Venezuela Maduro réclame la fidélité de l'armée

ATS

2.5.2019 - 19:38

Le président Nicolas Maduro (au centre) a rencontré des soldats de l'armée vénézuélienne.
Le président Nicolas Maduro (au centre) a rencontré des soldats de l'armée vénézuélienne.
Source: KEYSTONE/EPA EFE/Press office of Miraflores/HANDOUT

Le président vénézuélien Nicolas Maduro, contesté par la rue, s'est assuré jeudi la loyauté de l'armée, pilier du pouvoir vénézuélien. Mercredi, de nouvelles manifestations à l'appel du président auto-proclamé Juan Gauaido ont été émaillées de heurts.

«Oui, nous sommes en plein combat, le moral doit être au maximum dans cette lutte pour désarmer tous les traîtres, tous les putschistes», a asséné le chef de l'Etat. Il s'exprimait devant 4500 soldats rassemblés à Caracas dans la cour du Fort Tiuna, la principale caserne du Venezuela. La cérémonie était retransmise à la radio-télévision.

«Loyauté toujours, trahison jamais!«, a dit le président vénézuélien, flanqué de son ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, et de plusieurs hauts gradés. Ce discours s'inscrit dans la continuité de la chasse aux «traîtres» que Nicolas Maduro a lancée dès mardi soir, lorsqu'il a affirmé avoir déjoué l'«escarmouche putschiste» entreprise par un groupe de militaires entrés en rébellion pour rejoindre Juan Guaido.

L'armée, clé du pouvoir

Nicolas Maduro l'a d'ailleurs affirmé mercredi soir: il n'«hésitera pas» à l'heure d'incarcérer les «traîtres» responsables de ce soulèvement. L'armée est un acteur fondamental dans l'équilibre du pouvoir vénézuélien. Elle tient le secteur pétrolier, le poumon économique du Venezuela, dont le pays tire 96% de ses revenus, et plusieurs ministères.

Au cours de la cérémonie de jeudi, le général Padrino a d'ailleurs réaffirmé la «loyauté» des troupes «au commandement suprême des Forces armées, le seul et unique président, le président Nicolas Maduro».

Juan Guaido, entouré de 27 «courageux soldats», avait lancé son appel au soulèvement depuis les abords de la base aérienne militaire de La Carlota. Mais cette tentative s'est dégonflée au cours de la journée. Quelque 25 militaires rebelles ont demandé l'asile à l'ambassade du Brésil à Caracas.

Puis une des figures de l'opposition, Leopoldo Lopez, qui était assigné à résidence depuis 2017 et était apparu aux côtés de M. Guaido, s'est réfugié dans l'ambassade d'Espagne.

L'option militaire américaine

Mais cet appel a provoqué des manifestations monstres des pro-Guaido dans tout le Venezuela, émaillées de violents heurts. Mercredi, les partisans de Juan Guaido ont de nouveau manifesté par milliers. Là encore, des échauffourées ont éclaté entre des manifestants et la Garde nationale bolivarienne épaulée par la police.

Jeudi, l'opposition et des familles ont annoncé la mort de deux jeunes Vénézuéliens de 16 et 14 ans, blessés par balle dans les heurts des deux derniers jours. Au total, quatre manifestants ont été tués dans ces échauffourées,

Le mécontentement populaire est alimenté par les conséquences de la pire crise de l'histoire récente du pays. L'hyperinflation pourrait atteindre 10'000'000%, selon le FMI, les coupures de courant se multiplient et les hôpitaux ne peuvent plus soigner les malades, faute de médicaments et d'équipement.

Malgré l'échec de la manifestation de mercredi censée être le point final de l'«opération liberté» qui doit le mener au palais présidentiel de Miraflores, Juan Guaido a appelé à la poursuite des manifestations et il a appuyé l'idée de grèves tournantes. Pour Nicolas Maduro, le véritable donneur d'ordres derrière cette «escarmouche putschiste» est John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.

Soutien des Etats-Unis

Les Etats-Unis, tout comme une cinquantaine d'autres pays, reconnaissent Juan Guaido comme président par intérim. Et pour accentuer un peu plus la pression et tenter de déloger Nicolas Maduro du pouvoir, Washington a pris un très grand nombre de sanctions, dont la plus récente est la plus marquante: un embargo sur le pétrole vénézuélien, depuis dimanche dernier.

Les Etats-Unis évoquent aussi l'option militaire. «Une intervention militaire est possible. Si c'est nécessaire, c'est que ce feront les Etats-Unis», a ainsi expliqué mercredi Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine.

Le président américain a lui-même appelé jeudi à la fin de la «répression brutale» au Venezuela. «Nos prières accompagnent le peuple du Venezuela dans son juste combat pour la liberté», a déclaré M. Trump depuis les jardins de la Maison Blanche à l'occasion de la «Journée nationale de prière».

A l'inverse, Nicolas Maduro a notamment le soutien de la Chine et de la Russie.

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