ImpopularitéMacron n'a convaincu ni l'opposition, ni les syndicats, ni la grande majorité des Français
olpe
18.4.2023 - 16:20
Le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi soir de nombreux chantiers de réforme, pour tenter de tourner la page de celle des retraites. Il n'a toutefois convaincu ni l'opposition, ni les syndicats, ni la grande majorité des Français, chez qui son impopularité ne cesse de croître.
18.04.2023, 16:20
ATS
«Nous avons devant nous cent jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France», a-t-il affirmé lors d'une allocution télévisée lundi soir, en demandant aux partenaires sociaux de construire «un nouveau pacte» sur le travail.
Le chef de l'Etat a ouvert des chantiers de réformes tous azimuts, repris ensuite par ses principaux lieutenants. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a notamment souhaité «un projet de loi fort» sur l'immigration, une thématique généralement populaire en France, quand celui du Budget Gabriel Attal s'est engagé à «continuer à bâtir un plan Marshall pour les classes moyennes».
Macron veut un «pacte de la vie au travail» d'ici la fin de l'année
Emmanuel Macron dit vouloir donner aux partenaires sociaux «jusqu'à la fin de cette année» pour «bâtir» le «pacte de la vie au travail» qu'il appelle de ses voeux pour tourner la page de la crise des retraites, à l'ouverture d'une réunion avec le pat
18.04.2023
Besoin de temps
Mardi, Emmanuel Macron recevait le patronat français, à qui il a annoncé vouloir «accélérer» une réforme des lycées professionnels pour une présentation «d'ici à l'été», tout en appelant à «bâtir» un «pacte de la vie au travail» d'ici «la fin de l'année». Mais les syndicats, qu'il avait également conviés, ont décliné son invitation.
Le patronat s'est montré assez circonspect quant au calendrier. Cent jours, c'est «trop court pour arriver à des conclusions et avoir le temps de la négociation», et «on aura le temps qu'il faudra», a dit le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux à sa sortie de l'Elysée, rappelant qu'il avait fallu sept mois pour aboutir à un accord entre partenaires sociaux sur le partage de la valeur.
Popularité en berne
Après trois mois de contestation de la réforme des retraites, passée en force par l'exécutif, sans vote à l'Assemblée, puis promulguée dans la précipitation dans la nuit de vendredi à samedi, la méthode Macron n'attire plus que critiques hors de son camp.
La cote de popularité du président s'effondre, à 28% d'avis favorables, soit son score le plus faible en quatre ans, égal aux «niveaux records mesurés pour (ses prédécesseurs) Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy au moment où ces derniers avaient atteint le niveau le plus bas de leur popularité», selon l'institut de sondage Ipsos.
Lundi soir, des concerts de casseroles étaient organisés pendant son allocution dans plusieurs grandes villes françaises. L'objectif des manifestants était de montrer qu'ils ne souhaitaient pas l'écouter.
Des manifestations sauvages ont parfois suivi, émaillées de dégradations, en rappel des incidents survenus ces dernières semaines, alors que des centaines de milliers de Français ont défilé régulièrement contre le projet de réforme des retraites depuis mi-janvier.
«Incarnation du rejet»
«Macron a voulu incarner personnellement le pouvoir en prenant toute la lumière dans les bons moments, mais du coup il est aussi l'incarnation du rejet de sa politique», indique Antoine Bristielle, analyste à la fondation Jean Jaurès, qui constate un «gouffre assez indépassable entre la population, son président et son gouvernement».
«En plus, l'idée de parler de concertation, d'apaisement, alors que sur les retraites on lui a reproché sa brutalité, cela peut être mal perçu par des acteurs comme les syndicats», poursuit-il pour l'AFP. «Il prône l'inverse de ce qu'il a fait pendant trois mois.»
Rien de concret
Immédiatement après l'intervention présidentielle, regardée par 15,1 millions de téléspectateurs, le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT Laurent Berger a fustigé «un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret». «On ne répond pas quand on nous siffle», s'est-il agacé, alors que les syndicats ont appelé à des manifestations massives le 1er mai, jour de la Fête du travail.
Emmanuel Macron «doit être le seul en France à croire que cette intervention (...) va servir à quelque chose», a ironisé le député Jean-Philippe Tanguy (RN). «Nous continuerons de nous battre», a de son côté promis le leader communiste Fabien Roussel.
Emmanuel Macron, peu présent sur la scène nationale pendant toute la crise des retraites, doit retourner mercredi sur le terrain avec un déplacement dans l'est de la France.