Répression Moscou ajoute Navalny à sa liste des «terroristes»

ATS

25.1.2022 - 11:28

La Russie a ajouté mardi le principal opposant Alexeï Navalny à sa liste des «terroristes et extrémistes», faisant un pas de plus dans la répression implacable qui vise les voix critiques du Kremlin.

Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny est vu dans une liaison vidéo depuis une prison, lors d'une audience au tribunal à Petushki, dans la région de Vladimir, à environ 120 kilomètres à l'est de Moscou, en Russie, le mardi 28 décembre 2021. (archives)
Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny est vu dans une liaison vidéo depuis une prison, lors d'une audience au tribunal à Petushki, dans la région de Vladimir, à environ 120 kilomètres à l'est de Moscou, en Russie, le mardi 28 décembre 2021. (archives)
KEYSTONE

25.1.2022 - 11:28

M. Navalny, emprisonné depuis plus d'un an, et l'une de ses proches en exil, Lioubov Sobol, ont été placés sur la liste des «terroristes et extrémistes» du service russe des renseignements financiers, Rosfinmonitoring, a constaté l'AFP.

Selon le Fonds de lutte contre la corruption, l'organisation de M. Navalny, interdite en juin, et au moins neuf autres personnes liées au mouvement de l'opposant ont également été ajoutées à cette liste.

Cette décision s'inscrit dans un contexte de répression tous azimuts en Russie contre l'opposition, les médias et la société civile jugés critiques envers les autorités et le président Vladimir Poutine.

Mi-janvier, les deux principaux lieutenants de M. Navalny, Ivan Jdanov et Léonid Volkov, qui vivent en exil, avaient eux aussi été ajoutés à la liste de Rosfinmonitoring.

Des milliers de personnes

Ce catalogue comprend des milliers d'individus et des centaines d'organisations islamistes, religieuses et ultra-nationalistes interdites en Russie. On y trouve par exemple les talibans et le groupe jihadiste Etat islamique.

Alexeï Navalny a été arrêté en 17 janvier 2021 à Moscou, de retour de convalescence en Allemagne après un grave empoisonnement en Sibérie en août 2020 dont il tient le président Poutine pour responsable.

La Russie n'a jamais ouvert d'enquête sur cette tentative d'assassinat, affirmant n'avoir aucun indice en ce sens, Berlin n'ayant jamais partagé les analyses médicales du plus célèbre opposant au Kremlin.

M. Navalny, militant pourfendeur de la corruption âgé de 45 ans, s'est vu infliger après son retour dans son pays une peine de deux ans et de demi de prison pour une affaire de «fraudes» qu'il qualifie de politique.

Cette condamnation a suscité une pluie de critiques internationales et de nouvelles sanctions occidentales contre Moscou.

En guise de soutien, le Parlement européen a remis à Alexis Navalny son prix Sakharov 2021 de défense de la liberté de pensée.

Pressions croissantes

En dépit de son incarcération, M. Navalny continue d'exhorter ses concitoyens à faire front, publiant régulièrement des messages sur les réseaux sociaux.

Le 17 janvier, un an jour pour jour après son arrestation, M. Navalny a ainsi affirmé «ne rien regretter» et appelé les Russes à ne pas avoir «peur».

L'arrestation d'Alexeï Navalny avait déclenché plusieurs journées de manifestations il y a un an, mais elles avaient été brutalement réprimées.

Puis, c'est son mouvement qui a été banni en juin pour «extrémisme».

M. Navalny est en outre la cible de nouvelles poursuites judiciaires pour «extrémisme», qui pourraient permettre de le maintenir en prison pendant de longues années.

La répression de son mouvement a été suivie de pressions croissantes sur des médias critiques du Kremlin et des ONG, désignés à tout-va «agents de l'étranger», une étiquette infamante qui complique grandement leur travail avec la menace de graves problèmes judiciaires.

En décembre dernier, l'ONG Memorial, un pilier de la défense des droits humains et un gardien de la mémoire des victimes du Goulag, a ainsi été interdite par la justice russe pour n'avoir pas respecté ses obligations d'«agent de l'étranger».

Cette répression s'illustre aussi sur internet et la Russie sanctionne sans cesse davantage les grandes entreprises du numérique, surtout étrangères, accusées de ne pas effacer des contenus liés à l'opposition.

ATS