Moldavie Moldavie: candidate pro-européenne en tête

ATS

2.11.2020 - 04:53

Selon la Commission électorale centrale (CEC), la candidate pro-européenne Maia Sandu, 48 ans, a recueilli 35,77% des voix, contre 32,87% pour le président sortant (archives).
Selon la Commission électorale centrale (CEC), la candidate pro-européenne Maia Sandu, 48 ans, a recueilli 35,77% des voix, contre 32,87% pour le président sortant (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/DUMITRU DORU

La candidate pro-européenne Maia Sandu a créé la surprise en devançant d'une courte tête le président sortant pro-russe Igor Dodon lors du premier tour de l'élection présidentielle dimanche en Moldavie, selon des résultats officiels.

Ils portent sur le dépouillement de 99,25% des bureaux de vote. Selon la Commission électorale centrale (CEC),Mme Sandu, 48 ans, a recueilli 35,77% des voix, contre 32,87% pour M. Dodon, 45 ans. Les résultats de ce scrutin, qui s'est déroulé sous l'oeil attentif de Moscou, laissent présager un second tour serré le 15 novembre.

Si le président sortant était donné favori par les sondages pré-électoraux, la forte mobilisation des Moldaves de la diaspora a fait pencher la balance en faveur de Mme Sandu. Poussés par la pauvreté à chercher un emploi à l'étranger, ces émigrés ont voté massivement pour la candidate de centre droit, selon les résultats officiels.

Mme Sandu avait d'ailleurs axé sa campagne sur la promesse de stimuler la création d'emplois pour endiguer l'exode de main-d'oeuvre. Environ un million de Moldaves, soit près d'un tiers de la population totale, ont quitté leur pays ces vingt dernières années. L'argent qu'ils envoient à leurs familles représente plus de 15% du produit intérieur brut.

Consignes de vote attendues

Selon les analystes, le résultat du second tour dépendra des consignes de vote que donneront les candidats arrivés en troisième et quatrième position, soit Renato Usatîi, chef de Notre Parti, une formation populiste anti-système, et Violeta Ivanov, du Parti Shor, dont le fondateur Ilan Shor, en fuite depuis un an, a été condamné en première instance en 2017 à sept ans et demi de prison pour son rôle dans une énorme fraude bancaire.

M. Dodon n'a pas réagi aux résultats de ce scrutin, qu'il a néanmoins qualifié de «correct, libre et démocratique».

Cet ancien ministre de l'Economie dans un gouvernement communiste avait promis lors de la campagne «la poursuite d'une coopération bénéfique avec la Russie» et l'apprentissage obligatoire du russe à l'école dans ce pays majoritairement roumanophone, un programme qui lui a valu les louanges de son homologue Vladimir Poutine.

Mme Sandu, ancienne économiste auprès de la Banque Mondiale vaincue par M. Dodon lors du précédent scrutin, en 2016, s'est, elle, engagée à oeuvrer pour une intégration de la Moldavie dans l'Union européenne.

Crises à répétition

Ancienne république soviétique de 3,5 millions d'habitants nichée entre la Roumanie et l'Ukraine, la Moldavie a été frappée ces dernières années par des crises politiques à répétition et par une gigantesque fraude bancaire portant sur un milliard de dollars, soit 15% de son produit intérieur brut.

Les forces favorables à un rapprochement avec la Russie et les partisans d'une intégration européenne se sont succédé au pouvoir, sans jouir d'une majorité claire. Dimanche, les électeurs n'ont pas caché leur déception face à l'absence de progrès dans ce pays parmi les plus pauvres d'Europe.

«Depuis trente ans, nous attendons un changement. Comment voulez-vous que les gens qui travaillent à l'étranger reviennent tant qu'il y aura autant de corruption ici?«, s'interrogeait Vasile Mardare, un professeur de sport âgé de 64 ans. «J'ai voté pour un candidat qui rapprochera la Moldavie du niveau de vie de l'Occident», a-t-il confié à l'AFP.

«Nous voulons un meilleur avenir pour nos enfants et attendons que les hommes politiques tiennent leurs promesses, mais n'avons pas trop d'espoir», a déclaré une habitante de Chisinau, Ludmila, 37 ans.

La Moldavie est connue pour son industrie viticole et un conflit gelé avec des séparatistes pro-russes, en Transnistrie, qui ont fait sécession en 1992 après une guerre éclair. Moscou y maintient depuis des troupes.

2200 observateurs

De précédents scrutins ayant été entachés de fraudes, nombre d'électeurs ont affirmé craindre un «scénario» comme au Bélarus, où la réélection contestée en août du président Alexandre Loukachenko, soutenu par Moscou, suscite un mouvement de contestation historique. «Nous ne voudrions pas que les choses se passent comme au Bélarus, mais si ça continue comme ça je pense que nous n'aurons pas d'autre solution», a dit à l'AFP Maria Turcanu, 55 ans, médecin à Chisinau.

Au total 2200 observateurs ont été déployés lors de cette élection, dont 34 par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui livrera lundi les conclusions de sa mission.

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