Mauritanie Mauritanie: résultats du scrutin rejetés

ATS

24.6.2019 - 00:08

Le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle en Mauritanie, Mohamed Cheikh El-Ghazouani, a été élu avec 52% des suffrages au premier tour.
Le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle en Mauritanie, Mohamed Cheikh El-Ghazouani, a été élu avec 52% des suffrages au premier tour.
Source: KEYSTONE/EPA/MOHAMED MESSARA

Le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle en Mauritanie, Mohamed Cheikh El-Ghazouani, a été élu avec 52% des suffrages au premier tour. Mais avant même leur proclamation, les quatre candidats de l'opposition avaient rejeté dimanche les résultats.

M. Ghazouani a obtenu précisément 52,01% des suffrages, selon les résultats complets affichés peu après 22h40 dimanche sur l'écran de la Commission nationale indépendante (Céni).

Il est suivi par quatre opposants: le militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,58%), l'ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%), le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%) et le professeur d'histoire Mohamed Ould Moloud (2,44%).

La participation s'est établie à 62,66% des quelque 1,5 million d'électeurs, selon la Commission électorale.

Appel à résister

Les candidats de l'opposition ont récusé dimanche après-midi déjà les résultats de la commission. Ils ont d'ores et déjà annoncé qu'ils allaient les contester par la voie judiciaire et aussi appelé le peuple mauritanien à «résister dans les limites de la loi à cet énième coup d'Etat».

«Le pouvoir a perdu la bataille électorale», a assuré le candidat Biram Ould Dah Ould Abeid, lors d'une conférence de presse conjointe avec les trois autres opposants en lice dans ce scrutin. Un autre candidat, Sidi Mohamed Ould Boubacar, a dénoncé de «multiples irrégularités» qui selon lui «ôtent toute crédibilité» à cette élection.

«Nous demanderons à la Céni (Commission électorale nationale indépendante, NDLR) de publier les résultats bureau par bureau», a-t-il ajouté. Et de dénoncer la «mentalité de putschistes» de MM. Ghazouani et Ould Abdel Aziz, tous deux auteurs du renversement de présidents en exercice, en 2005 et en 2008.

Transition entre deux présidents

Les Mauritaniens se sont déplacés samedi en nombre pour élire leur président, qui devra préserver la stabilité chèrement conquise par ce vaste pays du Sahel, mais aussi en assurer le développement économique et y faire progresser le respect des droits humains.

Ce scrutin doit marquer la première transition entre deux présidents élus dans ce pays secoué par de nombreux coups d'Etat de 1978 à 2008, date du putsch de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui était alors général. Le président sortant ne pouvait se représenter après deux mandats.

Bilan contrasté

Le représentant du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, a félicité dans un communiqué les Mauritaniens «pour la tenue paisible de l'élection présidentielle.

Il a réitéré l'appel de M. Guterres «à résoudre tout litige éventuel» par la voie judiciaire et exhorté «tous les candidats à faire preuve de patience en laissant la Commission électorale conduire le processus électoral».

M. Ould Abdel Aziz a stabilisé la Mauritanie, frappée dans les années 2000 par des attentats djihadistes et des enlèvements d'étrangers, en menant une politique volontariste: remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.

Mais les critiques se focalisent sur les droits fondamentaux, dans une société marquée par des disparités persistantes entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d'esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d'ethnies subsahariennes.

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