France Motion de censure de gauche rejetée, le gouvernement «au travail»

nipa

11.7.2022 - 19:25

Seulement 146 votes pour: l'Assemblée nationale a rejeté lundi la motion de censure de gauche du gouvernement d'Elisabeth Borne. Cette dernière avait dénoncé par avance un «procès d'intention», là où la Nupes y voyait une «clarification politique».

La première ministre Elisabeth Borne n'a pas été inquiétée par une motion de censure de gauche à l'Assemblée nationale française. Seuls 146 députées et députés l'ont votée.
La première ministre Elisabeth Borne n'a pas été inquiétée par une motion de censure de gauche à l'Assemblée nationale française. Seuls 146 députées et députés l'ont votée.
ATS

Keystone-SDA, nipa

L'alliance de gauche n'a pas fait tout à fait le plein des 151 voix au total des insoumis, socialistes, écologistes et communistes. C'est loin d'être assez pour renverser le gouvernement, ce qui aurait nécessité la majorité absolue de 289 voix et était impossible sans les suffrages des LR et RN.

«Chacun a pu se compter» et «nous allons désormais pouvoir travailler», a réagi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran devant la presse, soulignant que «le congrès de la Nupes est terminé» et que «le travail parlementaire va pouvoir commencer».

«Voici venu le moment de vérité. Cette motion de défiance tiendra lieu de clarification politique», avait attaqué auparavant la cheffe de file du groupe LFI Mathilde Panot face à la Première ministre. «Ceux qui ne voteront pas cette motion de défiance seront les partisans de votre politique», de la réforme des retraites à «la politique de casse et d'injustice sociale», avait-elle ajouté dans une ambiance houleuse.

Anomalie démocratique

La motion a été conçue comme une démonstration de «défiance» à l'égard d'Elisabeth Borne qui n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale et n'a pas sollicité de vote de confiance le 7 juillet, lors de sa déclaration de politique générale.

«Vous ne tirez votre légitimité ni des élections législatives, ni même du Parlement» et «vous êtes, à cette fonction (de cheffe du gouvernement), une anomalie démocratique», avait encore lancé Mme Panot, devant des rangs clairsemés notamment dans la majorité.

Mme Borne de rétorquer aussitôt: «Nous pourrions être en train d'agir pour les Français» mais «au lieu de cela, nous débattons d'une motion de censure cousue de procès d'intention qui fait obstacle au travail parlementaire».

«Les Français en ont assez des dialogues stériles et de la loi des postures», avait ajouté la cheffe du gouvernement qui avait appelé la semaine dernière les oppositions à «bâtir ensemble» des compromis au Parlement.

«Vous avez un peu trop pris la confiance», avait embrayé le communiste Pierre Dharréville, quand le numéro un du PS Olivier Faure avait pointé la «majorité tacite» formée par les macronistes avec LR, et «le risque d'une majorité d'opportunité avec le RN».

Mais c'est le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon qui «appelle les voix du RN à venir en soutien» de la motion, avait répliqué la patronne des députés LREM Aurore Bergé: «La lune de miel, c'est avec vous».

«Imposture»

Pour sa part, le groupe d'extrême droite, en quête de respectabilité, a refusé de voter en faveur de la motion, cherchant à incarner «une opposition digne, ferme, constructive», avait justifié Alexandre Loubet à la tribune. «Nous n'avons pas besoin d'une crise de régime», avait-il poursuivi, dénonçant une «motion d'imposture».

Côté LR, même absence de soutien à la motion de gauche, perçue par certains comme «outrancière». «Vous n'avez pas notre défiance aujourd'hui, mais vous n'avez pas notre confiance pour autant», a justifié devant Mme Borne leur oratrice Michèle Tabarot, dont le groupe jugera sur pièces.

Uber Files

Les «Uber Files» sont restés un sujet lointain. La gauche n'a fait que de simples allusions à ces révélations par la presse d'échanges privilégiés entre la société et Emmanuel Macron quand il était ministre de l'économie. Selon Mathilde Panot, le président «roule pour Uber».

Dans la soirée, l'Assemblée s'emparera du projet de loi sur la sécurité sanitaire et ses «mesures de freinage» face au regain de Covid-19, premier texte de la législature.

Il vise à proroger des dispositifs de collecte de données de santé (tests Covid, vaccination) et mettre en place un pass sanitaire aux frontières si la situation sanitaire l'exigeait.

Les RN ou certains élus Nupes contestent l'ensemble du projet de loi et entendent faire le procès de la politique sanitaire menée. Les débats devraient s'animer à propos des Outre-mer. Le texte prévoit que le possible pass sanitaire aux frontières s'applique pour les trajets entre métropole et territoires ultramarins.