de pouvoir de Macron». Et de déplorer que «le pays des Lumières, des droits de l'homme et du cosmopolitisme dérive plus à droite que jamais – et peut-être vers l'obscurité, l'isolement et la xénophobie».
«La démocratie française parle et elle fait peur», juge de son côté l'éditorial du quotidien francophone suisse de référence Le Temps.
Enfin, de l'autre côté de la Méditerranée, un éditorial du quotidien indépendant libanais de langue française L'Orient-Le Jour conclut que «La France n'est pas un îlot». «Ce qui s'y joue s'inscrit essentiellement dans une dynamique qui la dépasse et que l'on pourrait résumer ainsi : les démocraties sont en crise, les États-nations sont profondément fracturés, l'Occident vit dans le sentiment réel ou fantasmé du déclin».
Et «tout cela provoque naturellement des peurs, des angoisses et des replis identitaires dont le populisme d'extrême droite se nourrit comme aucun autre mouvement».