Allemagne Olaf Scholz désigné à l'unanimité candidat du SPD aux élections

ATS

25.11.2024 - 13:42

Le chancelier allemand Olaf Scholz a été désigné lundi officiellement candidat de son parti de centre gauche aux élections anticipées de février en dépit d'une popularité au plus bas après l'implosion de son gouvernement.

Olaf Scholz (SPD a été désigné par son parti comme candidat à sa réélection.
Olaf Scholz (SPD a été désigné par son parti comme candidat à sa réélection.
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La direction du parti social-démocrate SPD s'est prononcée «à l'unanimité» en sa faveur, a indiqué une source proche du parti à l'AFP. Les délégués devront encore valider la candidature lors d'un congrès le 11 janvier.

Le chancelier de 66 ans, qui s'était plus ou moins auto-proclamé candidat après la rupture de sa coalition avec les Verts et les Libéraux le 6 novembre, a dû faire face par la suite à une fronde au sein de son parti social-démocrate où certains s'étaient prononcés en faveur du très populaire ministre de la Défense Boris Pistorius.

Désormais, le SPD entend faire bloc derrière Olaf Scholz, même si le pari s'annonce risqué pour le plus vieux parti d'Allemagne, crédité d'environ 15% seulement des intentions de vote dans les sondages.

L'opposition conservatrice CDU/CSU recueille plus du double (33%), et le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) le devance avec 18%.

Olaf Scholz, «visage» de l'échec d'un gouvernement marqué par des disputes internes perpétuelles, est «probablement le candidat à la chancellerie le plus faible, le moins approprié que le SPD ait jamais présenté», assène le magazine Der Spiegel.

Sa coalition, au pouvoir depuis fin 2021, a volé en éclat après le limogeage du ministre des Finances libéral pour cause de différends devenus insurmontables en matière de politique budgétaire, et ce en pleine crise industrielle dans la première économie européenne.

«Chancelier de la paix»

Imperturbable, celui qui est surnommé «Scholzomat» pour son débit de voix monotone et ses phrases interminables, répète à l'envi sa conviction de mener de nouveau son parti à la victoire.

Il rappelle volontiers comment en 2021 il a remporté les élections contre toute attente. Il avait alors beaucoup profité des divisions du camp conservateur.

Sa stratégie cette fois: se présenter comme l'homme de la retenue dans le soutien militaire à l'Ukraine, dans l'espoir de capitaliser sur le pacifisme très ancré chez les Allemands depuis les horreurs nazies et un courant d'opinion pro-russe non négligeable.

Selon une étude récente de la télévision publique ARD, 61% des personnes interrogées soutiennent d'ailleurs sa décision de ne pas fournir à l'Ukraine des missiles Taurus pouvant frapper le territoire russe en profondeur.

Cette position contredit celle prise par ses principaux alliés, Etats-Unis, France et Grande-Bretagne.

Dans la même veine, l'entretien téléphonique récent d'Olaf Scholz avec Vladimir Poutine a fait grincer des dents, notamment à Kiev.

En Allemagne, l'opposition conservatrice l'accuse d'avoir contribué à la «propagande» de Moscou pour réaliser une manoeuvre électorale visant à se présenter comme «chancelier de la paix» avant des élections périlleuses.

«Très expérimenté»

Les conservateurs ne cachent pas voir la candidature du chancelier avec un certain soulagement. La décision «est bonne pour nous», a souligné le député Mathias Middelberg, «Pistorius aurait été plus désagréable pour la CDU et la CSU».

Mais Olaf Scholz, un vétéran de la politique qui fut notamment maire de Hambourg (nord) et vice-chancelier avec le portefeuille des Finances dans le dernier gouvernement d'Angela Merkel (2005-2021), a montré plusieurs fois sa capacité à déjouer les pronostics.

En 2021, il l'avait emporté en se présentant comme le véritable héritier de la chancelière conservatrice. Il entend cette fois aussi rassurer par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l'inconnu par l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche.

Scholz est «vraiment très, très expérimenté, il a plus d'un tour dans son sac, y compris au niveau international», a martelé lundi la présidente du parti Saskia Esken à la radio bavaroise.

ATS