La présidente du Pérou Dina Boluarte a déclaré samedi qu'elle resterait en fonction. Elle a demandé au Congrès d'avancer les élections générales afin de mettre fin à la crise et aux protestations déclenchées par la destitution de son prédécesseur, Pedro Castillo.
Keystone-SDA
17.12.2022, 16:32
17.12.2022, 16:52
ATS
«Que résoudrait ma démission? Nous allons rester ici, fermes, jusqu'à ce que le Congrès se décide à avancer les élections (...). Je demande que l'on reconsidère le vote» de vendredi, quand le Parlement s'est prononcé contre l'avancement des élections générales de 2026 à 2023.
Le président du Congrès, José Williams, a déclaré vendredi que le vote devait être reconsidéré lors d'une prochaine session.
Dans un message télévisé à la nation, M. Boluarte a déploré les violentes manifestations qui ont débuté le 7 décembre et qui ont fait au moins 18 morts, dont des mineurs.
Certains de ces décès sont survenus après des affrontements avec les militaires, autorisés à contrôler la sécurité intérieure dans le cadre de l'instauration de l'état d'urgence.
«Calme et cordialité»
«Ce n'est que par le calme, la cordialité et un dialogue sincère et ouvert que nous pourrons travailler (...). Comment pouvons-nous nous battre entre Péruviens, gâcher nos institutions, bloquer les routes?», a-t-elle déclaré.
La présidente a expliqué que si les forces armées descendaient dans la rue, «c'était pour s'occuper et protéger» les citoyens «parce que cette situation (les manifestations) devenait incontrôlable» avec des «groupes violents».
«Ces groupes ne sont pas apparus du jour au lendemain, ils avaient organisé tactiquement des barrages routiers», a-t-elle ajouté.
Les manifestants exigent la libération du président déchu Pedro Castillo, la démission de Mme Boluarte, la fermeture du Parlement et des élections générales immédiates.
Message en quechua
Les protestations les plus intenses ont eu lieu dans la région andine du sud du Pérou, frappée par la pauvreté, où les réclamations d'ordre sociale ont été mises en attente.
Mme Boluarte, originaire d'Apurímac, l'une des zones de conflit, a délivré une partie de son message en quechua, une langue parlée par une importante partie andine du pays.
Les manifestations ont éclaté après que M. Castillo, un enseignant de gauche d'un milieu rural et issu d'un milieu modeste, a tenté d'organiser un auto-coup d'État le 7 décembre, de fermer le parlement, d'intervenir dans les pouvoirs publics et de gouverner par décret.
Il a été arrêté en «flagrant délit» alors qu'il tentait de rejoindre l'ambassade du Mexique pour demander l'asile. La justice a décidé jeudi qu'il resterait en prison pendant 18 mois, jusqu'en juin 2024, afin d'être inculpé pour rébellion.