Sri Lanka Pâques sanglantes au Sri Lanka

ATS

21.4.2019 - 19:46

Le Sri Lanka a connu un sanglant dimanche de Pâques. Une vague coordonnée d'attentats contre des hôtels de luxe et des églises remplies a tué au moins 215 personnes, dont plusieurs dizaines d'étrangers, et soulevé un émoi mondial.

En quelques heures, des bombes ont semé mort et désolation dans quatre hôtels et trois églises, en pleine messe de Pâques, en plusieurs endroits de l'île qui n'avait pas connu un tel déchaînement de violence depuis la fin de la guerre civile il y a dix ans.

Huit explosions au total, non revendiquées, se sont produites dans cette île prisée des touristes étrangers, faisant aussi plus de 450 blessés. Huit personnes ont été arrêtées, a annoncé le Premier ministre Ranil Wickremesinghe.

«Informations»

Huit personnes ont été arrêtées, a annoncé le Premier ministre Ranil Wickremesinghe. «Jusqu'ici les noms que nous avons sont locaux», mais les enquêteurs cherchent à savoir s'ils ont d'éventuels «liens avec l'étranger», a-t-il déclaré.

M. Wickremesinghe, qui a fustigé des «attaques lâches», a reconnu qu'«il y avait des informations» sur des risques d'attaques, qui «doivent faire l'objet d'une enquête».

Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d'informations «d'une agence de renseignement étrangère» avertissant qu'un mouvement islamiste, le NTJ, projetait «des attentats suicide contre des églises importantes» et l'ambassade d'Inde à Colombo.

Le NTJ (National Thowheeth Jama'ath) s'était fait connaître l'an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhistes.

«Tristesse» du pape

Six déflagrations très rapprochées sont survenues dans la matinée, et deux plusieurs heures après. Au moins deux d'entre elles sont le fait de kamikazes, selon des témoins. En réponse, le Sri Lanka a décrété un couvre-feu immédiat et le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d'«informations incorrectes et fausses».

Le pape François a exprimé sa «tristesse» en apprenant «la nouvelle des graves attentats, qui précisément aujourd'hui, jour de Pâques, ont porté deuil et douleur dans plusieurs églises et autres lieux de réunion au Sri Lanka». L'archevêque de Colombo a lui appelé à «punir sans pitié» les responsables.

Environ 1,2 million de catholiques vivent au Sri Lanka, un pays de 21 millions d'habitants où les chrétiens représentent 7% de la population, majoritairement bouddhiste (70%). Le pays compte également 12% d'hindouistes et 10% de musulmans.

Attaques quasi-simultanées

A Colombo, trois hôtels de luxe en front de mer ainsi que l'église Saint-Antoine ont été frappés par des attaques presque simultanées. Des bombes ont aussi explosé dans l'église Saint-Sébastien à Negombo et dans une autre à Batticaloa, ville située de l'autre côté du Sri Lanka, sur la côte orientale.

Quelques heures plus tard, deux autres déflagrations sont survenues. L'une dans un hôtel de Dehiwala, une banlieue sud de Colombo, l'autre à Orugodawatta, dans le nord de la ville, où un kamikaze s'est fait exploser lors d'une opération policière, tuant trois membres des forces de l'ordre.

Au moins 35 étrangers figurent parmi les morts, notamment des Américains, des Britanniques et des Chinois.

Il n'y a pour l'heure pas de victimes suisses, mais le Département fédéral des affaires étrangères reste en contact avec les autorités locales», a précisé une porte-parole. Le DFAE considère avec tristesse et gravité les attaques menées contre la population civile et condamne l’intolérance et la violence qui a engendré tant de souffrance dans ce pays.

Vague d'émotion

De l'Iran à la Grande-Bretagne, les condoléances et les appels à défendre la liberté religieuse ou à lutter contre le terrorisme se sont multipliés dans le monde. Le président américain Donald Trump a condamné des «attaques terroristes horribles».

Les catholiques sont perçus comme une force unificatrice au Sri Lanka, car on en trouve chez les Tamouls comme chez la majorité cinghalaise. Certains chrétiens sont cependant mal vus parce qu'ils soutiennent des enquêtes extérieures sur les crimes de l'armée sri-lankaise contre les Tamouls pendant la guerre civile (1972-2009) qui a fait entre 80'000 et 100'000 morts selon l'ONU.

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