Nord Stream «saboté» Objet de soupçons, la Russie pointe les Etats-Unis

ATS

28.9.2022 - 18:13

Objet de tous les soupçons après le sabotage présumé des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, la Russie a contre-attaqué mercredi. Elle a pointé les Etats-Unis et réclamé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

«Si la Russie envahit (l'Ukraine), alors il n'y aura plus de Nord Stream 2», avait affirmé Joe Biden le 7 février, deux semaines avant le début de l'offensive russe. (archives).
«Si la Russie envahit (l'Ukraine), alors il n'y aura plus de Nord Stream 2», avait affirmé Joe Biden le 7 février, deux semaines avant le début de l'offensive russe. (archives).
KEYSTONE/DPA/BERND WÜSTNECK

28.9.2022 - 18:13

Dans l'intervalle, à Stockholm, l'hypothèse d'un sabotage délibéré a semblé se confirmer, l'enquête étant confiée au renseignement suédois.

La sûreté suédoise (Säpo) «a repris à la police l'enquête préliminaire concernant les évènements survenus sur Nord Stream. Le motif retenu est actuellement de sabotage aggravé», a indiqué le service dans un communiqué.

La veille, l'Ukraine avait dénoncé une «attaque terroriste planifiée» de la Russie «contre l'Europe». Moscou a délivré sa riposte mercredi.

«La Russie a l'intention de convoquer une réunion officielle du Conseil de sécurité de l'ONU dans le cadre des provocations concernant les gazoducs Nord Stream 1 et 2», a affirmé sur Telegram la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.

Moscou veut «des réponses»

La diplomatie russe a accusé implicitement les Etats-Unis, demandant des «réponses» au président américain Joe Biden sur l'implication de son pays.

«Le président américain est obligé de répondre à la question de savoir si les États-Unis ont mis à exécution leur menace», a-t-elle lancé sur Telegram, en référence à une déclaration de M. Biden début février qui affirmait que Washington «mettrait fin» à Nord Stream 2 si Moscou intervenait militairement en Ukraine.

«Si la Russie envahit (l'Ukraine), alors il n'y aura plus de Nord Stream 2», avait affirmé Joe Biden le 7 février, deux semaines avant le début de l'offensive russe.

«L'Europe doit connaître la vérité», a insisté la porte-parole de la diplomatie russe, alors qu'aucun élément n'a pour l'heure été rendu public pour attribuer à un pays le sabotage présumé des gazoducs – inutilisés mais contenant du gaz – reliant la Russie à l'Allemagne.

«Ridicule» d'accuser les Etats-Unis

La Maison Blanche a rétorqué qu'il était «ridicule» d'insinuer que les Etats-Unis pourraient avoir commis ces sabotages.

«Nous savons tous que la Russie diffuse de la désinformation depuis longtemps et elle le fait à nouveau ici», a commenté la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé presque de manière symétrique qu'il était «stupide et absurde» de soupçonner la Russie, et a souligné en retour «les énormes bénéfices réalisés par les fournisseurs américains de gaz naturel liquéfié, qui ont multiplié leurs approvisionnements sur le continent européen» depuis le début de la guerre en Ukraine.

L'Union européenne s'est contentée à ce stade de mettre en garde contre toute attaque ciblant ses infrastructures énergétiques.

«Toute perturbation délibérée des infrastructures énergétiques européennes est totalement inacceptable et fera l'objet d'une réponse vigoureuse et unie», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

«Acte délibéré»

Les informations disponibles à ce stade indiquent que les fuites provoquées par des explosions sur ces installations sous-marines reliant la Russie à l'Allemagne résultent d'un «acte délibéré», a ajouté le responsable européen dans une déclaration au nom des 27 Etats membres de l'UE.

Alors que la Russie, en difficulté dans son opération militaire contre l'Ukraine, pourrait être soupçonnée de chercher à allumer un contre-feu pour insinuer le doute entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, la Pologne a souligné mardi que le sabotage du gazoduc était partie intégrante du bras de fer en cours dans la guerre en Ukraine.

«Nous voyons clairement que c'est un acte de sabotage, qui marque probablement la prochaine étape de l'escalade de la situation en Ukraine», a déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki.

L'Allemagne a d'ores et déjà indiqué renforcer sa vigilance sur la protection de ses infrastructures critiques, par la voix de la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser.

L'inspection des deux gazoducs endommagés ne pourra se faire avant une à deux semaines en raison des remous causés par le gaz, a dans tous les cas indiqué le ministre danois de la Défense Morten Bødskov.

Les fuites, qui ont suivi les explosions, identifiées depuis lundi au large de l'île danoise de Bornholm, entre le sud de la Suède et la Pologne, sont visibles à la surface avec de vastes bouillonnements.

Bras de fer

Objets de bras de fer géopolitiques ces derniers mois, les deux pipelines exploités par un consortium alliant le géant russe Gazprom à des groupes occidentaux ne sont pas opérationnels à cause de la guerre en Ukraine. Mais tous les deux étaient remplis de gaz.

Nord Stream 2, achevé en 2021, était initialement destiné à doubler la capacité d'importation de gaz russe en Allemagne. Sa mise en service a été suspendue en représailles à l'invasion de l'Ukraine.

Ces fuites éloignent la perspective d'une reprise prochaine des livraisons de gaz à l'Europe via Nord Stream 1. Gazprom a progressivement réduit les volumes de gaz livrés jusqu'à la fermeture complète du gazoduc fin août, accusant les sanctions occidentales d'avoir retardé les réparations nécessaires de l'installation.

Les Européens, très dépendants du gaz russe pour se chauffer cet hiver, accusent de leur côté Moscou d'utiliser les livraisons comme un moyen de pression.

ATS