Migrants Paris évacue un important camp de migrants

ATS

28.1.2020 - 11:28

Plus de 1400 migrants ont été évacués mardi matin du campement parisien de la Porte d'Aubervilliers. Cette opération marque une nouvelle étape vers le démantèlement complet de ces camps insalubres de la capitale promis par les autorités.

Encadrés par un important dispositif policier, 1436 migrants, dont 93 enfants, qui avaient planté des tentes ou monté des baraquements de fortune au bord du périphérique ont été emmenés dans des gymnases ou des centres d'accueil franciliens.

Sous un vent glacial, les occupants du campement sont partis avec le strict minimum dans des sacs de course ou des valises. Ils ont laissé derrière eux des tentes en vrac sur un terrain boueux aux allures de bidonville jonché de matelas, vélos et détritus, que les services de la Ville de Paris s'affairaient à nettoyer.

«On garde espoir»

Avec ses trois filles, Fatima, 38 ans, venue de Côte d'Ivoire, y dormait «dans une tente, dans la saleté», quelque heures encore avant de monter dans un bus, sans en connaître la destination. «On va voir ce que la préfecture peut nous donner. Pour l'instant, on ne sait rien du tout (...), mais on garde espoir», a-t-elle déclaré à l'AFP, une main sur sa poussette recouverte d'une couverture.

Yssouf, lui aussi Ivoirien et âgé de 29 ans, vivait dans une tente depuis décembre. Il a déjà été hébergé dans un centre pour demandeurs d'asile mais a été débouté et s'est retrouvé à la rue. «Je suis soulagé de cette opération car le froid commence à être pesant», confie-t-il, en espérant «quand même qu'un hébergement pérenne va arriver».

Fin du «cycle infini»

Le préfet de police Didier Lallement a souligné que cette opération d'évacuation «se situe dans la continuité des engagements pris» par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

«J'ai proposé au ministre un changement d'approche (...). Vous pourrez constater qu'à la Chapelle le terrain est libre de toute installation. Nous allons procéder exactement de la même manière, avec un dispositif policier», a-t-il poursuivi.

«Nous ne recommencerons pas un cycle infini évacuations/réinstallations. Ce serait incompréhensible pour les concitoyens», a-t-il insisté, en soulignant que les camps de migrants sont «des lieux de pauvreté et de désespoir mais aussi de criminalité».

La doctrine des autorités a changé lors de l'évacuation d'environ 1600 personnes à cheval sur Paris et la Seine-Saint-Denis, notamment à la Porte de la Chapelle, le 7 novembre.

Nouvelles installations

Au lendemain de l'annonce de Christophe Castaner, promettant que ces sites allaient être évacués avant fin 2019, la préfecture de police avait prêté main-forte à la Préfecture d'Ile de France en opérant un tour de vis sécuritaire: plus aucune réinstallation sur les terrains évacués, en raison d'un imposant dispositif des forces de l'ordre.

Pour autant, avec cette opération, l'engagement du gouvernement n'est toujours pas tenu: entre les deux démantèlements, environ 300 migrants se sont installés Porte de la Villette. S'il «déplore» ce délai qui a favorisé des réinstallations, le préfet de région Michel Cadot a précisé pour sa part que ce nouveau campement serait démantelé lui aussi «dans les prochaines semaines».

Une fois le nord-est de Paris vidé de ces campements, l'objectif est de s'occuper des migrants dès leur arrivée, a-t-il dit, en soulignant que l'«on peut prendre en charge jusqu'à 400 arrivées par semaine».

Interrogations

Si l'opération de mise à l'abri a été saluée unanimement par les organisations de défense des migrants, son effet à long terme pose question, soulignent-elles: les «blocages administratifs», explique par exemple l'association Utopia56, conduisent à la «reformation inexorable de nouveaux campements après les démantèlements».

Retour à la page d'accueil

ATS