Présidentielle Emmanuel Macron : Le Pen est «dépendante de la Russie»

ro

11.4.2022 - 22:23

Emmanuel Macron s'est dit prêt lundi, au premier jour de la campagne du second tour, à «bouger» sur sa réforme des retraites, un sujet qu'il a évoqué lors d'un déplacement dans le nord de la France. Marine Le Pen a elle mis en garde contre la montée de l'inflation.

Emmanuel Macron s'est dit prêt lundi, au premier jour de la campagne du second tour, à «bouger» sur sa réforme des retraites, un sujet qu'il a évoqué lors d'un déplacement dans le nord de la France.
Emmanuel Macron s'est dit prêt lundi, au premier jour de la campagne du second tour, à «bouger» sur sa réforme des retraites, un sujet qu'il a évoqué lors d'un déplacement dans le nord de la France.
KEYSTONE

Keystone-SDA, ro

A Carvin, dans le Pas-de-Calais, M. Macron a déclaré être prêt à «ouvrir la porte» à un report de l'âge de départ à 64 ans, plutôt qu'à 65 ans comme cela figure dans son programme, «s'il y a trop de tensions» et que cela peut «bâtir un consensus».

«Je suis prêt à bouger le rapport au temps et dire qu'on ne fait pas forcément une réforme jusqu'en 2030 si je ressens trop d'angoisse chez les gens. Parce qu'on ne peut pas dire le dimanche soir 'je veux rassembler' et quand on va écouter les gens dire 'je ne bouge pas'», a-t-il souligné.

Plus tôt, à Denain, une des villes les plus pauvres de France, il a été assailli d'interpellations et de questions sur le sujet. Une femme lui a lancé: «J'ai voté pour vous mais je le regrette, vous n'aimez pas beaucoup les retraités».

Turbo

Bains de foule sous un soleil printanier, interviews à la chaîne, notamment sur la banquette d'un bistrot, rencontre avec des ouvriers: après une campagne de premier tour jugée trop légère, le président-candidat a mis le turbo.

«Je me battrai de toutes mes forces et j'irai convaincre», a-t-il dit à la Voix du Nord. Et d'étriller au passage sa rivale, une «démagogue qui dit aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre au moment où ils veulent l'entendre», et qui est «dépendante de la Russie», a-t-il accusé.

M. Macron est arrivé en tête du premier tour dimanche avec 27,85% des voix, plus de quatre points devant la candidate RN (23,15%). Il a lancé dès dimanche soir un appel au rassemblement.

«Convaincre et écouter»

Le candidat a dit vouloir «convaincre, écouter aussi», pour «clarifier mon programme en montrant qu'il est juste et social. J'ai vu beaucoup de jeunes qui m'ont dit 'j'ai voté M. Mélenchon', j'essaie de les convaincre», a-t-il affirmé à Denain.

Avec 21,95% des voix, le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a fait, de très loin, le meilleur score de gauche avec un électorat jeune et populaire, très courtisé par les deux qualifiés du second tour.

Image lissée

Pour sa rivale d'extrême droite, pas question de laisser le champ libre à son adversaire. Elle a effectué un déplacement surprise dans l'Yonne lundi, pointant la montée de l'inflation.

Après une rencontre avec un agriculteur céréalier, elle a appelé à prendre «des mesures d'urgences» contre l'inflation qui va s'aggraver. Elle a rappelé sa proposition de baisser la TVA de 20 à 5,5% sur les produits de l'énergie.

Marine Le Pen a accusé son adversaire d'être «100%» responsable des crises, comme celle des «gilets jaunes», et de ne pas anticiper celle de l'inflation. «On est clairement au bout du système», a-t-elle assuré. «Il faut vraiment remettre tout à plat».

La candidate RN, qui a lissé son image tout en gardant un programme radical sur l'immigration, a fait de la défense du pouvoir d'achat l'axe prioritaire de sa campagne.

«Critique»

Pour le directeur d'Ipsos, Brice Teinturier, «Emmanuel Macron part avec un petit avantage. Mais on est loin de ce que nous avions en 2017. Et là, très clairement, c'est Jean-Luc Mélenchon, ou plutôt son électorat, qui détient en grande partie la clé de ce second tour».

Selon un sondage Ifop-Fiducial publié lundi soir, M. Macron l'emporterait le 24 avril avec 52,5% des suffrages contre 47,5% pour Mme Le Pen. Le premier tour a, par ailleurs, consacré la relégation des deux partis de gouvernement de la Ve République, LR et PS, qui réalisent le pire score de leur histoire, Valérie Pécresse ayant récolté 4,78% des voix et Anne Hidalgo 1,75%.

Pour Les Républicains, la situation financière est «critique», selon leur candidate Valérie Pécresse. Le parti ne sera pas remboursé de «7 millions d'euros» de frais et ne peut pas «faire face à ces dépenses», a-t-elle ajouté depuis le siège du mouvement.

Mme Pécresse a aussi déclaré être «endettée personnellement à hauteur de 5 millions d'euros». C'est pourquoi «j'ai besoin de votre aide, d'urgence, d'ici le 15 mai» car «il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine», a-t-elle lancé devant la presse.

Les dirigeants du parti sont parvenus à se mettre d'accord sur une position commune en vue du second tour: «Aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen» dont «le projet politique et économique nous conduirait au chaos», a rapporté le président de LR Christian Jacob.