Le point sur la guerre Moscou dénonce une frappe aérienne ukrainienne 

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1.4.2022 - 15:14

La Russie a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir mené une frappe aérienne sur son sol. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'armée russe se regroupait en vue «d'attaques puissantes» dans l'Est du pays.

Keystone-SDA, dv

Une nouvelle tentative pour évacuer des milliers de civils bloqués dans des conditions humanitaires dramatiques dans la ville méridionale de Marioupol se poursuivait vendredi sous l'égide du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

Un convoi est en route vers la ville mais «il n'est pas encore clair si cela va se faire aujourd'hui», a indiqué un porte-parole à Genève. «Tous les détails» ne sont pas réglés, a-t-il déclaré vendredi matin. La ville où ces personnes seraient évacuées n'est pas non plus encore établie.

De son côté, Roberta Metsola, la présidente maltaise du Parlement européen, est attendue dans la matinée à Kiev, a-t-on appris auprès d'une source de cette institution. Il s'agit de la première dirigeante d'une institution européenne à se rendre dans la capitale ukrainienne depuis le début de l'invasion russe.

Attaques par hélicoptère

En Russie, le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir mené une attaque à l'hélicoptère contre ce qu'il a décrit comme un «dépôt de pétrole» dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne.

C'est la première fois que la Russie fait état de frappes ukrainiennes par hélicoptère sur son territoire depuis le début du conflit. Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, ne s'est toutefois pas exprimé sur le sujet vendredi.

Le directeur d'une typographie près de Belgorod a affirmé que son entreprise avait également été touchée par des tirs d'hélicoptères. «Des hélicoptères nous ont tiré dessus avec des roquettes», a-t-il affirmé à l'agence publique TASS.

«Retrait partiel»

En Ukraine même, les forces armées ont affirmé avoir libéré 11 localités de la région de Kherson (sud). Deux personnes ont été tuées et deux autres blessées dans des bombardements russes jeudi, a indiqué vendredi le gouverneur régional Serguiï Gaïdaï sur Telegram.

Les Russes «poursuivent leur retrait partiel» du nord de la région de Kiev vers la frontière bélarusse, a indiqué le ministère de la Défense, qui dénonce de nombreux actes de «pillage» de la part des soldats russes. «Dans certaines régions (...) les occupants tentent de forcer les entrepreneurs de passer au rouble russe», a-t-il affirmé.

La Russie avait indiqué plut tôt cette semaine qu'elle entendait réduire son activité à Kiev et Tcherniguiv afin de transférer sa puissance de frappe depuis le nord vers les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, dans l'est. «Cela fait partie de leur tactique», a répété le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans la nuit de jeudi à vendredi.

Conflit «prolongé»

«Nous savons qu'ils s'éloignent des régions où nous les battons pour se concentrer sur d'autres qui sont très importantes... où cela peut être difficile pour nous», a-t-il ajouté. En particulier, la situation dans l'Est du pays est «très difficile».

«Dans le Donbass et à Marioupol, dans la direction de Kharkiv, l'armée russe se renforce en prévision d'attaques puissantes», a encore déclaré le président. Ce recentrage laisse présager un conflit «prolongé», qui pourrait durer des mois, a prévenu le Pentagone.

Des experts militaires estiment que Moscou a abandonné son projet d'avancer simultanément le long de plusieurs axes au Nord, à l'Est et au Sud, en raison des difficultés rencontrées face à la résistance ukrainienne plus forte que prévu. Selon des responsables américains, la Russie a déplacé environ 20% de ses troupes des environs de Kiev après avoir échoué à prendre la ville.

Mais les frappes sur la capitale se poursuivent et le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré qu'il était probable que les troupes «soient repositionnées, probablement au Bélarus, pour être rééquipées et réapprovisionnées et utilisées ailleurs en Ukraine».

Tentatives d'évacuation

Plus d'un mois après l'invasion de l'Ukraine, Marioupol, port stratégique du Sud-Est du pays, sur la mer d'Azov, reste assiégé et pilonné sans relâche. Au moins 5000 personnes ont péri et 160'000 civils seraient toujours bloqués dans la ville, selon des sources ukrainiennes.

Une nouvelle tentative d'évacuation est prévue vendredi. La délégation du CICR en Ukraine a indiqué sur Twitter qu'elle se trouvait dans la ville voisine de Zaporojie, où sont censés arriver les bus en provenance de la ville encerclée. Le gouvernement ukrainien avait de son côté annoncé avoir envoyé des dizaines de bus vers Marioupol.

Des personnes ayant réussi à quitter la ville assiégée et des ONG y ont décrit des conditions catastrophiques, avec des civils terrés dans des caves, privés d'eau, de nourriture et de toute communication, et des cadavres jonchant les rues. La municipalité accuse en outre Moscou d'avoir évacué «contre leur gré» plus de 20'000 habitants vers la Russie.

Sur le front diplomatique, l'UE va tenter de persuader la Chine de renoncer à aider Moscou pour contrer les sanctions occidentales, lors d'un sommet virtuel vendredi avec Pékin.

Comptes en roubles

Auparavant, Vladimir Poutine avait annoncé qu'il interdisait l'entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux sanctions tous azimuts visant Moscou.

Et il a menacé les acheteurs de gaz russe de pays «inamicaux» de stopper leur approvisionnement s'ils ne se pliaient pas aux exigences du Kremlin, une mesure destinée à soutenir le rouble qui affecterait principalement l'Union européenne, très dépendante. «Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes ils devront payer le gaz livré et cela dès demain», a-t-il déclaré.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussitôt répondu que les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est «écrit dans les contrats». Dans ce contexte, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, en déplacement à Berlin, a signalé que la France et l'Allemagne se «préparaient» à un potentiel arrêt des importations de gaz russe.

Retrait de Tchernobyl

Après cinq semaines de guerre, plus de quatre millions de réfugiés ont fui l'Ukraine, auxquels s'ajoutent presque 6,5 millions de déplacés à l'intérieur du pays, selon l'ONU. Quelque 90% de ceux qui ont fui l'Ukraine sont des femmes et des enfants.

Des responsables à Kiev ont annoncé jeudi soir que les forces russes avaient quitté la centrale nucléaire de Tchernobyl qu'elles occupaient depuis le premier jour de l'invasion de l'Ukraine, le 24 février. «Elles ont pris avec elles des membres de la Garde nationale qu'elles retenaient en otages depuis le 24 février», a déclaré sur Telegram l'agence d'Etat ukrainienne Energoatom, citant des employés. Leur nombre n'est pas connu.

L'ONG Human Rights Watch a de son côté appelé vendredi les autorités ukrainiennes à enquêter sur de potentiels «crimes de guerre» envers les prisonniers russes, après la diffusion d'images semblant montrer des soldats ukrainiens leur tirant dans les jambes.