Dans la tempêteMacron sous pression pour nommer un Premier ministre
ATS
8.12.2024 - 17:10
A la veille de nouvelles consultations politiques, Emmanuel Macron est sous la pression de son camp: la présidente de l'Assemblée nationale lui demande de nommer rapidement un Premier ministre et le centriste François Bayrou se dit prêt «à aider» sans se déclarer formellement pour Matignon.
Keystone-SDA
08.12.2024, 17:10
ATS
La France insoumise dénonce, de son côté, une «trahison» des socialistes s'ils rejoignaient le futur gouvernement.
La parenthèse, ouverte samedi avec la réouverture de Notre-Dame devant un parterre de chefs d'Etat et de gouvernement, n'aura pas duré longtemps pour Emmanuel Macron. «On ne peut pas continuer comme ça», a averti dimanche le président du MoDem François Bayrou, resté silencieux depuis la censure du gouvernement Barnier.
«Si je peux aider à ce qu'on sorte de tout ça, je le ferai», a ajouté le maire de Pau, pressenti – parmi d'autres – pour Matignon.
Bloc central élargi
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a, de son côté, exhorté le chef de l'Etat à nommer «rapidement» un nouveau Premier ministre, «dans les prochaines heures» alors qu'Emmanuel Macron doit encore recevoir lundi à l'Elysée les communistes et les écologistes, mais pas les Insoumis qui ont décliné l'invitation.
A l'instar de plusieurs macronistes, dont le chef de file des députés Gabriel Attal, elle milite pour constituer un bloc central élargi allant des Républicains aux socialistes. «Si on additionne le socle commun, le groupe (indépendant) Liot et le PS, on arrive à 299» députés, a-t-elle relevé. «Là vous avez une majorité, et donc il n'y a plus de censure possible».
Et d'appeler à «un programme d'action» commun entre ces groupes politiques, autour notamment de la question des soins, l'agriculture, la simplification, la décentralisation et «pourquoi pas» la proportionnelle.
Main tendue
Cette main tendue à gauche n'est pas du goût du président du Rassemblement national Jordan Bardella. Ce sera «l'alliance de tout et son contraire. Tout ça pour empêcher des millions d'électeurs qui ont voté pour le RN de voir leurs idées exprimées», a-t-il commenté.
Le parti lepéniste n'a pas été convié à l'Elysée, mais M. Bardella demande à être reçu par le prochain locataire de Matignon afin d'«exprimer clairement les lignes rouges» de son parti. «Vous ne pouvez pas faire comme si on n'était pas là», a-t-il mis en garde. Marine Le Pen a déjà prévenu qu'elle pourrait voter à nouveau une motion de censure.
«Fait accompli»
A gauche, deux lignes s'affrontent. D'un côté, socialistes, écologistes et communistes appellent, à des degrés divers, à la discussion. De l'autre, La France insoumise brandit la menace de l'explosion de la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP).
Si les socialistes rejoignent le futur gouvernement, «le Nouveau Front populaire continuera sans eux. Nous refusons de gouverner avec ce bloc de droite à la dérive», avertit Jean-Luc Mélenchon.
Le tribun ne ménage pas ses attaques contre le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Il «ne décide pas tout seul», assène-t-il, fustigeant la démarche du dirigeant socialiste qui a rencontré vendredi M. Macron pour lui proposer des «concessions réciproques».
«Nous avons été mis devant le fait accompli», déplore M. Mélenchon, dénonçant la «méthode extrêmement brutale» et «personnelle» d'un Olivier Faure qui «bluffe», et «veut être Premier ministre pour la gauche» alors que son parti «a fait 1,67% à l'élection présidentielle» de 2022.
Même réserve du côté du député insoumis Eric Coquerel. «Je pense qu'Emmanuel Macron balade tout le monde. Il ne nommera pas un Premier ministre de gauche», comme le veut Olivier Faure, prévient-il.
Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale dénonce une stratégie du chef de l'Etat visant uniquement à «diviser le Nouveau Front populaire». Il refuse, comme la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, de «trahir les électeurs».