Brexit Manif pour un référendum sur le Brexit

ATS

23.3.2019 - 19:24

«UE, je t'aime»: des centaines de milliers de personnes ont défilé samedi à Londres pour réclamer un nouveau référendum sur le Brexit. Cela accentue le climat de tension au moment où Theresa May hésite à soumettre son accord de divorce aux députés.

«Nous demandons un vote populaire», «Quitter (l'UE) ne marchera pas», «Révoquons l'article 50 (du Traité de Lisbonne, qui régit la sortie d'un pays de l'UE)«, pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants, venus des quatre coins du Royaume-Uni en voiture, bus ou train.

La foule, massive, dense et enthousiaste a défilé dans le centre de la capitale britannique, non loin des bureaux de Theresa May au 10, Downing Street, chantant des airs anti-Brexit et brandissant des drapeaux européens, parfois en forme de coeur. Theresa May en a d'ailleurs pris pour son grade, avec de nombreuses caricatures la dépeignant en dirigeante complètement dépassée par les événements.

«Ils n'ont jamais eu de plan»

La Première ministre «doit partir, nous devons révoquer l'article 50», a déclaré une manifestante. «Je suis vraiment bouleversée», a renchéri une autre participante, Caroline Roma. «Je pense qu'ils n'en discutent pas et qu'ils n'y ont pas réfléchi. Je pense que les gens qui nous ont soumis ce vote sur le Brexit n'avaient même pas de plan. Ils n'ont jamais eu de plan. Je ne crois même pas qu'ils pensaient qu'ils allaient gagner».

L'organisation «People's vote», qui milite pour un nouveau référendum, a estimé à environ un million le nombre de participants, Scotland Yard ne fournissant aucun chiffre de son côté. Une manifestation similaire en octobre avait réuni près de 700'000 manifestants dans la capitale britannique.

Cette marche intervient deux jours après la décision des dirigeants européens d'accorder au Royaume-Uni un report du Brexit au-delà de la date initialement prévue du 29 mars. Ils ont fixé désormais au 12 avril au plus tôt l'échéance fatidique, près de trois ans après le référendum qui a décidé d'une sortie de l'UE.

Le report, une «opportunité»

Farouche opposante au Brexit, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, participait à la manifestation. Elle a appelé ceux qui rejettent une sortie de l'UE à profiter «au maximum de l'opportunité» offerte par le délai accordé par Bruxelles.

Egalement dans les rangs des manifestants, Tom Watson, le numéro 2 du Labour, principal parti d'opposition au Royaume-Uni, s'est dit prêt à voter pour un accord de Brexit, mais à condition que Theresa May «laisse le peuple voter dessus».

L'option d'un second référendum avait été rejetée le 14 mars par la Chambre des Communes. Elle rencontre l'opposition de Theresa May, mais ses partisans espèrent que le chaos ambiant au Royaume-Uni finira par rendre cette option inévitable.

4,5 millions de signatures contre le Brexit

Samedi également, la pétition en ligne demandant au gouvernement de renoncer au Brexit dépassait les 4,5 millions de signatures. C'est un record pour une telle initiative sur le site du Parlement.

Theresa May tentait péniblement de son côté de rallier les soutiens derrière son accord de retrait de l'Union européenne, afin de le soumettre au vote des députés la semaine prochaine. Son adoption entraînerait, selon les conclusions du sommet européen, un court report technique du Brexit jusqu'au 22 mai.

Mais l'affaire est loin d'être gagnée: conclu après 17 mois de difficiles négociations avec Bruxelles et destiné à mettre en oeuvre un Brexit en douceur, le texte est très loin d'avoir convaincu les députés britanniques qui l'ont déjà rejeté, massivement, à deux reprises, le 15 janvier puis le 12 mars.

Sentant à nouveau le vent du boulet, la dirigeante conservatrice a prévenu dans une lettre adressée aux députés qu'un troisième vote pourrait ne pas avoir lieu, «s'il apparaît qu'il n'y a pas suffisamment de soutien pour représenter» l'accord. Une autre option était discutée à Londres: la possibilité d'organiser une série de votes indicatifs pour déterminer les desiderata du Parlement.

Critiquée de tous côtés, semblant naviguer à vue, la Première ministre affrontait en outre des «pressions» pour «fixer la date de son départ» de Downing Street, rapportait le Times. Dans un éditorial, le quotidien juge que la dirigeante a fini par devenir un «obstacle» à la résolution des difficultés sur le Brexit.

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