Nagorny KarabakhDes milliers de réfugiés cherchent à fuir
beko
26.9.2023 - 20:26
Des milliers d'habitants du Nagorny Karabakh ont cherché à fuir leur région mardi pour passer en Arménie où au moins 19'000 d'entre eux ont déjà trouvé refuge selon Erevan, une semaine après une offensive de l'Azerbaïdjan dans cette région sécessionniste du Caucase.
26.09.2023, 20:26
26.09.2023, 20:37
ATS
«Pour le moment, 19'000 personnes déplacées de force sont arrivées en Arménie depuis le Nagorny Karabakh», a indiqué à la télévision Tigran Khatchatrian, le vice-premier ministre arménien, citant un nouveau décompte.
La France, qui a rappelé mardi qu'elle tiendrait «pleinement responsable l'Azerbaïdjan du sort de la population arménienne», a appelé à «une action diplomatique internationale» face «à l'abandon de l'Arménie par la Russie».
Paris a estimé que l'exode «massif» des Arméniens du Nagorny Karabakh se déroule «sous l'oeil complice de la Russie», qui avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région sécessionniste.
Pour sa part, l'Union européenne, a réclamé de l'Azerbaïdjan qu'il détaille sa «vision» quant à l'avenir des Arméniens vivant au Nagorny Karabakh.
Dans un communiqué, l'UE souligne la «nécessité pour la transparence et pour un accès de l'aide humanitaire internationale et de responsables chargés de veiller au respect des droits humains, et d'obtenir davantage de détails sur la vision de Bakou concernant l'avenir des Arméniens du Nagorny Karabakh en Azerbaïdjan».
Dans le flot de réfugiés arméniens, l'Azerbaïdjan recherche de possibles auteurs de «crimes de guerre», a indiqué mardi de son côté une source gouvernementale azerbaïdjanaise à l'AFP.
Explosion mortelle
«L'Azerbaïdjan a l'intention d'amnistier les combattants arméniens qui ont déposé les armes au Karabakh. Mais ceux qui ont commis des crimes de guerre pendant les guerres au Karabakh doivent nous être remis», a indiqué cette source, en expliquant pourquoi les hommes en âge de combattre étaient filmés par une caméra au dernier point de contrôle avant de quitter l'enclave.
Lundi soir, en plein exode, un dépôt de carburant a explosé dans l'enclave majoritairement peuplée d'Arméniens, faisant au moins 20 morts et 280 blessés, ont annoncé mardi les autorités séparatistes, qui ont demandé une assistance extérieure urgente pour faire face à cette catastrophe.
«Des dizaines de patients sont toujours dans un état critique», ont-elles indiqué dans un communiqué.
Parmi les morts, treize n'ont pas été identifiés et les corps vont être soumis à des analyses médico-légales, selon la même source.
Plus tôt mardi, le gouvernement arménien avait annoncé avoir déjà accueilli plus de 13'000 réfugiés du Nagorny Karabakh, alors qu'un flot ininterrompu de véhicules transportant des familles et leurs affaires empilées sur les toits se pressait au dernier poste de contrôle azerbaïdjanais avant le territoire arménien, via le corridor de Latchine.
«Expulsés»
Lundi, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait réaffirmé la promesse selon laquelle les droits des Arméniens de l'enclave seraient «garantis».
Le chef de l'Etat s'exprimait au côté de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, acteur clef dans la région, quelques jours seulement après la victoire des soldats azerbaïdjanais contre les troupes de la «république» autoproclamée du Nagorny Karabakh, rattaché en 1921 à l'Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.
L'Union européenne devait recevoir mardi à Bruxelles de hauts représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques qui se sont affrontées militairement au Nagorny Karabakh de 1988 à 1994 (30000 morts) et à l'automne 2020 (6^500 morts). Le bilan de l'invasion éclair de la semaine dernière est de 200 morts, selon la partie arménienne.
Le premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais se rencontreront par ailleurs le 5 octobre à Grenade, en Espagne, avec la participation du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Scholz et du président du Conseil européen Charles Michel, une rencontre prévue de longue date qui n'a pas été annulée.
«Des jours terribles»
L'Azerbaïdjan s'est engagé à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes d'aller en Arménie.
Beaucoup craignent que les Arméniens ne fuient massivement le Nagorny Karabakh alors que les forces azerbaïdjanaises resserrent leur emprise.
Car outre l'angoisse qui règne parmi les quelque 120'000 habitants de la région, la situation humanitaire y demeure très tendue.
L'afflux en Arménie de réfugiés du Nagorny Karabakh a entraîné d'immenses embouteillages sur l'unique route reliant la «capitale» de la région sécessionniste, Stepanakert, à ce pays.
Depuis dimanche soir, il a submergé la ville frontalière de Goris peuplée d'une vingtaine de milliers d'habitants, première étape pour la plupart des réfugiés.
La semaine dernière, M. Pachinian a annoncé que son pays de 2,9 millions d'habitants se préparait à accueillir 40'000 réfugiés.
La Russie, qui voit le Caucase comme son pré carré et avait déployé il y a trois ans une force de maintien de la paix dans ce territoire après une brève offensive de l'Azerbaïdjan, a de son côté fermement rejeté lundi les critiques émises par M. Pachinian qui l'a accusée d'avoir abandonné son allié.