La présidentielle approche Nouvelle capitale, vote à 17 ans: 5 choses à savoir sur l'Indonésie

ATS

12.2.2024 - 08:23

Près de 205 millions d'Indonésiens sont appelés aux urnes mercredi pour élire leur président et leurs députés. Trois candidats sont en lice pour la présidentielle et un second tour pourrait être nécessaire en juin si aucun des trois candidats n'obtient plus de 50% des voix au premier.

Le temple Tanah Lot sur l'île de Bali. (image d'illustration)
Le temple Tanah Lot sur l'île de Bali. (image d'illustration)
PantherMedia / Zdeněk Malý

Keystone-SDA

Voici cinq choses à savoir sur le vote dans ce vaste archipel d'Asie du Sud-Est s'étendant sur 5000 kilomètres et trois fuseaux horaires.

Ancien contre modernes

L'élection présidentielle met aux prises Prabowo Subianto, actuel ministre de la Défense, 72 ans, issu de la vieille élite politique du pays et deux candidats qui se présentent pour la première fois, l'ex-gouverneur de Java central Ganjar Pranowo et Anies Baswedan, ancien gouverneur de Jakarta.

En jeu, la succession de Joko Widodo, surnommé «Jokowi», élu une première fois en 2014, puis pour un second mandat en 2019, et qui ne peut pas se représenter. Battu à deux reprises par Jokowi, Prabowo Subianto a cette fois pour colistier le fils aîné du président sortant, Gibran Rakabuming Raka, maire de Surakarta.

Promettant de poursuivre la politique de Jokowi, l'ex-général est largement en tête des intentions de vote. Ganjar Pranowo, 55 ans, candidat du Parti démocratique indonésien de lutte (PDI-P), un temps favori, est désormais devancé dans les sondages par Anies Baswedan, 54 ans, ancien ministre de l'Education, considéré comme proche des musulmans conservateurs.

L'héritage de Jokowi

Très populaire pendant ses dix ans au pouvoir, le président Jokowi a été critiqué ces derniers mois pour avoir tenté d'instaurer une nouvelle dynastie politique.

Une décision controversée de la Cour constitutionnelle en octobre a permis à son fils Gibran, 36 ans, de se présenter comme colistier de Prabowo Subianto. Si elle maintient à 40 ans l'âge minimum pour se présenter à la présidentielle, la loi permet désormais à des candidats plus jeunes, ayant déjà été élus au niveau régional, de se présenter.

L'amendement a été adopté grâce au vote décisif du président de la cour, Anwar Usman, qui n'est autre que le beau-frère de Jokowi. Il a ensuite été démis de ses fonctions. Joko Widodo laisse derrière lui un pays qui connaît une croissance économique régulière, grâce à une politique économique axée sur les infrastructures et un protectionnisme sur ses ressources naturelles.

Une nouvelle capitale

L'un des enjeux de l'élection sera de savoir si le successeur de Jokowi mènera à bien sa décision de déplacer la capitale de Jakarta à Nusantara, sur l'île de Bornéo. En plus d'être fortement polluée, Jakarta, métropole de 30 millions d'habitants, s'enfonce sous le poids des constructions, ses fondations étant fragilisées par le pompage des nappes phréatiques et est menacée par la montée du niveau de la mer.

Nusantara doit être officiellement inaugurée le 17 août prochain, anniversaire de l'indépendance. Si Prabowo Subianto et Ganjar Pranowo ont promis de poursuivre le développement de Nusantara, Anies Baswedan a déclaré dans un entretien à l'AFP que la priorité était de résoudre les problèmes de Jakarta, où de vastes zones pourraient être inondées d'ici 2050.

Le vote jeune

Plus de la moitié des électeurs indonésiens, soit quelque 106 millions d'inscrits, ont moins de 40 ans. Les Indonésiens ont le droit de vote dès 17 ans voire plus tôt s'ils sont mariés.

Les trois candidats ont particulièrement ciblé ce public, grand utilisateur des réseaux sociaux, notamment TikTok, pour attirer les jeunes électeurs, vulnérables aux nombreuses opérations de désinformation.

Equilibre face aux grandes puissances

Défi délicat pour le successeur de Joko Widodo: trouver une position équilibrée pour l'Indonésie face à la rivalité grandissante entre les Etats-Unis et la Chine dans la région.

A l'origine du mouvement des «non-alignés», Jakarta a longtemps maintenu une politique étrangère neutre. Le prochain dirigeant indonésien arrivera au pouvoir alors que Pékin revendique de façon de plus en plus musclée des zones disputées en mer de Chine méridionale.

Sur cette question, Ganjar Pranowo a présenté une proposition d'accord temporaire et promis en cas d'élection de renforcer les patrouilles de la marine indonésienne. Prabowo Subianto estime lui qu'"avec de bonnes relations avec toutes les puissances, nous pouvons garantir nos intérêts nationaux».