Le pointMoscou affirme écraser la contre-offensive, Kiev dit avancer
ATS
13.6.2023 - 21:47
Pertes «catastrophiques»: le président russe Vladimir Poutine a affirmé mardi que ses forces écrasaient la contre-offensive ukrainienne. Au même moment, Kiev au contraire assure «avancer».
13.06.2023, 21:47
13.06.2023, 21:49
ATS
C'est la deuxième fois depuis vendredi que le président russe affirme que son armée repousse l'assaut que l'Ukraine prépare depuis des mois, avec des approvisionnements en armes occidentales, pour chasser les troupes russes des territoires ukrainiens occupés.
«Les pertes (ukrainiennes) s'approchent d'un niveau qu'on peut qualifier de catastrophique», a assuré M. Poutine lors d'une rencontre télévisée avec des correspondants de guerre russes, affirmant que les pertes russes étaient «dix fois moindres».
Selon lui, Kiev a perdu «environ 25% ou peut-être 30% de l'équipement» fourni par les Occidentaux, avançant le chiffre de 160 chars et plus de 360 blindés. Côté russe, il a admis la perte de 54 chars, dont certains sont réparables. Ces données étaient invérifiables de sources indépendantes.
Moscou a revendiqué pour la première fois mardi la prise de chars allemands Leopard et de blindés américains Bradley, des véhicules fournis par les Occidentaux.
Kiev teste les points faibles
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait admis lundi soir que l'offensive dans le sud et l'est pour libérer des territoires occupés par la Russie était «difficile», mais progressait avec la reprise, selon le ministère de la Défense, de sept villages dans le sud et des avancées aux alentours de Bakhmout (est), ville martyre ravagée par près d'un an de combats.
Mardi, le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Valéry Zaloujny, a encore fait état «d'avancées». De violents combats offensifs et défensifs se déroulent dans l'est et le sud de notre nation», a-t-il déclaré sur les réseaux, ajoutant: «nous avons des gains, nous appliquons notre plan, et nous avançons».
Des informations corrborées par le secrétaire général de l'Otan, en visite mardi à Washington. L'armée ukrainienne «progresse» dans sa contre-offensive, a assuré mardi Jens Stoltenberg, reçu par le président américain Joe Biden.
«Plus les Ukrainiens pourront libérer de territoire, meilleure sera leur position à la table des négociations», a estimé le chef de l'alliance de défense, assis dans le Bureau Ovale au côté du président américain.
Selon M. Poutine, l'Ukraine a lancé sa «contre-offensive à grande échelle» le 4 juin sur «plusieurs» secteurs du front, citant deux zones du sud et l'une dans l'est, sans mentionner Bakhmout.
«L'ennemi n'a réussi dans aucune de ces zones», a affirmé Vladimir Poutine.
Selon des analystes militaires, l'Ukraine n'a pas encore lancé le gros de ses forces dans sa contre-offensive, testant la ligne de front en quête de points faibles. Actuellement, ces opérations semblent se concentrer sur trois axes principaux: Bakhmout, la zone de Vougledar (sud-est) et celle d'Orikhiv (sud).
Onze morts
Tout en proclamant l'échec de la contre-offensive de Kiev, M. Poutine a aussi admis que la Russie ne s'était pas suffisamment préparée aux attaques sur son sol depuis l'Ukraine.
«Il était possible d'être mieux préparé à cela», a-t-il dit, alors que la Russie a dû évacuer des milliers de personnes après une incursion et des frappes massives depuis l'Ukraine.
«Il est clairement apparu que plusieurs choses manquaient: des munitions de haute précision, des équipements de communication, des drones», a énuméré M. Poutine.
Sur le terrain, la Russie a une nouvelle fois lancé ses missiles en direction des villes ukrainiennes dans la nuit de lundi à mardi.
A Kryvyï Rig, ville natale de M. Zelensky dans le centre, ces bombardements ont fait au moins onze morts mardi avant l'aube, avec la destruction notamment d'un immeuble d'habitation et d'un entrepôt.
Menaces sur l'accord céréalier
Vladimir Poutine a également, à nouveau, menacé de quitter l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, conclu en juillet 2022 et qui avait permis de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par le conflit.
«Nous réfléchissons maintenant à nous retirer de cet accord céréalier (...) De nombreuses conditions qui devaient être appliquées n'ont pas été respectées», a déclaré mardi M. Poutine, accusant également Kiev d'utiliser les couloirs maritimes prévus par cet accord pour attaquer la flotte russe avec des drones.
Lundi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'était dit «inquiet» pour l'avenir de l'accord, conclu avec le parrainage des Nations unies et de la Turquie.
L'AIEA à Zaporijjia
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi était lui à Kiev mardi et devait inspecter mercredi la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie, pour voir notamment si celle-ci a été mise en danger par la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, dont l'eau est utilisée pour refroidir les six réacteurs.
Selon M. Grossi, il n'y a pas de «danger immédiat», mais le niveau d'eau dans le bassin de refroidissement l'inquiète: «Il y a un risque sérieux, car l'eau qui est là-bas est limitée».
«Je veux faire ma propre évaluation», a-t-il dit à la presse.
La destruction du barrage a provoqué de graves inondations dans le sud, faisant 17 morts en zone occupée par la Russie et dix en zone sous contrôle ukrainien, sans compter les milliers de déplacés.
L'Ukraine accuse Moscou d'avoir démoli l'ouvrage pour gêner sa contre-offensive. La Russie dément et accuse Kiev en retour.