Guerre en Ukraine Moscou prévoit huit mois pour réparer le pont de Crimée

ATS

14.10.2022 - 12:42

La Russie a annoncé vendredi se donner jusqu'au 1er juillet 2023 pour reconstruire le pont de Crimée, partiellement détruit dans une attaque attribuée à l'Ukraine. Un revers pour Moscou qui a répliqué cette semaine par des bombardements massifs.

La Russie a annoncé vendredi se donner jusqu'au 1er juillet 2023 pour reconstruire le pont de Crimée.
La Russie a annoncé vendredi se donner jusqu'au 1er juillet 2023 pour reconstruire le pont de Crimée.
AFP via Getty Images

Keystone-SDA

L'Ukraine de son côté marquait la Journée des défenseurs du pays, célébrant cette fête de l'armée pour la première fois depuis le début de l'assaut des forces russes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis à cette occasion la victoire.

Confrontée à une contre-offensive ukrainienne qui gagne du terrain, les autorités mises en place par Moscou dans la région méridionale de Kherson ont appelé à l'évacuation des civils, signe des difficultés que l'armée russe rencontre.

A l'inverse, dans l'est, les forces russes et prorusses poursuivaient leur assaut sur Bakhmout, ville que Moscou espère conquérir depuis l'été afin de lui ouvrir la voie vers deux grandes cités contrôlées par les forces ukrainiennes dans la région de Donetsk, Kramatorsk et Sloviansk.

«Le 14 octobre on remercie (...) tous ceux qui se sont battus pour l'Ukraine dans le passé et tous ceux qui se battent pour elle maintenant, ceux qui ont gagné à l'époque et ceux qui vont sans aucun doute gagner maintenant», a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo consacrée à la Journée des défenseurs.

Il a déposé une gerbe devant un mémorial à Kiev consacré aux militaires tués sur le front depuis 2014, date du début dans l'est d'une guerre avec des séparatistes, à l'instigation de Moscou.

«Ensemble vers la victoire»

Le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny a de son côté remercié ses troupes pour leur «service». «Nous avons stoppé l'invasion et enterré le mythe de l'invincibilité de l'armée russe», a-t-il estimé dans son adresse. «Ensemble vers la victoire!», a-t-il lancé.

Les autorités ukrainiennes affichent cette détermination en dépit des bombardements massifs du début de semaine contre des infrastructures essentielles et des sites civils, en réplique à l'attaque à l'explosif qui a partiellement démoli le pont russe reliant le territoire de la Russie à la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par le Kremlin en 2014.

Reconstruction

Ce viaduc, construit à grand frais sur ordre du président russe Vladimir Poutine, symbolisait la puissance et les ambitions russes mais est aussi une infrastructure essentielle à l'approvisionnement des troupes qui occupent le sud de l'Ukraine et font face à la contre-offensive ukrainienne.

Kiev n'a ni confirmé ni infirmé son implication dans cette attaque réalisée, selon Moscou, au camion piégé.

Les dégâts n'ont pas été détaillés par Moscou, mais ils sont suffisamment importants pour que le premier ministre Mikhaïl Michoustine signe un arrêté sur sa reconstruction d'ici au 1er juillet prochain, soit plus de huit mois de travaux.

Deux tronçons routiers du viaduc se sont effondrés dans la mer et la voie ferrée a, elle, subi un immense incendie après que des wagons citernes ont pris feu. La Russie a rouvert en partie le trafic routier et ferroviaire sur le pont, mais il reste limité du fait des dégâts.

Dans le nord de la région de Kherson, où l'armée russe compte sur le pont pour ses approvisionnements, les forces ukrainiennes ont toute la semaine continué d'avancer, village par village, en direction de la capitale régionale éponyme.

Jeudi, le dirigeant installé par Moscou, Vladimir Saldo, a appelé le Kremlin à aider à l'évacuation des civils. Immédiatement après, le gouvernement russe a promis de s'y atteler.

Opportunité de partir

Kirill Stremooussov, un autre responsable prorusse de cette région, a appelé, non sans un certain sens de l'euphémisme, la population à «saisir l'opportunité d'un séjour humanitaire et de repos en Russie».

«Ce n'est un secret pour personne que les tirs sur la région de Kherson sont dangereux, en particulier pour la population civile», a-t-il dit sur Telegram.

Aux abords de Bakhmout, les forces russes et séparatistes se disaient à l'inverse en bonne position pour prendre cette ville pour laquelle elles se battent depuis le mois d'août.

Selon Andreï Marotchko, représentant des forces séparatistes de la région de Lougansk combattant dans la zone, «des combats sont en cours dans la localité», et les forces ukrainiennes seraient en train d'être repoussées «vers le nord-ouest et l'ouest de la ville».

Cette zone est la seule en Ukraine où les forces russes sont actuellement à l'offensive, alors qu'ailleurs, elles connaissent depuis six semaines revers sur revers, abandonnant des milliers de kilomètres carrés.

Viols

La représentante spéciale de l'ONU en charge de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten, a dénoncé de son côté auprès de l'AFP les viols et les agressions sexuelles attribués aux forces russes en Ukraine, «une stratégie militaire» et «une tactique délibérée» selon elle.

Les récents échecs russes ont conduit fin septembre Vladimir Poutine à revendiquer l'annexion de quatre régions ukrainiennes et à ordonner la mobilisation de centaines de milliers de réservistes, des civils donc, pour tenter d'inverser la tendance.

Vendredi, le président russe participait au Kazakhstan à deux sommets avec d'ex-républiques soviétiques, sa traditionnelle zone d'influence.