Désarmement Moscou balaie Washington sur le désarmement

ATS

20.3.2019 - 14:00

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rejeté à Genève les allégations américaines contre Moscou sur le désarmement et alerté à son tour sur la menace américaine selon lui sur cette question.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rejeté à Genève les allégations américaines contre Moscou sur le désarmement et alerté à son tour sur la menace américaine selon lui sur cette question.
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

La Russie est venue à Genève pour alerter sur la menace d'une «course aux armements» entre une dizaine de pays. Mercredi, son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a dénoncé l'attitude de Washington et mis en garde contre le scénario d'une guerre nucléaire limitée.

Devant la Conférence du désarmement (CD), il a fustigé le manque de «dialogue constructif» des Etats-Unis qui a abouti, selon lui, à la «destruction» du Traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (INF). Les deux Etats s'accusent mutuellement de violer cet arrangement entre eux, entré en vigueur en 1988.

M. Lavrov dénonce une «volonté» américaine de pouvoir augmenter son armement dans certaines régions du monde. Cette attitude américaine «peut donner lieu à une course aux armements sans précédent», selon lui. Contrairement à la Guerre froide où les stocks stratégiques n'étaient accumulés que par deux acteurs, de «nombreux Etats» pourraient considérer que leur puissance militaire constitue «la seule garantie réelle de leur sécurité nationale».

«Inacceptable» pour la Russie

Le ministre russe évalue ces pays à une dizaine. Il met aussi en garde contre un impact de la situation actuelle sur les discussions pour étendre le traité de réduction des armes stratégiques entre les deux pays, qui arrive à échéance en 2021. Sans compromis sur cet accord, la «dégradation supplémentaire» pourrait aussi contribuer à l'arrivée de nouveaux armements.

Pire encore, M. Lavrov laisse entendre que les Occidentaux seraient prêts à une «guerre nucléaire limitée». Ce scénario est «inacceptable» pour la Russie mais il n'est pas à exclure sans avancée dans les discussions multilatérales pour une sécurité pour tous, a ajouté le ministre russe des Affaires étrangères.

Après le réquisitoire contre Moscou la veille devant la même instance par une secrétaire d'Etat américaine adjointe, M. Lavrov a déploré des déclarations «infondées» contre un nouveau missile russe. Il a présenté son pays comme le défenseur du multilatéralisme sur le désarmement face aux Etats-Unis accusés, sans les nommer, de «surpolitisation».

Selon lui, l'attitude américaine, dont la secrétaire d'Etat adjointe avait ciblé directement mardi plusieurs pays comme la Chine, l'Iran ou la Corée du Nord, menace le fonctionnement même de la CD qui fête cette année ses quarante ans. A son arrivée, le chef de la diplomatie avait pourtant reçu «des salutations chaleureuses» de l'ambassadeur américain Robert Wood qui préside pour un mois la CD.

Tensions sur plusieurs accords

Mais ses formalités ont rapidement laissé place à un climat glacial qui ressemblait à celui de la Guerre froide alors que les deux hommes étaient côte à côte. Après les déclarations récentes du président russe Vladimir Poutine sur un possible déploiement d'armes contre les pays européens, M. Lavrov a affirmé que seules des «actions similaires» à celles des Etats-Unis seront prises. Il s'en est pris aussi aux alliés américains et à l'OTAN.

La tension avec les Etats-Unis porte sur quasiment l'ensemble des questions discutées sur le désarmement. Après des allégations américaines sur les intentions russes et chinoises liées à l'armement de l'espace, Moscou renvoie les Etats-Unis à leur propre dispositif prévu sur cet environnement. Il a rappelé que Washington refusait une proposition de traité lancée par Moscou et Pékin.

Des experts de 25 pays – y compris de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis – sont aussi réunis depuis lundi à Genève pour discuter d'un arrangement sur la prévention de la course aux armements dans l'espace. Cette réunion du Groupe d'Experts Gouvernementaux (GGE) a lieu jusqu'à mercredi prochain.

Plus tard dans la matinée, l'ambassadeur américain Robert Wood a estimé «dommage que le ministre soit venu d'aussi loin» pour de telles déclarations. Il a encore dit que ces accusations montrent que la Russie veut détourner l'attention de ses «violations» des accords sur le désarmement.

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