La Russie a une nouvelle fois refusé de détruire ses nouveaux missiles déployés en Europe selon l'OTAN en violation d'un traité conclu en 1987, a affirmé vendredi le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg. Il s'exprimait à l'issue du conseil OTAN-Russie.
«Nous n'avons pas vu une quelconque indication de la volonté de la Russie de se mettre en conformité avec le Traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF) en détruisant ces missiles avant le 2 août (...). Les conséquences sont gravissimes pour la maîtrise des armements», a-t-il déclaré au cours d'un point de presse. «S'il se révèle impossible de sauver le traité, alors la réaction de l'OTAN sera coordonnée et défensive», a-t-il assuré. «Nous serons obligés de réagir», a-t-il averti.
Gamme de mesures approuvées
Les ministres de la Défense de l'Alliance ont approuvé le 26 juin une gamme de mesures militaires et politiques, dont la plus notable est le renforcement de la défense anti-missile.
Jens Stoltenberg a reconnu que «les défenses actuelles ne sont pas en mesure d'abattre un missile de croisière tiré depuis la Russie». Mais il a affirmé que «l'Europe n'a pas l'intention de déployer de nouveaux missiles armés de têtes nucléaires en Europe».
L'OTAN exige que la Russie détruise son nouveau système de missiles SSC-8 avant le 2 août, fin effective du Traité INF avec le retrait des Etats-Unis qui entendent ainsi dénoncer sa violation par Moscou. Ces engins sont capables de transporter des têtes nucléaires et de frapper des villes européennes «en quelques minutes», a rappelé M. Stoltenberg. «Ils sont difficiles à déceler», a-t-il ajouté.
«Sauver le traité»
«Notre objectif est de sauver le traité. Il reste quatre semaines avant le 2 août», a-t-il insisté. «En 1987, la Russie a détruit des missiles de croisière en quelques semaines. Il suffit d'en avoir la volonté politique», a-t-il rappelé.
«Les tentatives de rejeter la faute sur la Russie pour la disparition du traité INF sont injustifiées», a affirmé la représentation de la Russie auprès de l'OTAN dans un communiqué. «Nous avons attiré l'attention sur les risques réels d'aggravation de la situation militaire et politique en Europe», a-t-elle ajouté.
Si les Etats-Unis se retirent du traité, «nous avons confirmé ne pas avoir l'intention de déployer des systèmes de missiles correspondants en Europe et dans d'autres régions, à moins que des missiles américains à portée intermédiaire et à courte portée ne soient déployés», a-t-elle déclaré. «Nous avons demandé aux pays de l'OTAN de faire la même déclaration», a-t-elle précisé.
Pierre angulaire
L'accord bilatéral conclu par Washington et Moscou en 1987 avait permis l'élimination des missiles balistiques et de croisière SS20 russes et Pershing américains déployés en Europe.
Le traité a interdit le déploiement de missiles terrestre d'une portée de 500 à 5500 kilomètres en Europe. Il est considéré comme la pierre angulaire de la maîtrise des armements et sa disparition menace le nouveau traité Start négocié entre les Etats-Unis et la Russie pour réduire les plafonds fixés pour les têtes nucléaires stratégiques.
Le conseil OTAN-Russie est l'instance de consultation créée en 2002 entre les deux blocs. Ses réunions se tiennent au niveau des ambassadeurs. Jens Stoltenberg n'a pas annoncé de nouvelle réunion avant le 2 août.
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